La joie de vivre. Voilà un beau trésor à transmettre à ses enfants. Plus durable que la santé, plus constant que la réussite, plus solide que l’argent, inculquer l’amour inconditionnel de la vie est sans doute gage de bonheur. Mais comment éveiller, et faire perdurer, la joie de vivre dans le cœur d’un enfant ? Contre toute attente et presque paradoxalement, une des réponses réside dans le manque et la frustration.
Pour qu’Aleteia poursuive sa mission, faites un don déductible à 66% de votre impôt sur le revenu. Ainsi l’avenir d’Aleteia deviendra aussi la vôtre.
*don déductible de l’impôt sur le revenu
Cultiver le manque pour rendre son enfant heureux. Cette idée est en contradiction avec le discours ambiant qui prône le « tout, tout de suite », dans une société qui ne manque de rien. Justement, on croit faire le bonheur de son enfant en se pliant à tous ses désirs, en satisfaisant toutes ses envies, voire même en devançant ses moindres moments d’ennui. Et pourtant, « si l’on veut réenchanter l’enfance, on devrait arrêter de gâter les enfants », préconise Valérie Halfon, conseillère en gestion de budget et auteur de Tout le monde en a un, sauf moi ! (Albin Michel).
Éviter de donner trop tôt
La tendance actuelle est de considérer les enfants comme des mini adultes. Les marketeurs baptisent ce phénomène : « kids getting older younger » (KGOY), « les enfants mûrissent plus jeunes ». En cause, les industries de la mode, des loisirs et des écrans, mais aussi une éducation qui ne laisse pas de temps pour le jeu, la découverte, l’ennui. Maria Montessori disait : « Laissons nos enfants grandir à leur rythme ! Arrêtons de les surstimuler… Cela est inutile ! ça les épuise, ça nous épuise ! Accompagnons-les simplement pour les laisser s’envoler librement ! » Une remarque qui sonne juste, à l’heure où les enfants ont des emplois du temps de ministre et où les jeunes filles sont déjà femmes.
Lire aussi :
3 pistes pour rendre son enfant le plus heureux possible
Éviter de donner trop de choses à la fois
Des montagnes de cadeaux à Noël, une foule d’activités diverses et variées pendant les vacances, des goûters pantagruéliques à faire pâlir les chariots de desserts des grands restaurants… En voulant faire plaisir aux enfants, on obtient parfois l’effet inverse : lassitude, habitude, désillusion. Au contraire, « le manque développe chez eux une qualité essentielle : la gratitude », souligne Valérie Halfon. « Les parents ne se rendent pas toujours compte à quel point habituer ses enfants à certaines choses risque de les rendre blasés ». C’est en surmontant des petites frustrations qu’ils vont apprendre à se dépasser et grandir. « Des enfants qui ne s’attendent pas à ce qu’on leur offre la lune sont heureux de tout ce qu’ils reçoivent. Et habitués à ressentir de la gratitude et de l’empathie, ils sont bien plus heureux ».
Éviter de tout leur servir sur un plateau
L’hyper-consommation, la surabondance, le trop-plein rendent les enfants passifs. Tout est facile, à portée de main. Mais « si l’on veut leur permettre de devenir des êtres autonomes, créatifs et heureux, on devra éviter de trop les gâter car c’est le manque qui motive la recherche de moyens pour le combler », précise l’auteur. Et d’interroger : « Si l’on donne tout à un enfant, s’il trouve tout à portée de main, pourquoi donc voudrait-il faire des efforts ? »
Tout le monde en a un, sauf moi!, Libérer nos enfants de la surconsommation, Valérie Halfon, Albin Michel, 2019, 16,90 euros.