Alors que le père Antonio César Fernández, missionnaire de la congrégation des Salésiens de Don Bosco, a été tué ce 15 février au sud du Burkina Faso lors d’une attaque terroriste menée par des djihadistes, le père Fabrice Aziawo, l’un des confrères qui voyageait avec lui, raconte ses derniers instants.« Ce n’est pas aussi facile de raconter un événement après l’avoir vécu de si près ». Le père Fabrice Aziawo est le dernier à avoir vu le père Antonio César Fernández en vie. « Néanmoins pour la mémoire du père César, pour la mission qu’il nous a confiée dans laquelle il nous encourage, je veux m’efforcer de parler ». Il a pris contact avec la rédaction d’Aleteia et a voulu partager son témoignage, publié sur le site des salésiens de Don Bosco. Il raconte ce qui s’est réellement passé ce 15 février à un poste de contrôle situé au sud du Burkina Faso, alors qu’ils rentraient ensemble d’une réunion rassemblant les membres de la communauté salésienne de cette région.
“Nous avons dit que nous étions prêtres”
« À Cinkassé (ville du Togo frontalière au Burkina Faso, ndlr), nous avons laissé les confrères qui travaillent dans cette ville. Avec une certaine sérénité, nous avons repris la route. Après les formalités à la frontière, nous avons entamé le voyage sur le territoire burkinabé. Après 30 minutes de voyage nous sommes arrivés à un poste de contrôle », écrit-il sur le site des salésiens de Don Bosco. « Le temps de se demander ce qui se passe, on a aperçu un monsieur qui nous a demandé de serrer (parquer la voiture, ndlr) et nous a demandé par la suite de sortir du véhicule, ce que nous fîmes. Nous n’avons pas été physiquement agressés. Nous avons été soumis à une interrogation. Ils nous ont demandé de décliner notre identité, qu’est-ce qu’on fait ? Où est-ce qu’on va ? Nous avons dit que nous sommes des prêtres, nous venions de finir une réunion et que nous rentrons à Ouaga. »
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« Après, il y en a un qui a demandé au père Germain Plakoo-Mlapa (c’est lui qui était au volant, ndlr) d’aller fouiller le véhicule, ce que le père était en train de faire avec lui (le terroriste, ndlr) au même moment les autres se sont mis à casser les vitres des trois véhicules garés, sans doute les véhicules des douaniers », confie-t-il. « Après cela, ils ont demandé au père César et moi d’avancer dans la brousse. Du poste de contrôle jusque dans la brousse, ça fait à peine 500m. Une fois dans la brousse, nous avons trouvé d’autres individus du groupe. »
“Je lui ai fermé les yeux et lui ai fait un signe de croix sur le front”
C’est alors que le drame survint : « Celui (l’un des terroristes, ndlr) qui suivait le père Germain l’a laissé et s’est rapproché du père César et moi. Les autres étaient déjà partis, il ne restait que deux d’entre eux sur place. L’un d’eux m’a dit « Toi, retourne-toi et va-t’en ! ». À peine je me suis retourné, j’ai entendu le coup de fusil », raconte encore le père Fabrice Aziawo. « J’ai tourné la tête et j’ai vu que le père César était déjà à terre. Je me suis dit c’est mon tour. J’ai levé les mains au niveau de la nuque, j’ai encore entendu des coups ; ce n’était pas arrivé sur moi et j’ai compris que c’était encore sur le père César. J’ai voulu retourner vers le corps, mais quelque chose m’a dit d’avancer. Je me suis avancé vers le père Germain et lui m’a demandé « où est le père César ? ». J’ai dit « ils ont tiré sur lui ». Je lui ai donc dit qu’on aille récupérer le corps, il m’a dit d’attendre un peu le temps que les terroristes s’éloignent un peu. Après qu’ils se soient éloignés, nous nous sommes approchés du corps du père César, je lui ai fermé les yeux et lui ai fait un signe de croix sur le front et nous l’avons pris. Il était trempé de sang. Nous sommes donc retournés à la frontière ». Voici ce qui s’est passé ce jour-là.