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Cessons d’être des gens “biens”, devenons des gens “bons”

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ALain Noël ✝ - publié le 10/02/19
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Notre adversaire le diable sait qu’il ne peut fondamentalement rien contre les baptisés tant qu’ils ne pactisent pas avec lui. Par contre il peut, soit nous empoisonner la vie, comme le fait remarquer le pape François dans son exhortation Gaudete et Exsultate au paragraphe 161, soit nous éviter de porter du fruit pour la vie éternelle. Nous inviter à n’être que des gens biens est l’une de ses ruses…

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On croit trop souvent que notre Adversaire veut uniquement nous pousser à faire le mal. Face à cela, on nous a appris à être méfiants. Mais plus profondément, il cherche à limiter notre vocation de baptisés et là, souvent, on se fait prendre surtout quand ce qu’il nous propose est la tendance de la norme, et a l’apparence du bien.

Posons les choses clairement : pour être quelqu’un de bien pas besoin d’être chrétien ! On nous fait assez remarquer que Monsieur ou Madame Untel qui “eux” ne pratiquent pas, qui “eux” sont athées, agnostiques, incroyants, ont une âme charitable et sont ouverts aux autres. Pire, ils se comportent mieux que Monsieur ou Madame Untel qui “eux” vont à la messe tous les dimanches… Qui n’a pas été confronté à ce genre de remarque ? Elle nous met souvent dans l’embarras et on ne sait quoi répondre. Certes, on pourrait leur rétorquer que si Monsieur et Madame Untel n’allaient pas à la messe, ils pourraient être infiniment pire que ce qu’ils sont…


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Mais ce qui est intéressant, c’est qu’en voulant nous mettre dans l’embarras, les fameux discuteurs de salon qui nous servent ces arguments, concourent en fait à un bien : ils nous poussent à prendre conscience de la profondeur de notre vocation. De fait ; pour être quelqu’un de bien, nullement besoin d’être chrétien. C’est incontestable. On a tous autour de nous des gens formidables et dévoués, ouverts aux autres et qui ne sont pas croyants. Pour être quelqu’un de bien il suffit de trois choses. Premièrement : avoir reçu une bonne éducation (déjà là, c’est pas gagné) ; deuxièmement : ne pas avoir subi de traumatismes trop graves qui affectent ensuite notre psychologie ; troisièmement : avoir un minimum d’empathie pour les gens de son espèce. On voit là qu’il n’y a nul besoin de la grâce. Il suffit d’être bénéficiaire d’un certain nombre d’acquis universels.


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Pour nous chrétiens, être des gens biens, c’est faillir à notre vocation. Nous sommes appelés à être des gens bons (même si on n’habite pas Bayonne)… Au vu de votre culture biblique, vous allez me dire : “Dieu seul est bon !” C’est juste, car Jésus lui-même en fait la remarque au jeune homme riche lorsqu’il vient le voir et lui dit  : “Bon Maître que dois-je faire pour avoir la vie éternelle en héritage ? Jésus lui dit : “Pourquoi dire que je suis bon ? Personne n’est bon, sinon Dieu seul” (Mc 10, 17-18). Une lecture rapide de ce passage pourrait nous faire croire que la bonté est réservée à Dieu. Or, par le baptême, nous sommes restaurés dans la ressemblance avec Dieu. Donc, nous nous devons d’être bons. La bonté est un fruit de l’Esprit saint (Ga 5, 22). La vocation du chrétien est d’être et de devenir ce qu’il est, et ne doit pas se contenter de “faire” mais “d’être”.


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Alors, me direz-vous, quelle différence entre être quelqu’un de bien et être quelqu’un de bon ? Si on approfondit notre vocation, la réponse est claire et lumineuse. Nous sommes appelés à être comme Dieu, ce que n’exige pas uniquement le fait de faire le bien. Être comme Dieu, c’est pouvoir pardonner, être miséricordieux, aimer ses ennemis, prier pour eux, leur vouloir du bien, être dans la paix au milieu des tourments, être dans la joie lorsqu’on est persécuté… faut-il encore en rajouter ?


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Là est toute la différence. Là est notre vocation, notre rôle. Devenir bon comme Dieu est bon, ce n’est ni plus ni moins être conforme à l’image de Dieu et à sa ressemblance. Alors, en étant bon nous pourrons faire le bien, un bien qui portera du fruit jusque dans la vie éternelle car il aura pour source la profondeur de notre être, là où se tient en nous Dieu notre Père. Et comme saint Paul nous y invite : “Et tout ce que vous dites, tout ce que vous faites, que ce soit toujours au nom du Seigneur Jésus, en offrant par lui votre action de grâce à Dieu le Père…” (Col 3, 17). Cessons donc de nous faire berner par les manœuvres du diable qui fait tout pour nous empêcher de répondre à notre vocation profonde.

Et surtout, vu que nous sommes appelés à être des “gens bons”, n’oublions pas de penser à notre vocation, à chaque fois que l’on en mangera une tranche… Ainsi, pour nous, un tranche de “gens bons”, deviendra une tranche de vie !


VENERABLE ANNE DE GUIGNE
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