Alors que le grand débat national bat son plein, Emmanuel Macron a fait étape à Évry-Courcouronnes (Essonne) ce lundi. L’occasion pour les 300 maires, responsables d’associations et citoyens de faire part de leurs inquiétudes sur la situation des banlieues. Maire de Monterfermeil (Seine-Saint-Denis), Xavier Lemoine (DVD) regrette une “rengaine habituelle qui n’élève pas le débat”.
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Durant six heures Emmanuel Macron s’est prêté à un jeu de questions-réponses avec 300 maires, responsables d’associations et citoyens engagés ce 4 février dans le cadre du grand débat national. L’occasion pour ces acteurs des banlieues de faire part au Président de leurs inquiétudes et de leur déception sur de nombreux sujets, dont l’abandon du “plan Borloo”. “Cela fait 30 ans que j’ai l’impression d’écouter continuellement la même chose”, regrette le maire de Montefermeil (Seine-Saint-Denis), Xavier Lemoine. “On évoque facilement les conséquences, les insuffisances mais jamais les causes”.
Aleteia : Que pensez-vous de l’intervention d’Emmanuel Macron à Évry-Courcouronnes lundi soir ?
Xavier Lemoine : On ne peut pas isoler cette séquence de la crise des Gilets jaunes que traverse le pays. Emmanuel Macron est dans une opération de reconquête de l’opinion publique et ne peut pas couvrir plusieurs fronts à la fois. Il a bien vu que les quartiers sensibles n’avaient pas bougé et ne bougeaient pas dans la crise des Gilets jaunes. Il s’est dit : “Il faut que je retrouve ce dialogue interrompu avec un plan Borloo avorté”. Il reprend le contact, renoue le dialogue… Lundi soir, son objectif était de consolider la relative tranquillité dans laquelle se trouvent les quartiers aujourd’hui et d’écouter les doléances. À raconter ses maux on les soulage disait Molière. C’est exactement ce qu’il s’est passé le 4 février. Le président de la République n’a fait aucune promesse, aucune annonce particulière mais il a expliqué comment les choses devraient se dérouler. Certaines personnes lui ont néanmoins fait observer avec justesse que ce travail avait déjà été fait au moment où Jean-Louis Borloo avait été sollicité pour rendre un rapport sur les banlieues…
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Quel sont les principaux problèmes des banlieues ?
Cela fait 30 ans que je m’occupe de la politique de la ville et cela fait 30 ans que j’ai l’impression d’écouter continuellement la même chose. Insuffisance de moyens financiers, de moyens humains, manque de reconnaissance… C’est un peu court. Nous avons très peu parlé de radicalisation, nous n’avons pas parlé du communautarisme, nous avons seulement abordé à la fin les questions de trafics, de violences etc. Ce sont pourtant les vraies questions qui suscitent des inquiétudes, des interrogations et du scepticisme quant à notre capacité à améliorer les choses. Autre élément, les questions de fond que sont les enjeux culturels, pourtant au cœur de la problématique des quartiers, ont été peu abordés. Globalement, on évoque très facilement les conséquences, les insuffisances mais pas les causes… Tant qu’on sera sur ce registre, je crains qu’on n’ait pas l’efficacité au regard des moyens que la collectivité nationale déploie pour ses quartiers. Il est très frustrant d’assister à cette rengaine qui n’élève pas le débat.
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Concernant les banlieues, quelle est selon vous la priorité du gouvernement ?
Il faut nommer les choses telles qu’elles se passent aujourd’hui et avoir une vraie réflexion politique. Tant qu’un diagnostic précis sur la radicalisation, le communautarisme, la délinquance et l’ensemble des activités parallèles dans les quartiers n’aura pas été posé, l’ensemble des moyens traditionnels déployés en matière de sport, de culture, d’éducation ou de santé ne fonctionnera pas car ils buteront sur des obstacles plus fondamentaux.