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Les Invisibles : quand la comédie sociale tourne au comique

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Louise Alméras - publié le 10/01/19
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Les femmes SDF prennent leur revanche à l’écran dans ce nouveau film de Louis-Julien Petit. Au casting, des femmes qui ont vraiment connu la rue, si drôles qu’on aurait envie d’être là pour aider.

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Le centre d’accueil “L’Envol” est menacé de fermeture dans le Nord de la France, à cause de son résultat trop faible de réinsertion. Les travailleuses sociales ont peu de temps pour trouver une solution pour toutes les femmes dont elles s’occupent avant qu’elles se retrouvent au point de départ… L’occasion de faire preuve d’imagination.

Un système de réinsertion à revoir ?

Dès les premières images, grâce à des captations en gros plan montées comme on le voit rarement, nous savons où nous allons et où nous n’allons pas. Pas de voyeurisme pour faire pleurer mais une réalité alliée à la fiction. Le ton du film est indéniablement celui de l’humour, des réparties aux répliques croustillantes de Noémie Lvovsky ou Audrey Lamy, des scènes décalées aux punchlines de Déborah Lukumuena (Divines). Les Invisibles ne fait pas seulement dans les bons sentiments. Sans compter que plusieurs des actrices du film sont des femmes ayant vécu dans la rue et le spectateur fait à peine la différence avec les actrices professionnelles.

En nous présentant ce petit centre d’accueil de jour, Louis-Julien Petit veut surtout pointer du doigt un système de réinsertion qui va mal ou qui loupe bien souvent son but à force de vouloir faire respecter les règles. La loi, ici, est loin d’être du côté des femmes. Même si elle fait déjà beaucoup, le bon sens n’est pas toujours au rendez-vous. La scène où le camp de fortune est détruit, en pleine nuit, l’illustre remarquablement. Les Invisibles a aussi le mérite de parler de la précarité des femmes, une situation qu’a elle-même vécu Corinne Masiero (Germinal, De rouille et d’os), une des actrices du film.

De la rue à la dignité

Une idée germe enfin chez Audrey quand elle constate le désœuvrement de certaines femmes au moment d’être privées de leur seul repère : “l’Envol”. Elle va miser sur leurs talents, leur passé, leur expérience, pour les aider à se lancer à nouveau dans la vie et pourquoi pas penser à une vie amoureuse. Entre une ancienne psychanalyste qui laisse songeur, une bricoleuse qui sort de prison pour avoir tué son mari et une ancienne “dominatrice”, l’enjeu est de taille. La générosité et l’entraide prennent la tournure d’une revanche envers la résignation et le sentiment d’indignité. Les vies de chacune, toutes femmes confondues, sont impliquées dans cette bataille pour retrouver l’estime de soi, comme si la femme était toujours plus sujette à la précarité en toute chose que son opposé. Ce sont d’ailleurs des hommes dont elles dépendent, pour un travail, pour obtenir de l’aide. Une seule ne va pas jouer le jeu, personnage dont aurait pu se passer le scénario. Elle a néanmoins le mérite de montrer qu’il est plus difficile d’aider quelqu’un qui ne veut pas s’en sortir. D’autres éléments typiques de la comédie n’étaient pas nécessaires, mais n’enlèvent heureusement rien à l’aventure burlesque qui fonctionne.


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Les Invisibles est en somme un très beau film, pour lequel Louis-Julien Petit n’a pas lésiné sur l’esthétique alors qu’il aurait pu se contenter de dérouler l’histoire d’une contestation sociale. Beaucoup de caractères se croisent, se confrontent et se blessent, comme dans la vie. Mais les mots dans ce film ont surtout  valeur d’encouragement ; la parole est donnée pour mieux se nettoyer de ce qui n’est pas dit et qui finit par tout bloquer. Comme nul n’est à l’abri de finir à la rue, et nombreux sont ceux qui n’aiment pas les voir, cette comédie a saisi le sujet sur les SDF avec un soin qui les rend plus visibles, et familiers.

Les Invisibles, de Louis-Julien Petit, avec Audrey Lamy et Noémie Lvovsky, 102 minutes, en salles

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