La découverte de lapis-lazuli dans la plaque dentaire d’une religieuse du XIIe siècle a permis de reconsidérer la place des femmes dans la réalisation de textes sacrés au Moyen-Âge.
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Un article publié dans le magazine ScienceAdvances du 9 janvier 2019, qui rend compte du travail réalisé par une équipe dirigée par Christina Warinner, paléogénéticienne à l’Institut Max Planck de la Science de l’histoire humaine (Berlin), fournit des éléments supplémentaires permettant de faire la lumière sur des pratiques médiévales.
Dans le cadre d’une étude sur les régimes alimentaires et les maladies passés, des chercheurs ont analysé des dentitions de squelettes anciens. En examinant les dents d’une religieuse enterrée dans un cimetière médiéval de Dalheim (au sud de Mayence, en Allemagne), ils ont fait une trouvaille sans précédent. La religieuse avait pas moins de dix siècles, ayant probablement vécu entre le XIe et le XIIe siècle. Quel n’a pas été l’étonnement des scientifiques en découvrant des extraits de lapis-lazuli dans la plaque dentaire de la femme consacrée !
“Ce pigment démontre que son art était réputé”
L’utilisation de ce pigment bleu, assez précieux, restait alors réservée à l’écriture de manuscrits luxueux. Les scientifiques en ont donc déduit que cette femme avait léché le bout de son pinceau en peignant, ce qui expliquerait la présence de fragments à cet endroit. “Le fait que ce pigment ait été donné à une femme démontre qu’elle faisait partie des meilleurs, que son art était réputé”, explique Alison Beach, historienne à l’Université d’État de l’Ohio. “C’est la preuve physique la plus ancienne que nous ayons de l’existence de femmes copistes”, ajoute-t-elle. “Cela suggère que de nombreuses choses qui ne sont pas signées ont été produites par des femmes, ou du moins que c’est une possibilité que nous devrions considérer”. Le moins que l’on puisse dire, c’est que cette religieuse était loin d’être une bleue.
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