Bien plus qu’un simple échange de discours, la rencontre d’Abou Dabi entre le pape François et le grand imam d’Al-Azhar ce 4 février, s’est conclue par un message commun audacieux.
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C’est un moment historique qui a eu lieu aux Émirats arabes unis ce 4 février lors de la visite du pape François. Et pas seulement parce que c’était la première fois qu’un pontife posait les pieds dans la péninsule arabique. C’est aussi parce qu’avec la rencontre interreligieuse ‘Fraternité humaine’, une étape majeure du dialogue entre le christianisme et l’islam a été franchie.
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Entre les gratte-ciels étincelants et les plages artificielles d’Abou Dabi, les deux chefs religieux n’ont en effet pas cherché à régler d’éventuels points de désaccord, mais ont préféré énumérer l’un après l’autre tous les principes majeurs qu’ils partageaient. Mieux, ils ont tout bonnement exhorté le monde à suivre leur exemple et à « répondre au mal par le bien ». Cet appel s’est manifesté concrètement par leur entrée dans la salle de conférence à ciel ouvert située au pied du Founder’s Memorial – un monument dédié au fondateur des Émirats arabes unis, le charismatique cheikh Zayid. On a en effet pu les observer main dans la main entourant Mohammed ben Rachid Al Maktoum, vice-président des Émirats arabes unis et émir de Dubaï.
Côte à côte
Ainsi, pour la première fois, les deux religions ne se sont pas retrouvées face à face, mais côte à côte, pour bâtir ensemble un « chemin de paix et de réconciliation » à destination de tous les hommes de bonne volonté. De ce point de vue, le discours du pape prononcé devant des religieux du monde entier est éloquent : il a invité la communauté internationale à s’embarquer, « comme une unique famille », dans une « arche de la fraternité » capable de sillonner « les mers en tempête » du monde. Il n’y a pas d’autre alternative selon lui : « ou bien nous construirons ensemble l’avenir ou bien il n’y aura pas de futur ».
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Il a encouragé les religions en premier lieu à « faire germer » des semences de paix. Aux représentants religieux incombe donc, « peut-être comme jamais dans le passé », une tâche urgente : « contribuer activement à démilitariser le cœur de l’homme ». À la guerre, il a alors incité d’opposer plutôt la « douce force » de la prière et l’engagement quotidien dans le dialogue. Cette cohabitation fraternelle, a-t-il considéré, doit se fonder sur les « deux ailes » de l’éducation et de la justice pour « prendre son envol », a souligné le pontife. Investir dans la culture possède le bénéfice de « réduire la haine » et de favoriser la croissance de la civilisation. Car « éducation et violence sont inversement proportionnelles ».
Un document fondateur
Après cette prise de parole, le pape et le grand imam ont signé un document fondateur, inaugurant un nouveau rapport entre leur religion respective. Ce texte ambitieux se veut être ni plus ni moins « un signe puissant de paix et d’espérance pour l’avenir de l’humanité ». Parmi les déclarations notables de ce document, figure la condamnation sans équivoque de toutes les pratiques qui « menacent la vie » : les actes terroristes, mais aussi l’avortement, l’euthanasie et « les politiques qui soutiennent tout cela ».
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Ils réaffirment par ailleurs la nécessité de protéger tous les lieux de cultes, mais aussi de « renoncer à l’usage discriminatoire » du terme « minorités ». Celui-ci, estiment-ils, « prépare le terrain » aux hostilités et « prive certains citoyens des conquêtes et des droits religieux et civils, en les discriminant ». Le document sera remis aux autorités, aux leaders influents, ou encore aux organisations de la société civile.
Le pape François et le grand imam ont ensuite apposé leur signature sur deux énormes pierres qui serviront à construire aux Émirats arabes unis une église et une mosquée, toutes deux côte à côte… elles aussi. Pour mieux accentuer leur caractère novateur, elles partageront toutes les deux un centre pour le dialogue interreligieux jamais vu auparavant.
Arthur Herlin, à Abou Dabi