Sous le très commode alibi de l’antiracisme, l’agression dont a été victime l’académicien Alain Finkielkraut et l’amalgame entre La Manif pour tous et le terrorisme islamiste procèdent d’une même logique idéologique.
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Au moment où un membre du gouvernement ose affirmer qu’il existe une « convergence idéologique » entre La Manif pour tous et les terroristes qui en appellent à la haine des juifs, il est plus nécessaire que jamais de regarder les choses calmement. D’abord, observons les chiffres officiels. Ont été recensés en 2018, 541 actes antisémites en France contre 311 en 2017, et 1.063 actes antichrétiens en 2018 contre 1.038 en 2017. Les deux violences progressent. Même en France. Depuis le début de l’année deux cimetières juifs ont été profanés, et neuf églises catholiques. Les deux haines semblent jumelles. En tout cas elles progressent ensemble.
L’air du temps
Ensuite, examinons l’air du temps. Alors que le vieil antisémitisme catholique de droite a disparu depuis de nombreuses années des statistiques mesurables, les données officielles montrent que le nouvel antisémitisme est de culture musulmane. Ce n’est pas une opinion, c’est un fait. La haine du juif et la haine du chrétien vont très bien ensemble, ces temps-ci. Leurs relais privilégiés se trouvent désormais plutôt dans les mouvements d’extrême-gauche. Ils se parent aujourd’hui du très commode alibi de l’idéologie « antiraciste ». En réalité ils installent dans la société une nouvelle forme de racisme qui est l’antiracisme. Le catholique blanc et le juif sont devenus une seule cible.
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Certes, les actes antisémites font beaucoup plus de bruit dans notre pays que les actes anti-chrétiens. Nul doute que si au lieu de neuf églises, c’étaient neuf synagogues qui avaient été profanées depuis le début de l’année, nous aurions entendu une réaction du ministre de l’Intérieur et du président de la République, et même nous aurions pu lire dans la presse de gauche les éditoriaux indignés que nous n’avons pas lu, car personne n’a jugé utile de les écrire. Mais il y a une explication à cette apparente discrimination : l’Église de France a gardé sa culture de religion majoritaire et donc elle ne sait pas réagir en communauté marginale et persécutée. Les chrétiens n’ont pas subi la Shoah, même si l’antichristianisme était au cœur du nazisme, et même si de nombreux prêtres catholiques ont connu la déportation et les camps. Et enfin, l’opinion intellectuelle française continue à croire, dans sa majorité, que la lutte contre le pouvoir catholique est un combat inachevé. C’est pourquoi le mépris anticatholique d’aujourd’hui cousine si souvent, dans la forme qu’il prend, et dans son impunité, avec l’antisémitisme réactionnaire de l’entre-deux guerres.
La voix de Finkielkraut
S’il existe bien une convergence idéologique en Europe, c’est celle qui unit désormais l’antisémitisme et la christianophobie. Il faut de ce point de vue écouter ce que nous dit le philosophe Alain Finkielkraut. Quelques jours après avoir subi les vociférations antisémites d’un groupe qui côtoyait, sans en être, une manifestation de Gilets jaunes, le philosophe a déclaré sur Europe 1 : « C’est ignoble, […] ils auraient voulu que mes agresseurs, ce soit La Manif pour tous, qu’ils soient à la fois contre l’avortement et contre moi. Mais c’est complètement dingue. Je voudrais signaler pour enfoncer le clou qu’aujourd’hui en France, des églises sont profanées, les agressions anti-chrétiennes augmentent. On en parle pas. […] Cette idée est complètement folle. […] Le grand rêve de toute [une gauche] bien-pensante est de faire face à un seul et même ennemi, qui serait contre Parent 1 et Parent 2 et ceux qui sont contre les juifs. »
"Le grand rêve d'une gauche bien-pensante est de faire face à un seul et même ennemi, ceux qui sont contre Parent 1 et Parent 2, et ceux contre les juifs. Moi je suis juif, et Parent 1 Parent 2 c'est une débilité noire", dit Alain Finkielkraut. @SoMabrouk @MA2TBE2L #Europe1 pic.twitter.com/VoEJleHVLo
— Europe 1 🎧🌍📻 (@Europe1) February 20, 2019