Le personnage d’Anne est touchant d’actualité pour un grand nombre de femmes souffrant de stérilité. Sa prière est un exemple d’abandon qui transcende tout volontarisme. Exaucée par la naissance de Samuel, Anne sut aussi manifester sa reconnaissance en offrant l’un des plus beaux des cantiques.
La détresse de la stérilité
Anne est l’épouse d’Elqana. Or, Anne est stérile et Peninna, autre épouse d’Elqana, se moque d’elle, elle qui a donné à Elqana de nombreux enfants. Chaque année, alors que toute la famille se rend au temple de Silo pour sacrifier à Yahvé, une même scène douloureuse se reproduit inlassablement : Elqana donne des parts de sacrifice à Peninna et à ses enfants, mais seulement une part d’honneur à Anne, une coutume répandue à l’égard d’une femme stérile. Qui plus est, Peninna ne cesse de faire à celle-ci des affronts et l’irrite à un point tel qu’Anne s’effondre et ne peut manger l’offrande donnée avec cœur par son mari. Celui-ci s’en étonne et lui dit tendrement, car c’est elle pourtant qu’il aimait le plus : “Anne, pourquoi pleures-tu et ne manges-tu pas ? Pourquoi ton cœur est-il triste ? Est-ce que je ne vaux pas pour toi mieux que dix fils ?” (1 Sm 1,8).
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La prière d’Anne
À l’époque être stérile est synonyme d’être en faute envers Dieu. Mais la stérilité d’Anne est aussi une métaphore poignante de la sécheresse du peuple d’Israël, impuissant à donner du fruit à la parole livrée, seul le recours divin peut offrir une porte de sortie à cette situation inextricable. Cette issue, Anne va la demander humblement de la plus belle manière qu’il soit avec une poignante prière :
“Yahvé Sabaot ! Si tu voulais bien voir la misère de ta servante, te souvenir de moi, ne pas oublier ta servante et lui donner un petit d’homme, alors je le donnerai à Yahvé pour toute sa vie et le rasoir ne passera pas sur sa tête”.
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Le prêtre Éli pensa qu’elle était ivre, car ses lèvres remuaient à peine, alors qu’il était de coutume de ne prier qu’à haute voix. Persuadé qu’Anne avait abusé du vin des offrandes, il lui reprocha son inconduite. Alors, celle-ci lui répondit : “Ne juges pas ta servante comme une vaurienne : c’est par excès de peine et d’affronts que j’ai parlé jusqu’à maintenant”. Touché par la pureté de la prière confiante d’Anne, le prêtre lui enjoignit d’aller en paix dans l’espoir que Dieu lui accorde ce qu’elle avait demandé. À cet instant, la Bible rapporte que le visage d’Anne ne fut plus le même, la tristesse l’avait quittée, elle remangea et eut confiance.
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Samuel, fruit d’une prière
Exaucée, Anne conçut un enfant qu’elle nomma Samuel, Shem-El, “Le Nom de Dieu”, “car, dit-elle, je l’ai demandé à Yahvé”. Se souvenant de sa promesse et après qu’elle eut sevré son enfant, elle le consacra à Yahvé. Le récit d’Anne renvoie à un thème récurrent de la Bible, un fils accordé par Dieu à une femme stérile, comme le seront Isaac, Samson ou Jean-Baptiste. Tous ces fils manifesteront une grâce particulière issue de ce don divin. Samuel sera en effet le dernier des Juges assurant la transition avec la royauté.
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Le Cantique d’Anne
C’est lors de la présentation de son enfant au temple qu’Anne prononcera l’un des plus beaux cantiques de la Bible qui inspirera le non moins célèbre Magnificat de Marie lors de la Visitation à sa cousine Élisabeth, également stérile et qui donnera naissance à Jean le Baptiste. Cette prière d’une beauté toute confiante dans la magnificence divine commence ainsi : “Mon cœur exulte en Yahvé, ma corne s’élève en Yahvé, ma bouche est large ouverte contre mes ennemis, car je me réjouis en ton secours”. Ce cantique célèbre la toute-puissance de Dieu en faveur du plus faible au-delà de toute espérance. Si les pleurs d’Anne accompagnaient le début de ce récit poignant, c’est par un cri d’exultation que se conclut ce beau témoignage d’espérance qui inspirera le peintre Jan Victors ou encore Lambert Doomer, élève de Rembrandt.
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