La figure de Marie, dite la Magdaléenne, est bien confuse tant les noms qui la désignent sont nombreux : Marie la Magdaléenne, Marie de Magdala, Marie-Madeleine, Madeleine, Marie de Béthanie et Marie pécheresse lors du repas chez Simon… le risque est grand de s’y perdre… Qui est donc cette figure biblique fêtée le 22 juillet, patronne des filles repenties, des parfumeurs et des gantiers ? Ce qu’il faut savoir sur cette femme discrète et fidèle, qui a été la première à voir le Ressuscité.
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Marie ! Mais laquelle ? La tradition occidentale, soutenue par Grégoire le Grand, a longtemps associé trois Marie pour ne retenir qu’une seule et unique, Marie la Magdaléenne. Ainsi se sont superposées Marie la pécheresse, versant du parfum sur les pieds de Jésus, rapportée par Luc (Lc 7, 37-50), Marie de Béthanie, la sœur de Marthe et de Lazare, évoquée par Jean (Jn 11, 1-2 ; 12, 3) et enfin Marie de Magdala, habitante du village bordant le lac de Tibériade. Pour compliquer les choses, Marie la Magdaléenne sera évoquée par Luc (Lc 8, 1-2) sous le nom de Madeleine : “Les Douze l’accompagnaient, ainsi que des femmes qui avaient été guéries de maladies et d’esprits mauvais : Marie, appelée Madeleine, de laquelle étaient sortis sept démons…”. En réalité, la vraie Marie-Madeleine est bien celle qui a rejoint le groupe des disciples après que Jésus l’ai libérée des sept démons. Toutes ces confusions ont fait de Marie-Madeleine un personnage composite tout au long de l’histoire du christianisme. En 1969, le pape Paul VI déclarait qu’elle ne devait plus être fêtée comme “pénitente”, mais comme “disciple”, l’Église catholique ne la considérant plus comme une prostituée repentie.
Noli me tangere
Marie-Madeleine a suivi Jésus pendant tout son chemin jusqu’au pied de la croix et sa mise au tombeau. C’est notamment elle qui s’apercevra la première de sa Résurrection. “Le premier jour de la semaine, Marie Madeleine se rend au tombeau de grand matin ; c’était encore les ténèbres. Elle s’aperçoit que la pierre a été enlevée du tombeau » (Jn 20, 1). Jésus lui apparaît alors en jardinier, elle ne le reconnaît pas immédiatement, puis s’écrit “Rabbouni !”, diminutif affectueux de Maître en araméen, accompagné d’un geste vers Jésus qui de suite lui intime : “Noli me tangere“, “Ne me touche pas, car je ne suis pas encore monté vers le Père” (Mc 16, 9). Marie-Madeleine avertit alors les disciples incrédules de ce qu’elle a vu. Ce sera ainsi une femme qui sera le premier témoin de la Résurrection et un exemple de fidélité sans failles au-delà de la mort. Le rôle de premier plan peut étonner si l’on songe au rang social de la femme à l’époque de Jésus, mais il demeure le signe que les plus faibles ont bien dans cette nouvelle religion un message à proclamer.
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Marie-Madeleine, aimée des arts
En tant que témoin privilégié, Marie-Madeleine a ainsi été souvent représentée dans les arts, se tenant debout près du tombeau vide, les larmes coulant de ses yeux… De nombreux peintres représenteront cette scène décisive, comme Rembrandt, Rubens, Breughel le Jeune, Poussin et bien d’autres pour montrer ce lien indéfectible entre le Christ ressuscité et hommes… Marie-Madeleine sera également souvent représentée en pécheresse, puisant dans la tradition occidentale et prolongeant ainsi la confusion. C’est ainsi que le célèbre sculpteur Donatello la représente avec de longs cheveux lui tombant sur tout le corps ou encore en pénitence à l’image du peintre Georges de La Tour.
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Une légende
La légende qui se développa autour du personnage de Marie Madeleine contribua à sa renommée mais entacha aussi parfois la pureté de son image. Au XIe siècle, des récits rapportent qu’elle quitta Jérusalem pour arriver avec Lazare et Marthe aux Saintes-Maries-de-la-Mer avant de s’installer à l’est de Marseille, à Saint-Maximin, où elle serait morte et enterrée. Ce que perpétuent encore de nos jours les Fêtes de Sainte-Marie-de-la-Mer. Des reliques vénérées à Vézelay dès le Moyen Âge font aussi l’objet de nombreux pèlerinages. D’autres traditions évoquent une sépulture à Éphèse ou à Constantinople…
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