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Vatican : ce que l’on peut attendre du sommet sur les abus sexuels

POPE FRANCIS
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Agnès Pinard Legry - publié le 21/02/19
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Du 21 au 24 février 2019, le pape François a convoqué à Rome l’ensemble des présidents des conférences épiscopales du monde entier afin de réfléchir ensemble sur la prévention des abus sexuels sur les mineurs et les adultes vulnérables au sein de l’Église.C’est sous les feux médiatiques du monde entier que s’ouvre ce 21 février, au Vatican, le sommet sur les abus sexuels voulu et annoncé par le pape François il y a plusieurs mois. Durant quatre jours, le souverain pontife, les présidents des conférences épiscopales du monde entier, les chefs des Églises orientales ainsi que des représentants religieux et de la Curie romaine vont réfléchir ensemble sur la manière dont prévenir et combattre le drame des abus sexuels sur les mineurs et les adultes vulnérables. Au total, quelque 190 personnes sont attendues.

Quel est l’objectif de ce sommet ? « J’ai voulu [ce rendez-vous] comme un acte de forte responsabilité pastorale devant un défi urgent de notre temps », a déclaré le pape François il y a quelques jours. Cette rencontre a été organisée à des fins « éducative et pastorale », a ainsi expliqué le père Hans Zollner, psychologue et psychothérapeute, membre de la Commission pontificale pour la protection des mineurs. “S’il faut, comme le présente le Père Zollner, de l’éducatif et du pastoral sur ce sujet, et rien de plus, rien de plus haut, rien de plus évangélique, alors c’est que la Curie n’a rien compris à ce drame, aux dangers qui la menace, ou ne veut rien comprendre à son ampleur”, interpelle néanmoins Christiane Rancé, essayiste et auteur du livre François, un pape parmi les hommes.

VATICAN SEX ABUSE

Antoine Mekary | ALETEIA | I.Media
Le père Hans Zollner.


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Pour Mgr Charles Scicluna, archevêque de Malte, secrétaire adjoint de la Congrégation pour la doctrine de la foi et membre du comité d’organisation du sommet, tous les évêques du monde entier doivent être « à la même page » que le pape François pour lutter contre les abus sexuels sur mineurs. Il a également rappelé que le silence et l’omerta sont désormais dans une « zone interdite ». La première réponse a souvent été le déni « mais nous devons avancer pour sortir l’Église de là ». Archevêque de Chicago et également membre du comité d’organisation, le cardinal Blase Cupich, a rappelé pour sa part que le pape a voulu cette rencontre pour que les évêques du monde entier aient conscience de leur « responsabilité » dans la lutte contre les abus sur mineurs et s’en emparent. L’enjeu ? Pousser toute l’Église à suivre les mesures édictées. Il s’agit donc dans les diocèses de créer une culture d’empowerment, c’est-à-dire de responsabilisation des acteurs d’un diocèse.



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« Au fond, cette réunion va préfigurer ce qui attend l’église de demain », détaille à Aleteia Bernard Lecomte, spécialiste du Vatican et auteur de différents ouvrages dont Le Monde selon Jean-Paul II. « Nous rentrons dans une époque où l’Église va devoir elle aussi, comme toutes les institutions, se plier à l’exigence d’une transparence absolue. Même si elle a fait des progrès dans la prise de conscience, elle reste encore trop attachée au secret et à l’entre soi ». Pour lui, l’autre enjeu de ce sommet est celui de la mondialisation et de l’universalisation des préceptes du pape François. « Les épiscopats de grands pays occidentaux comme les États-Unis, la France ou l’Allemagne ont pris la mesure du sujet. On est passé de la chasse à la pédophilie au problème du silence de l’Église ; on a beaucoup avancé. Mais ce n’est pas le cas de nombreuses églises du Tiers-Monde. Il s’agit d’un sommet mondial, il concerne donc aussi, par exemple, le Nigeria, le Chili, les Philippines… Comment ces sujets vont-ils être traités dans ces pays ? L’universalisation des préceptes du pape François sur la tolérance zéro et sur l’accueil des victimes est centrale. L’essentiel du travail a été fait. Mais toute une partie de l’Église n’a pas encore été confrontée à ce problème et ne saura pas forcément, le cas échéant, comment réagir ».


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Que peut-on légitimement attendre de ce sommet ? “Vérité et Justice. Sans demi-mesure”, affirme Christiane Rancé. “Autant dire la démission et le ‘défroquage’ de tous les coupables, qu’ils l’aient été ou qu’ils le soient par action et par omission de dénonciation”. « Des discussions entre les épiscopats du nord et ceux du sud, entre ceux qui ont été confrontés à ces questions et ceux qui n’y sont pas préparés », indique de son côté Bernard Lecomte. « Il y aura probablement des propositions concrètes, comme la fin de la prescription dans les affaires canoniques. On peut aussi imaginer qu’il y ait une demande allant dans le sens de la création d’une institution intermédiaire entre les diocèses et congrégation pour la doctrine de la foi ».

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Antoine Mekary | ALETEIA | I.Media
Le père Federico Lombardi sera en charge de la modération des échanges pendant le sommet.

Concrètement, comment cette rencontre va-t-elle se dérouler ? Elle comprendra des sessions plénières, des groupes de travail, des moments de prière en commun avec l’écoute de témoignages, une liturgie pénitentielle ainsi qu’une célébration eucharistique finale le 24 février. La modération des séances plénières a été confiée au père jésuite Federico Lombardi, ancien directeur du Bureau de presse du Saint-Siège. Présentes physiquement ou par le biais d’une vidéo, plusieurs victimes d’abus sexuels s’exprimeront devant les participants au sommet. En ouverture de la rencontre, une vidéo de témoignages de victimes va être projetée avant un discours « bref, de méthodologie » du pape François.

Chacune des trois journées du sommet, a expliqué le père Lombardi, portera sur un thème particulier : la responsabilité des évêques, le fait qu’ils doivent rendre des comptes et, enfin, la transparence. Ces journées seront ouvertes par une prière suivie de deux interventions avec un temps de questions-réponses. Puis les participants se répartiront au sein de onze groupes linguistiques. L’après-midi, une nouvelle intervention précédera les temps de groupes. Enfin, tous les participants se rassembleront pour une prière de conclusion avec un témoignage d’une victime.

Le Saint-Siège semble vouloir avoir une communication particulièrement transparente lors de ce sommet. « Nous savons combien la communication est importante sur ce sujet », a commenté Alessandro Gisotti, directeur ad interim du Bureau de presse du Saint-Siège. Certains événements seront ainsi retransmis en direct tandis que chaque jour, du 21 au 24 février, un briefing se tiendra à 13h30. Un site internet dédié permettra de suivre l’événement et de retrouver des informations importantes.

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