Notre culture et notre langue française sont fortement influencées par nos racines chrétiennes. Découvrez ces expressions que nous utilisons souvent sans soupçonner qu’elles puisent leur origine dans la tradition religieuse. Aujourd’hui : « avoir le béguin »
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Les jeunes d’aujourd’hui diraient “avoir un crush”, une expression que vous connaissez peut-être si vous parlez « ado ». Sinon, elle vous évoque probablement aussi peu de choses “qu’avoir le béguin” pour nos jeunes ! Le béguin ? Mais qu’est-ce que c’est que ça ? Il faut remonter au Moyen Âge (XIIe siècle) dans les Flandres pour trouver l’origine de cette curieuse expression aux accents désuets. À l’époque, les guerres, les épidémies et la succession de croisades ont laissé de nombreuses femmes et jeunes filles veuves ou orphelines, sans soutien masculin, et en situation d’insécurité. C’est aussi l’époque d’un grand renouveau spirituel qui voit l’émergence de nouveaux ordres religieux suscitant un formidable mouvement de ferveur. Lieux de réelle vocation ou de refuges pour échapper aux dangers de la vie, couvents et monastères féminins sont littéralement pris d’assaut ce qui finit par inquiéter la papauté à tel point que le concile du Latran (1215) décide d’instaurer un numerus clausus !
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Pourquoi dit-on “une éminence grise” ?
Un nouveau concept va alors se développer et se répandre rapidement dans toute l’Europe : les béguinages. Ces petits villages dans la ville réunissent des religieuses qui vivent en communauté sans pour autant avoir prononcé leurs vœux. Dans ces lieux clos de murs centrés autour d’une église ou d’une chapelle, chacune a sa petite maison et vit de son travail, tout en venant en aide aux plus démunis et en ayant une vie spirituelle intense.
Une origine incertaine
Le béguin désigne alors la coiffe de toile que portent ces religieuses et qui s’attache sous le menton à l’aide de deux brides. Avec le temps, le terme finit par s’appliquer à la coiffe de même forme portée par les femmes laïques et par les très jeunes enfants. L’origine du nom “béguin” est incertaine et plusieurs hypothèses circulent. Ce pourrait être une dérivation du terme “albigeois” (qui servait à désigner les hérétiques), ou un rappel de la couleur beige de l’habit des béguines, il pourrait venir aussi du vieil allemand “beggen-beggan” (prier), du vieux français “begart” (marmonner des prières) ou encore du celtique “bègue-béguelle” qui signifie simple, bigot. D’après une autre théorie, “béguin” viendrait du nom de Lambert le Bègue, prêtre liégeois du XIIe siècle, considéré comme l’initiateur du mouvement béguinal en Belgique.
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À l’époque, être “coiffé de quelqu’un” signifie être aveuglé par cette personne et le verbe “s’embéguiner”, se coiffer d’un béguin, prend la signification d’avoir la tête qui tourne à cause de quelqu’un, l’esprit entièrement occupé par une passion excessive et déraisonnable. Il se transforme au fil du temps pour devenir au XVIe siècle “avoir le béguin à l’envers” (être distrait dans l’exécution de ses tâches, entre autres par l’amour) et se raccourcit au XIXe siècle en “avoir le béguin”, dans le sens que nous connaissons aujourd’hui : s’enticher de quelqu’un, être amoureux, souvent de façon passagère. Bref, avoir le crush !