La figure de la Samaritaine n’est évoquée dans le Nouveau Testament que dans l’Évangile de Jean, en un court passage ne citant pas même son nom. La scène met en présence Jésus faisant une halte en Samarie, une province détestée par les Juifs qui considèrent ses habitants comme des étrangers à éviter. Et pourtant Jésus, comme à son habitude, n’hésite pas à s’adresser à la Samaritaine qu’il rencontre près d’un puits. Une rencontre qui va se transformer en révélation.
La fatigue de Jésus
La scène est saisissante et souligne toute l’humanité de Jésus : fatigué, ayant parcouru longuement la Samarie, Jésus décide de s’arrêter à Sykar en plein milieu de la journée, à “la sixième heure”. C’est l’heure où le soleil est au zénith. La soif ouvre la conversation entre Jésus et une Samaritaine qui arrive seule pour puiser de l’eau au puits. Deux interdits sont passés outre dans cette scène : un homme qui s’adresse à une femme seule et de surcroît à l’encontre d’une Samaritaine, communauté haïe pour leur hérésie.
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La symbolique de l’eau
“Donne-moi à boire”, c’est ainsi, profitant de sa soif certainement bien réelle, que Jésus va s’adresser à la Samaritaine. La parole est brève et cette demande surprend bien évidemment la femme de Samarie qui s’en s’étonne : “Comment ! Toi, un Juif, tu me demandes à boire, à moi, une Samaritaine ?” Elle qui n’ignore pas qu’aucun Juif ne s’adresse habituellement à son peuple. Mais par un retournement extraordinaire, Jésus, le demandeur, va mettre la Samaritaine à l’épreuve : “Si tu savais le don de Dieu et qui est celui qui te dit : “Donne-moi à boire“, c’est toi qui lui aurais demandé, et il t’aurait donné de l’eau vive.” Par cette saisissante inversion, que sous-entend réellement Jésus ? Dépassant le prétexte de sa propre soif, il suggère d’aller vraiment à la source, chercher plus profondément l’eau vive, là où elle se trouve, et ainsi prendre conscience dans sa foi de cette injonction du Messie.
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Une révélation
Ce puits dit “de Jacob” près duquel Jésus vient de se reposer est également riche de symboles. C’est traditionnellement un lieu de rencontres, d’échanges et du don précieux de l’eau, vitale dans ces lieux désertiques. Jésus évoque l’eau vive qui n’est pas celle à laquelle la Samaritaine pense immédiatement : “Quiconque boit de cette eau aura de nouveau soif ; mais celui qui boira de l’eau que moi je lui donnerai n’aura plus jamais soif ; et l’eau que je lui donnerai deviendra en lui une source d’eau jaillissant pour la vie éternelle”. Convaincue, la Samaritaine lui demande alors de cette dernière. Mais, Jésus lui apprend qu’elle a eu cinq maris et celui avec qui elle vit n’est pas son mari. La femme surprise réalise alors que Jésus est un grand prophète. Jésus ira jusqu’à lui révéler ce qu’il n’a encore dit à aucun de ses disciples : il est le Messie. Devant cette révélation, les querelles de confession et de peuples ne tiennent plus et deviennent vides et vaines.
Une ouverture encouragée par le pape François
Depuis son élection au siège de Pierre, le pape François n’a de cesse d’inviter l’Église et ses fidèles à aller annoncer la “joie de l’Évangile” “aux périphéries géographiques et existentielles”. La Samaritaine, cette femme aux mœurs réprouvées, illustre ces périphéries pour lesquelles le Christ n’a pas passé son chemin, mais en a étanché la soif sans s’en offusquer. La morale n’est pas celle à laquelle on s’attend et le pape François perpétue cette ouverture, dépassant les structures pour redonner vie à ce message de Jésus près du puits de Samarie. S’ouvrir à l’altérité, à l’étranger si différent soit-il, plus encore qu’une leçon est la révélation entendue par la Samaritaine qui en oublia jusqu’à sa cruche pour courir annoncer la bonne nouvelle.
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