“Quand j’entends le rugissement de l’hélicoptère, je ne peux pas m’en empêcher. Je me précipite hors du presbytère et vais demander si quelqu’un est tombé “. C’est ce que confie le père Erminio Vanzetta, prêtre du Trentin, région montagneuse du nord-est de l’Italie. Depuis plus d’un demi-siècle, il arpente les montagnes pour sauver les âmes et les corps.Âgé de 82 ans, prêtre depuis 57 ans, Don Erminio Vanzetta a découvert sa passion pour l’alpinisme dès l’enfance. Très vite, il comprend ce qui l’attire derrière l’escalade des montagnes qu’il gravit unes à unes. Ce n’est pas que la beauté de la nature, ni le dépassement de soi-même dans les hauteurs des cimes, mais l’élévation vers Dieu. Il comprend alors qu’il pourra poursuivre sa passion en la mettant au service de sa vocation.
Sportif accompli, jeune aumônier d’un village montagnard, il s’inscrit dans le service de secours alpin. La bénédiction de son curé l’accompagne, qui lui offre un équipement d’alpinisme dès son brevet de secouriste obtenu.
Nommé curé de la paroisse de Primiero (région du Trentin-Haut-Adige dans le nord-est de l’Italie) en 1975, il devient aussi le chef des services de secours en haute montagne. Toute sa vie, Don Vanzetta va la mettre au service des âmes de sa paroisse… comme des corps de tous ceux qu’il va secourir des chutes et des blessures subies au cours d’escalades, parfois en risquant sa propre vie.
“Je n’ai pas pu le sauver mais j’ai pu lui donner l’extrême onction”
Dans les colonnes du magazine italien Famiglia Cristiana, le prêtre alpiniste évoque avec émotion ceux qui sont morts en montagne, qu’il a accompagné d’une dernière prière. Don Erminio se souvient de chacun d’eux. Il en décompte 52, dont ce jeune Allemand : « Johann n’avait que 22 ans. Il est tombé d’un pic. Quand je suis arrivé auprès de lui, il était mourant. J’ai pu lui donner l’extrême-onction. Johann est mort dans mes bras. L’année suivante, ses parents sont venus me dire « Merci Don Erminio… La seule consolation pour nous, c’est de savoir que notre fils est mort avec un prêtre à ses côtés. »
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Heureusement, le nombre des rescapés qu’il a secouru est beaucoup plus important que celui des morts. Certains de ses sauvetages tiennent de l’exploit, voire du miracle. Ce fut notamment le cas pour Sœur Giovannina, une religieuse de 50 ans qui s’était gravement blessée dans une chute. Don Erminio réussit à la transporter jusqu’à l’hôpital dans des conditions très difficiles. La colonne vertébrale de la religieuse est en si mauvais état qu’elle risque la paralysie au moindre faux mouvement. Lorsque le chirurgien lui demande comment il a réussi l’exploit de la porter sans aggraver son état, il a cette réponse : « Voulez-vous l’explication ? Les religieuses sont aussi résistantes à la mort que les chats… »
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Le prêtre alpiniste confie au journal italien qu’il ne sait pas “comment sauver les âmes, surtout parce que les gens ne proclament pas haut et fort ce qu’ils vivent spirituellement”. Alors il essaye le mieux possible en s’abandonnant à Dieu. “Dans le sauvetage des corps, c’est plus facile : on voit les effets de ce que l’on fait : il y a des preuves”.
Don Erminio Vanzetta résume ainsi modestement une vie entière consacrée à son double ministère. S’il ne regrette pas de ne plus pouvoir escalader les montagnes, pratiquer le sauvetage est toujours d’actualité pour lui, même s’il s’agit plus aujourd’hui d’un sauvetage spirituel que physique. « Que voulez-vous… dit-il. Pour cela, vous n’êtes jamais à la retraite ».