Depuis septembre 2018, Laurent Voulzy sillonne les routes de France dans le cadre d’une tournée qui le mène dans les églises et cathédrales. Mais pourquoi avoir choisi les édifices catholiques ? Dans un entretien inédit, le chanteur partage avec Aleteia les coulisses de cette tournée, son goût pour les églises, et évoque, en toile de fond, sa quête spirituelle.
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Loin de ses shows habituels, Laurent Voulzy propose depuis plus de six mois de véritables moments de grâce. Accompagné de deux musiciens, une chanteuse, harpiste, guitariste et un clavier, il entonne ses plus célèbres chansons au cœur des églises et cathédrales de France. Une tournée inédite qui a démarré en septembre dernier à la cathédrale de Sens, l’un des chefs-d’œuvre de l’architecture gothique. Depuis, le chanteur a fait résonner ses plus grands tubes, réadaptés à l’esprit des lieux, dans une quarantaine d’églises : Belle-île-en-mer, Le pouvoir des fleurs, Belem… mais aussi des chansons moins connues qui entrent plus particulièrement en résonance avec les édifices sacrés. Jésus, Jeanne, Caché derrière… des titres qui, au delà de leur beauté, dévoilent l’âme du chanteur et la quête spirituelle qu’il mène depuis de nombreuses années.
Aleteia : Pourquoi chanter dans des églises ? Qu’est-ce qui vous a poussé à faire cette tournée ?
Laurent Voulzy : On m’a proposé de faire une tournée dans les églises l’année dernière. À ce moment là, je ne voulais pas chanter dans des zéniths ou des théâtres. Et lors d’une ancienne tournée, j’ai eu l’occasion de chanter à trois reprises dans des églises. J’avais un tel souvenir, cela m’a laissé une si forte impression et tellement d’émotions, que j’ai dit oui sans hésiter.
Que ressentez-vous quand vous chantez dans une église ?
C’est un mélange de plusieurs choses. Tout d’abord, je suis très attiré par les lieux chargés de sens. Je suis un véritable passionné d’Histoire. Quand j’étais adolescent, je lisais beaucoup de livres sur les cathédrales. S’ajoute une quête spirituelle qui me suit depuis de longues années. Tout cela, mélangé aux souvenirs de mes quelques concerts dans des églises, m’a donné envie de vivre cette expérience inédite.
Quelle différence avec une salle de concert ?
Les églises sont des lieux chargés de sens, emplies d’une histoire, alors que les Zéniths pas vraiment. Quand on arrive dans une salle de concert, on n’a pas envie de la visiter. Les églises, c’est tout le contraire ! C’est extraordinaire à voir et à admirer. L’architecture est magnifique et il y a souvent beaucoup de chefs-d’œuvre merveilleux. Quand j’arrive dans une nouvelle église, j’en profite pour y faire un tour et les gens sur place, qui connaissent bien l’endroit, me servent de guides. Mais bien avant de faire cette tournée, j’ai toujours eu un goût personnel pour les édifices sacrés. J’aime les visiter car ce ne sont pas des endroits neutres. C’est là où, pendant des siècles, les gens sont venus prier, méditer, chercher de l’espoir, demander une guérison, fêter des naissances, des décès, des unions ou même confier leurs désunions… Les murs sont chargés de souvenirs et c’est cela qui me touche personnellement.
Et le public, est-il différent ?
C’est l’écoute qui est très différente. Même lorsque l’on joue, tout est très différent. Le public est dans un autre état d’esprit. Même si les gens ne sont pas croyants, ils sont très recueillis et plus attentifs. On sent, dès que l’on entre, que l’ambiance n’est pas la même que dans une salle de concert. Il se passe quelque chose de très fort. Le public est également varié : je retrouve, bien sûr, une partie de mon public habituel, celui qui me suit depuis toujours dans les salles de concert. Ils ne sont pas étonnés de me voir chanter dans ces lieux car ils connaissent ma recherche spirituelle ; pour eux c’est une démarche normale. Et puis, j’avais déjà chanté à la basilique Saint-Denis et enregistré un DVD à l’église Saint-Eustache. Mais il y a aussi ceux qui ne m’ont jamais entendu et qui viennent parce que je suis dans leur ville, par curiosité. Ils se demandent sûrement pourquoi je chante dans des lieux de cultes catholiques. C’est d’ailleurs souvent l’occasion pour beaucoup d’habitants de pénétrer dans leur église pour la toute première fois. Si mes concerts peuvent servir à cela, tant mieux.
Et les autorités ecclésiales, comment ont-elles accueilli le projet ?
Les évêques, les recteurs et les prêtres ont très bien accueilli le projet. Nous avons déjà chanté dans une quarantaine d’églises depuis le début de la tournée et l’accueil a toujours été très bienveillant. Je ne choisis pas, moi-même, les églises dans lesquelles je chante mais j’ai fait quelques demandes pour des endroits qui me tiennent à cœur. Je ne peux rien vous dire pour le moment car je n’ai pas encore eu leur accord.
Comment avez-vous sélectionné vos chansons ? Ont-elles été adaptées pour correspondre à l’esprit du lieu ?
Le répertoire, l’interprétation et les arrangements, tout a été réfléchi en fonction des lieux. Les églises sont des lieux tellement forts qu’il faut nécessairement être en harmonie. Sinon il y a une sorte de rejet. Je chante des chansons qui sont, à mon humble avis, en harmonie avec les lieux. J’aime beaucoup chanter la chanson Caché derrière car je me pose cette question : qu’est-ce qui est caché derrière ? J’interprète également Jésus, Jeanne, Belle-île-en-Mer, La Baie des fourmis, une chanson méditative sur le fait de regarder la mer et le ciel… Je reprends également un très beau chant médiéval anglais Scarborough Fair du XIIIe siècle ou encore Ma seule amour sur un poème de Charles d’Orléans. Quand je chante Sweet Lord, tout le monde se met à chanter à l’unisson “Alleluia”, c’est magnifique. De mon dernier album, je chante la chanson Belem. Elle évoque pour moi la ville du Brésil, la tour de Lisbonne, la forêt de Bellême dans l’Orne mais aussi la ville de Bethléem.
D’un point de vue acoustique, les églises sont très différentes des salles de concert. Même si elles ont toutes leurs propres caractéristiques, et qu’il est donc nécessaire de s’adapter à chacune, elles ont toutes un point commun : la réverbération. Nous avons donc réalisé des arrangements et repenser l’instrumentation en connaissance de cause. L’église est un partenaire avec qui il faut compter.
Des chanteurs vont-ils vous rejoindre sur cette tournée pour interpréter quelques duos ?
Ce n’est pas prévu. À Saint-Jean-d’Angély, le hasard a fait que le chanteur Antoine était là. Il m’a rejoint et a fredonné une petite chanson avec moi. Si l’occasion se présente pourquoi pas, mais ce n’est pas quelque chose de fixé.
Y a-t-il un moment particulier que vous avez retenu depuis le début de cette tournée ?
Je vis beaucoup de moments forts et transcendants, il est donc difficile d’évoquer un souvenir en particulier. C’est anecdotique, mais je me rappelle qu’une fois, une cathédrale dans laquelle nous chantions était très peu chauffée. Et pourtant les gens étaient là, attentifs. Ils attendaient depuis plus d’une heure que le concert commence. Je vis des moments très agréables et je fais de belles rencontres. Par exemple, un jour, alors que je répétais à la cathédrale de Sens, quelqu’un m’a dit : “Vous vous trouvez là où saint Louis s’est marié !”. Les gens m’apprennent des pages d’histoire de leur édifice, me montrent les endroits cachés. Lors des concerts, le décor, la lumière, les éclairages participent à l’enchantement. Je vis de grands moments forts et exaltants et avec beaucoup de bonheur !
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Prochaines dates :
Calais : 1er mars, église Notre-Dame
Boulogne-sur-Mer : 2 mars, cathédrale Notre-Dame
Hazebrouck : 3 mars, église Saint-Éloi
Colmar : 7 mars, église Saint-Matthieu
Obernai : 8 mars, église Saints-Pierre-et-Paul
Strasbourg : 9 mars, église Saint-Thomas
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