En prononçant sa Promesse, il est proposé au scout de prendre "le beau risque de l’engagement". De donner sa parole en connaissance de cause, en promettant de faire de son mieux pour aimer et servir. Souvenir fugace ou fragment d’éternité, la promesse scoute est un idéal de vie. "Ce n’est pas parce qu’on l’a prononcée un jour qu’elle est acquise", prévient le père Xavier de Verchère, aumônier national aux Scouts et Guides de France. « Il est bon d’y revenir de temps en temps et de s’interroger : Qu’ai-je fait de ma promesse ? ».
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"J’avais 14 ans quand je me suis tenue devant tout un groupe de jeunes filles en short et pull bleu marine, foulard autour du cou, pour prononcer ma promesse", se souvient Carole, orthophoniste, aujourd’hui âgée de 30 ans. "Je me souviens que ma voix tremblait. Il faut être un peu fou pour promettre toutes ces choses. Pour s’engager, soi, à vie. Dans un monde où tout va vite, où l’on demande aux enfants d’être adultes mais sans toujours leur accorder le crédit et la confiance nécessaire, où il faut grandir rapidement mais sans toujours avoir la possibilité de l’autonomie, le scoutisme et la promesse qui l’accompagne m’ont offert la possibilité d’être qui je voulais, en plus de grands éclats de rire".
Un idéal de vie
Plus de quinze ans après l’avoir prononcée, elle reconnaît volontiers ne pas y penser tous les jours. "Mais je pense qu’elle m’accompagne chaque jour. J’essaye de rester attentive aux autres, de regarder mon prochain avec bienveillance, d’être disponible et serviable. Sur de petites actions. Surtout lorsque je suis pressée et que fermer les yeux sur le service que je pourrais rendre me ferait gagner un peu de temps. Dans ces moments-là, certainement que ce sont ces paroles érigées en promesse qui résonnent en moi et me permettent de donner un sourire, une minute, un regard ou de tendre une main." Car la promesse est un idéal de vie pas toujours facile à respecter. Les repères qu'elle pose aident ainsi à garder la bonne direction, à faire des choix, petits ou grands. Grâce à eux, les événements ne sont pas subis et chacun dirige son existence, parce qu’il sait où il veut aller.
"Ne pas y penser ne veut pas dire que je n’y reste pas fidèle", affirme de son côté Olivier, ancien chef scout. "Dans ma vie quotidienne, et d’autant plus sur mon lieu de travail, je vis aujourd’hui cet engagement, et de manière convaincue, par le message qu’il porte. Message qui résonne avec sens dans notre société actuelle. En tant que responsable d’une équipe, vivre ma promesse, c’est par exemple être animé d’une volonté de bien faire son travail, jusqu’au bout; et ce indépendamment d’une éventuelle reconnaissance managériale", explique-t-il. "À ce niveau, toute décision a un impact direct sur des personnes. Il est donc important pour moi de ne jamais atteindre à leur dignité, et de les faire grandir".
"Ma promesse est redevenue aussi plus présente lors des mois précédents mon mariage", se remémore également Carole. "Certainement car le mariage était une nouvelle promesse à vie et une nouvelle étape dans mon cheminement spirituel. La promesse scoute reste un repère dans ma vie, un rappel aussi. Un rappel que j’ai promis d’essayer chaque jour, que je me suis engagée, avec toute l’énergie et tous les espoirs que je portais en moi à 14 ans, à faire de mon mieux. Est-ce la promesse ou est-ce ce que j'avais déjà en moi ? Certainement un savant mélange des deux mais je pense aujourd’hui être une femme solide, consciente de ses forces et de ses failles, en qui les gens ont confiance et qui essaye, à son échelle, de rendre le monde un peu plus juste ou bon. En cela, le scoutisme a été une très jolie école de vie et a contribué à façonner l’adulte que je suis."
"La promesse scoute est l’un des premiers engagements que j’ai pris en tant que chrétien", confie de son côté Antoine, qui a prononcé sa promesse il y a plus de cinquante ans. Ancien fonctionnaire, il la compare volontiers à une "tenue de service". "Prononcée à l’adolescence, elle m’a engagé toute ma vie : nous promettons sur notre Honneur, c’est-à-dire sur ce que nous avons reçu de plus noble, mais aussi et heureusement avec la grâce de Dieu sans laquelle nous ne pourrions rien", détaille-t-il. "Nous promettons de servir Dieu, Premier servi, l’Église qui est le corps du Christ ainsi que notre pays la France, la fille aînée de l’Église. Nous promettons de servir aussi notre prochain et à vivre selon une loi, un code, un référentiel de valeurs immuables parmi lesquelles, la confiance, la loyauté, l’amitié, le respect".
Exigeante, la promesse est donc un cap. "Tout ce qui se vit dans la vie scoute est fait pour durer dans le temps", détaille le père Xavier de Verchère, aumônier national pour les pionniers et caravelles chez les Scouts et Guides de France. "Telle qu’elle a été pensée, c’est une promesse à vie qui défend la vision d’un monde qui se construit avec des personnes qui tiennent parole, capables d’aller au bout de leur engagement". Prêtre et salésien de Don Bosco, il rappelle que la promesse, "ce sont des idéaux que j’essaye d’atteindre [la loi scoute, ndlr]". "L’important est de tendre vers eux. Cela s’apparente à un chemin de sainteté dans la mesure où l’auteur de ce dernier n’est autre que Dieu". "Relire la loi scoute [celle qu’on promet de suivre quand on prononce sa promesse, ndlr], c’est se remémorer le chemin que l’on souhaite suivre. Et cela même si l’on fait des détours ou qu’on rebrousse parfois chemin". Pour le père Xavier de Verchère, "ce n’est pas parce qu’on l’a prononcée un jour qu’elle est acquise. Il est bon d’y revenir de temps en temps et de s’interroger : Qu’ai-je fait de ma promesse ?".
"Le sens et la beauté de notre vie : le Christ"
Si nombreux sont celles et ceux à avoir prononcé leur promesse à l’adolescence, d’autres prennent cet engagement plus tard. C’est le cas de Marc, ancien officier, qui a été appelé à la fin de l’été 2018 pour prendre des responsabilités au sein de mouvement des Guides et Scouts d’Europe. Alors qu’il s’apprête à prononcer sa promesse scoute dans quelques semaines, il confie : "À l’automne de ma vie, j’ai senti au fond de moi, le désir de compléter ce que j’avais fait ici et là, dans ma vie d’homme. Pourquoi si tard ? J’y pensais au fond de moi depuis mon enfance mais les occasions ne se sont pas présentées. Pour quoi faire ? Apporter mon expérience par le recul désormais au moins en partie acquis sur ce qui fait le sens et la beauté de notre vie : le Christ."