Tandis que le Pape réunit 190 évêques autour de lui pour réfléchir aux meilleures mesures à prendre dans la lutte contre les abus sexuels au sein de l’Église, comment prier ? Comme dans une « Lettre à Jésus », Jacques Gauthier propose de nous unir aux larmes du Christ pleurant sur la souffrance des victimes.
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« Seigneur Jésus, tu sais que je t’aime et que j’aime aussi l’Église, dans laquelle j’ai été baptisé. Elle est ton corps répandu dans le monde, peuple de Dieu rassemblé pour faire eucharistie. Tu m’as donné en abondance la grâce de ton Esprit pour le bien de ce corps tout entier. Ses membres ne sont pas parfaits, mais nous comptons sur ta miséricorde. Quand un seul est dans la joie, nous le sommes aussi, et quand un membre souffre, nous souffrons tous. Je pense qu’il en est de même pour toi, mon Dieu, qui veut notre bonheur.
Ma honte et ma peine
Je ne te cache pas ma honte et ma peine sur tout ce que j’entends au sujet de certains de tes membres qui ont agressé des mineurs, commis des abus de pouvoir, mené une double vie. Qu’est-il arrivé dans l’Église pour que des clercs et des personnes consacrées pervertissent ainsi ton message d’amour et de justice en s’en prenant à des enfants et adolescents, blessant non seulement leur corps, mais aussi leur âme ? Je verse des larmes de douleur et de compassion avec les victimes que l’Église doit accueillir, consoler, écouter, surtout écouter, car tu es avec eux, en eux. “Chaque fois que vous l’avez fait à l’un de ces plus petits de mes frères, c’est à moi que vous l’avez fait” (Mt 25, 40).
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Jésus, tu as pleuré sur Jérusalem qui n’avait pas compris ton message de paix. Tu pleures aujourd’hui sur l’Église et le monde où règnent trop de division, d’exclusion et d’hypocrisie. Comment te consoler, si ce n’est de me laisser aimer par toi, d’être fidèle à la prière intérieure, de m’unir à toi sur la croix, d’annoncer dans la joie l’Évangile des Béatitudes ? Si saint Paul a pu dire que c’est toi qui vivais en lui, j’ose dire que c’est toi qui pleures, qui pries et qui souffres en moi, en nous.
Un temps de purification
Tu as dit de ne pas nous surprendre si nous étions calomniés, incompris, persécutés, puisque ce fut ton chemin, un chemin de croix qui débouche sur le pardon et la résurrection. C’est tout de même lourd, Seigneur, de voir tant de médias tirer à bout portant sur l’Église, parfois avec raison, mais sans apporter toutes les nuances nécessaires. Mon épouse et moi souffrons de ces scandales avec beaucoup de fidèles. Depuis plus de vingt ans que je donne des retraites spirituelles aux religieuses, religieux et prêtres, tu sais que la majorité d’entre eux vivent le célibat dans la chasteté, même s’il y a des combats intérieurs, comme dans tout état de vie.
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Seigneur, que ce temps de purification pour l’Église soit l’occasion d’une conversion profonde pour chacun de nous qui sommes appelés à la sainteté. J’ai découvert très jeune le plus beau visage de l’Église, le plus humble et le plus durable, celui que je ne cesse de témoigner dans mes livres : le visage de la sainteté. Ton serviteur, le pape François, me le révèle avec d’autres témoins. Il me renvoie à ta parole d’espérance qui me met en route, jusqu’au jour du face-à-face éternel, où je basculerai dans l’amour, en toi : “Tu es Pierre, et sur cette pierre je bâtirai mon Église ; et la puissance de la Mort ne l’emportera pas sur elle” (Mt 16, 18).
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