La Fraternité des Parvis n’existe que dans le diocèse de Lille. Elle se veut d’abord une présence. Rencontre avec un jeune professionnel de 25 ans qui a simplement choisi de vivre dans une barre du faubourg de Béthune, un quartier défavorisé de Lille.
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Les parvis ? Aujourd’hui le pape François parle plutôt des “périphéries”. C’est la même idée. En sortant de son église, on se retrouve sur le parvis, sur la place, dans la cage d’escalier, sur le parking, dans les couloirs du métro… il y a partout des gens qui ne partagent pas la même foi. La Fraternité Diocésaine des Parvis se donne simplement cette mission : “Être posé à un carrefour de vie, prêt à aimer qui passe”.
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Au début des années 2000, suite au Synode des Jeunes, l’évêque de Lille Monseigneur Gérard Defois propose à un groupe de jeunes d’animer les messes de l’église Saint-Maurice. Ce groupe est le noyau originel de la Fraternité Diocésaine des Parvis, constituée en Association Publique de Fidèles à la Pentecôte 2006. Depuis sa fondation, elle s’ancre dans la spiritualité de Madeleine Delbrêl (1904-1964). Cette “sainte de la vie ordinaire”, comme le dit l’Église, a consacré sa vie à être une présence de Jésus dans les milieux ouvriers pauvres et déchristianisés de la banlieue parisienne.
Un “carrefour de vie”
La Fraternité Diocésaine des Parvis, composée uniquement de laïcs, est envoyée en mission par l’évêque à la rencontre de ceux qui restent sur le parvis sans entrer dans l’église. Il y a actuellement cinq lieux de mission sur la métropole lilloise : les églises Saint-Maurice de Lille, Saint-Gérard de Lambersart et Saint-Jean-l’Evangéliste de Tourcoing, la Maison Madeleine Delbrêl du Vieux-Lille et le faubourg de Béthune.
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Faubourg de Béthune, c’est l’un de ces “carrefours de vie”. C’est un quartier populaire de Lille, une zone urbaine “sensible” selon la terminologie en vigueur. Actuellement, il y a sept missionnés au faubourg de Béthune. Trois jeunes professionnels se sont engagés à vivre un an minimum dans une barre HLM. Grégoire, que nous avons interviewé, y vit depuis deux ans. Il souligne l’importance de partager les mêmes lieux de vie et donc les mêmes désagréments : “Le chauffage, par exemple, est allumé après la première vague de froid, ce qui fait que nous avons tous froid tous les ans début octobre et nous pouvons en rire avec nos voisins”. Le diocèse a loué un petit local pour se rencontrer entre voisins. Les élus du quartier soutiennent cette initiative qui créé du lien.
Jeudi soir au faubourg
Tous les jeudis soirs à 19h, appartement 2, c’est une heure de repas, une heure de prière. Chacun apporte quelque chose. “Nul n’est trop pauvre pour n’avoir rien à donner” dit le pape François. “On n’apporte rien de plus, on reste dans l’être, on doit accepter de ne pas changer les choses” dit Grégoire. Accepter que celui de l’appartement du dessous continue de vivre dans une addiction. Pas d’activisme, juste une présence. Ne pas “faire pour” eux mais “faire avec” eux. Pas facile dans notre société contemporaine qui veut du résultat ! Certains amis de Grégoire lui disent : “Ça sert à rien, ce que tu fais là-bas”. Pourtant, le jeudi soir, ils sont facilement une douzaine, prêts à oublier leurs soucis de santé, d’argent, de boulot, prêts à faire circuler la photo d’un enfant qu’ils ont réussi à voir dans la semaine. Il n’y a pas de prêtre. Le moment de prière est simple, un chant, les joies de la semaine, les lectures du dimanche suivant, une prière d’intercession formulée tout haut, où “on se porte les uns les autres”.
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Partir quatre jours en vacances dans une maison à 35 minutes du faubourg, c’est un rêve. Ce sont les personnes du quartier qui l’organisent. La Fraternité ne leur offre pas des vacances, elle part “avec” eux. Dès le mois d’avril, on cherche le financement, on choisit déjà les menus. En juillet dernier, ils étaient 30, dont des ados qui campaient sous la tente pour la première fois, parce que la maison était trop petite pour tout le monde. Efficace ou fécond ?