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La statue de la Vierge de Massabielle n’était pas au goût de Bernadette

Statue de la Vierge dans la grotte de Lourdes.

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Mathilde de Robien - publié le 17/02/19
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Malgré les nombreux échanges entre Bernadette et le sculpteur Joseph Fabisch, la statue de la Vierge Marie qui trône encore aujourd’hui dans la grotte de Massabielle, n’a pas convaincu la jeune voyante. « On ne peut pas faire comme c’était », aurait-elle regretté.

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La Vierge Marie est apparue dix-huit fois à sainte Bernadette entre le 11 février et le 16 juillet 1858. Dès sa première vision, Bernadette, alors âgée de quatorze ans, décrit la Vierge de cette manière : « J’aperçus une dame vêtue de blanc : elle portait une robe blanche, un voile blanc également, une ceinture bleue et une rose jaune sur chaque pied. » Cinq ans plus tard, en septembre 1863, le sculpteur Joseph Fabisch est choisi pour façonner une statue de la Vierge, destinée à la grotte de Massabielle. Mais l’œuvre n’a pas vraiment remporté l’adhésion de la jeune Bernadette ! L’abbé René Laurentin, grand spécialiste des apparitions mariales, rapporte dans sa volumineuse Histoire authentique des apparitions que Bernadette s’est exclamée : « Non ce n'est pas cela ! »

L’histoire de la statue commence en juillet 1863, lorsque les charitables sœurs Lacour, Marie-Elfride et Marie-Sabine, eurent l’idée d’édifier une statue « représentant d’une manière aussi exacte que possible l’habillement et la pose de l’Apparition » afin de remplacer la modeste Vierge de plâtre que les bonnes gens de Lourdes avaient juchée dans la niche du rocher de Massabielle. Par l’entremise du curé Peyramale, elles transmirent leur projet à Monseigneur Laurence et, en même temps, lui proposèrent de confier ce travail à Joseph Fabisch, un sculpteur lyonnais considéré alors comme un des maîtres de l’art religieux. C’est lui qui avait déjà créé les statues de la Salette et de Fourvière.

L’accord conclu, Fabisch envoya d’abord un questionnaire à Bernadette, puis il se rendit à Lourdes pour l’interroger. La description de la voyante dissipa ses craintes, et même l'enthousiasma. Il aurait été jusqu'à dire à Bernadette, un brin prétentieux : « Quand tu verras la statue, je veux que tu dises : c'est Elle. » Il créa une maquette, dont il soumit la photographie à Bernadette. Cependant Bernadette critiqua ce premier essai : « La figure ne paraît pas assez jeune, ni assez souriante, transmet l’Abbé Peyramale, le 30 novembre. Du côté droit, le voile est collé contre la tête et le cou, dessinant une courbe de la tête à l’épaule. Du côté gauche, il ne couvre pas l’épaule, et puis des deux côtés, il va se plisser en s’engageant sous les bras. D’après Bernadette, le voile descendait perpendiculairement, uniment, couvrant les deux épaules et les coudes. La robe n’est pas assez montante (…) : le cou est trop découvert dans la partie inférieure. Les mains étaient plus jointes, les doigts appliqués les uns contre les autres ; le pied gauche paraît un peu trop écarté (…). Le chapelet a été oublié. » Fabisch corrigea comme il put.

Le 31 mars 1864, la statue arriva au presbytère de Lourdes. On appela Bernadette. Le marbre de Carrare fut extrait de la caisse bourrée de paille, en présence de l'abbé Peyramale et du père Ollivier : « Est-ce bien cela ? », demanda ce dernier. La jeune fille essaya d'acquiescer, comme par politesse. Mais elle se reprit, et dit énergiquement : « Non ce n'est pas cela ! » Elle ajouta plus tard : « D’ailleurs, on ne peut pas faire comme c’était ». Le marbre reste de marbre : la statue est placée dans sa niche et inaugurée le 4 avril 1864, jour de la fête de l’Annonciation, devant plus de 10.000 personnes. C'est toujours la même statue qui est juchée dans la grotte et que des millions de personnes voient chaque année à Lourdes.

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