La mode des tests ADN se répand, avec de fantastiques et mystérieux avantages à la clé. L’opération n’est pourtant pas sans risque éthique. lls sont déjà des millions à avoir confié leur ADN à des sociétés américaines comme 23andMe ou MyAncestry. D’après le chroniqueur médical Jean-Yves Nau, ce sont plus de 100.000 Français qui auraient recours à ces tests chaque année. Pourquoi des personnes font-elles cette démarche ? Pour connaître leurs origines, en particulier les origines géographiques de leurs ancêtres. En identifiant des parents éloignés grâce à une proximité génétique, vous pouvez, dit-on, entrer en relation via ce qui nous est présenté comme un réseau social d’avenir. Ou pour connaître vos facteurs de risque de maladie.
L’opération est peu coûteuse : 99 dollars (87 euros). Actuellement My Heritage vous offre même une promotion à 59 euros ! Et c’est facile : vous crachez dans un tube, vous postez et vous recevez les résultats par Internet en quelques jours.
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L’indisponibilité du corps humain
Rappelons qu’en France, c’est le principe d’indisponibilité du corps humain qui prévaut. Au nom de la dignité de la personne humaine. On peut acheter ou vendre, on peut être propriétaire d’un objet, d’une chose, d’un animal. Mais on ne peut acheter ou vendre le corps humain. Nous ne pouvons pas faire ce que nous voulons de notre corps. Ce principe a de nombreuses et heureuses conséquences dans tout le champ de la bioéthique : il exclut par exemple du champ commercial le don du sang, la procréation avec sperme de donneur ou la transplantation d’organes. Nous nous appliquons aussi à éviter toute discrimination. Et nous protégeons très strictement les données de santé.
L’utilisation des données
Mais ces principes du droit français sont aujourd’hui bousculés par la mondialisation.
Les données sur notre ADN sont monnayables. Et elles sont vendues. Anonymisées, nous dit-on. Mais que deviendront-elles si les sociétés qui en sont propriétaires sont rachetées, font faillite, si les bases de données sont piratées, si le droit évolue ? Ceux qui ont confié leur ADN sont-ils réellement protégés contre l’utilisation de ces données par leurs employeurs, par leurs assureurs ?
Ces questions devraient être traitée dans les prochaines lois de bioéthique. Il y a urgence.
Tribune publiée en partenariat avec RCF Nord-de-France.