La crèche de Noël est d’abord et avant tout un événement familial, un moment partagé et un moyen de transmettre un héritage, celui d’une France multiséculaire. Parce que la fête que célèbrent nos crèches va bien au-delà de la naissance du Christ elles ne constituent en rien un acte de prosélytisme religieux, et donc une remise en cause des principes de la laïcité française.
Le 4 décembre dernier, c’est avec lassitude et consternation que nous avons appris dans la presse que Pierre Pouëssel, préfet de l’Hérault, a saisi le tribunal administratif de Montpellier pour lui demander le retrait de la crèche installée dans le hall de l’hôtel de ville de Béziers. Quelques jours plus tard, le jeudi 13 décembre, le juge des référés donnait raison à la préfecture et enjoignait la commune de retirer la crèche. Robert Ménard, maire de la ville, dut par conséquent la déplacer de plusieurs mètres, à l’extérieur de la mairie, afin de se conformer à la décision de justice.
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Le juge justifie sa décision en mettant en avant le fait que « l’installation d’une telle crèche, à titre temporaire, à l’initiative d’une personne publique, dans un emplacement public, n’est légalement possible que lorsqu’elle présente un caractère culturel, artistique ou festif, sans exprimer la reconnaissance d’un culte ou marquer une préférence religieuse ». Or, même si les crèches de Noël comportent des symboles religieux, elles sont aussi, comme l’a rappelé à juste titre le Conseil d’État, « une représentation susceptible de revêtir une pluralité de significations », notamment traditionnelles et culturelles. En cela, elles ne violent aucunement l’article 28 de la loi de 1905 concernant la séparation des Églises et de l’État qui affirme qu’ « il est interdit, à l’avenir, d’élever ou d’apposer aucun signe ou emblème religieux sur les monuments publics ou en quelque emplacement public que ce soit, à l’exception des édifices servant au culte, des terrains de sépulture dans les cimetières, des monuments funéraires, ainsi que des musées ou expositions. »
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De fait, en quittant la sphère purement religieuse pour épouser une dimension culturelle et artistique, nos crèches ont toute leur place dans l’espace public, et notamment dans nos mairies. Beaucoup de juges l’ont d’ailleurs très bien compris comme ce fut le cas en novembre dernier, lorsque le tribunal administratif de Lyon, saisi par la Ligue des droits de l’Homme, a donné raison à Laurent Wauquiez qui avait fait installer des crèches dans l’hôtel de région. Le juge a alors fait valoir, à juste titre, que ces crèches présentaient « un caractère culturel ou festif » permettant de valoriser les traditions et les savoir-faire locaux et avaient donc toute leur place au sein du bâtiment administratif.
Un élément prépondérant de notre culture
En effet, même si la crèche, tradition instaurée par Saint François d’Assise au XIIIe siècle, reste pour beaucoup un moyen de commémorer la naissance de Jésus, elle est également un élément prépondérant de notre culture. Les santons, qui peuvent être des bergers, des lavandières, des menuisiers, des avocats, des riches, des pauvres, sont le reflet de l’ensemble des couches de la société unies symboliquement autour d’un message d’espérance, de fraternité et de solidarité. La crèche de Noël est d’abord et avant tout un événement familial, un moment partagé, un moyen de transmettre un héritage, celui d’une France multiséculaire. La fête que célèbrent nos crèches va par conséquent bien au-delà de la naissance du Christ et ne constitue en rien un acte de prosélytisme religieux, et donc une remise en cause des principes de la laïcité française.
Ces attaques contre nos crèches qui ne proviennent ni des musulmans, ni de la majorité des athées qui trouvent parfaitement normal que la France honore ses traditions, sont en réalité le fait d’idéologues qui se servent de la laïcité tout en la dénaturant afin de faire disparaître de l’espace public toute référence chrétienne. Elles ne constituent finalement qu’une fable emplie de dogmatisme et de sectarisme dont l’objectif final est bien de s’en prendre à notre identité et à nos racines chrétiennes en érigeant la laïcité en une véritable religion d’État et en s’en servant comme d’un paravent pour mieux dissimuler un militantisme anti-chrétien acharné.
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Nier à la crèche de Noël toute dimension culturelle est un non-sens que promeuvent énergiquement les laïcards afin de tenter d’effacer méthodiquement la dimension chrétienne de notre identité culturelle et de s’en prendre à terme à notre calendrier, à nos jours fériés ou encore à nos édifices cultuels. Nos crèches, qu’on le veuille ou non, font partie intégrante de notre patrimoine et lutter contre revient tout bonnement et simplement à assassiner notre histoire, notre identité et notre civilisation.
Bien sûr, il ne s’agit ici ni de remettre en cause la séparation de l’Église et de l’État, qui est un pilier essentiel de notre République, ni de faire l’éloge d’une religion par rapport à une autre, mais de défendre notre passé qui, malgré ce qu’affirment les fossoyeurs de l’esprit de la loi de 1905, a été forgé et fortifié par le christianisme. Ces intégristes qui utilisent la laïcité pour mieux promouvoir leur haine de ce qui a fait et de ce qui fait encore la France doivent être âprement combattus. Ils ne font finalement que donner du grain à moudre à tous ces islamistes radicaux pour qui la déchristianisation de l’Occident sert amplement leur combat politico-religieux.
Un passé forgé et fortifié par le christianisme
« Là où les laïcards ont fait le vide, les islamistes le remplissent », comme le dit si bien Philippe de Villiers. Défendre la présence de nos crèches dans l’espace public, et notamment dans nos mairies, n’est effectivement pas qu’un combat pour la défense de nos racines chrétiennes et de notre civilisation. Elle est aussi une lutte acharnée contre les tenants d’un islam radical qui utilisent la crise identitaire que traverse notre pays pour asseoir leur idéologie criminelle et dévastatrice. Car, n’en déplaise aux militants anti-crèches, la France, avant d’être laïque, est chrétienne, et ce n’est pas la loi de 1905 qui change quelque chose à cette glorieuse réalité.
Kevin Bossuet, professeur d’histoire ; Ferréol Delmas, président de l’Union des jeunes pour le progrès (UJP) et secrétaire-général des Républicains-Sorbonne ; Romain Naudin, secrétaire-général et porte-parole de l’Union des jeunes pour le progrès (UJP) et vice-président des Républicains d’Assas.