« L’amour, oui, les commandements, non ! », entend-on souvent. Si l’amour est un « commandement » de Dieu, l’amour ne signifie pas qu’il est une contrainte mais une nécessité libératrice pour notre épanouissement.
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S’il existe une notion chrétienne à laquelle nos contemporains restent très attachés, c’est bien l’amour. Alors que les termes de « dogmes », de « péché » ou de « salut », voient leurs cotes de valeur diminuer avec la sécularisation, l’amour, loin de tomber en désuétude, est au contraire plébiscité. Quand un catholique rappelle que le credo de l’Église affirme que « Dieu est Amour », le non-croyant, ou l’agnostique, applaudit des deux mains.
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Cependant, l’affaire se corse quand notre agnostique lit dans l’Écriture que Dieu nous demande de L’aimer. Là, le sympathisant de la première heure commence à tiquer. Non seulement tous les commandements religieux lui sont suspects, mais surtout, son logiciel de pensée butte sur ce qu’il ressent comme une injonction illogique : il pensait faire montre de bonne volonté en reconnaissant à l’amour une valeur transcendante, comme Luc Ferry, et en louant le christianisme pour cela, et voilà maintenant qu’on le somme d’aimer cette divinité qu’on lui avait dépeinte dans un premier temps sous des traits si avenants ! « Comment ! se récrie-t-il. Ce Dieu qui n’est qu’amour, dilection et tendresse, le voilà à la fin qui se révèle lui aussi comme une divinité qui ordonne, prescrit et commande ! Et par-dessus le marché, qui commande de L’aimer ! Comment une telle contradiction est-elle possible ? ».
Rendre l’amour obligatoire ?
Ils sont nombreux à penser de la sorte. L’amour, qui représente la gratuité même, peut-il en effet devenir l’objet d’une obligation ? Un homme a-t-il le droit de notifier à celle dont il désire devenir l’époux, l’ordre de l’aimer ? N’est-ce pas introduire la contrainte et la violence psychologique dans ce qui ressortit à la spontanéité et à l’absence de tout calcul ? Généralement, les amoureux tombent dans les bras l’un de l’autre sans avoir besoin pour cela qu’un tiers le leur ordonne ! Pourquoi n’en irait-il pas pareillement au sujet de l’amour de Dieu, surtout quand on sait que l’amour de l’homme et de la femme est le signe de celui de Dieu et de l’Église ?
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Idem pour le dimanche. On présente le Jour du Seigneur comme celui de la gratuité, du partage. Alors, quelle raison pousse le Magistère à faire de son respect un « commandement de l’Église » ? Pourquoi rendre le repos dominical obligatoire ? N’est-ce pas introduire la négativité d’une contrainte dans ce qui devrait être vécu comme pure positivité festive ?
Aimer est moins facile qu’on ne croit
Afin de répondre à ces questions, il est nécessaire de replacer l’homme dans la situation qui est la sienne dans les domaines spirituel et moral. Tant qu’il vivait en parfaite harmonie avec Dieu, son prochain et lui-même, et avant d’avoir prêté une oreille trop complaisante aux suggestions du démon, l’homme n’avait pas besoin qu’on lui intime l’ordre d’aimer son Créateur et son semblable. Sa justice naturelle l’y portait spontanément.
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Hélas ! La chute est venue tout compliquer. Aimer nous est devenu plus difficile. Souvent, notre amour est incurvé : à travers l’autre, ou Dieu, c’est souvent notre satisfaction personnelle que nous cherchons plutôt que son bien ou l’honneur dû au Créateur.
Notre volonté blessée se trompe souvent d’objet
Ou bien nous n’arrivons pas à pratiquer toujours ce que nous savons être le bien. Souvenons-nous des paroles de Paul : « Ce que je voudrais faire, ce n’est pas ce que j’accomplis, et ce que je ne veux pas, je le fais » (Rm 7, 15). Surtout, depuis le péché originel, l’homme a tendance à chercher et placer le bonheur ailleurs qu’en sa source, c’est-à-dire ailleurs qu’en Dieu. D’ailleurs, le terme « péché » en hébreu a la signification d’un ratage de cible.
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Toutefois, notre Créateur et Sauveur ne se résigne à nous voir emprunter ces voies sans issue. En nous ordonnant de L’aimer plus que tout, et « de tout notre cœur, de toute notre âme et de toute notre force » (Dt 6,6), Il espère corriger cette inclinaison dommageable à notre bonheur. Le commandement divin, loin de constituer une contrainte, est au contraire au service de notre épanouissement.
« Qui est comme Dieu ? »
Il existe une ultime raison à ce commandement. Comme Dieu excède les attentes naturelles de l’homme, en nous enjoignant de L’aimer plus que tout, Il désire nous combler au-delà de ce que nous pensons Lui demander pour assurer notre bonheur. En effet, nos souhaits restent souvent entachés d’erreur, ou d’idolâtrie, voire de mesquinerie et de manque d’ambition. Aussi cet amour-obligation nous rappelle-t-il que nous n’avons pas toujours conscience de ce que nous perdons à ne pas aimer Celui qui est capable, et qui désire, nous dispenser des biens dont nous n’avons pas, nous, créatures finies, seulement l’idée.
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C’est la transcendance et l’infinité de Dieu, de « Celui qui peut au-delà et plus qu’au-delà de ce que nous pouvons concevoir ou désirer » (Ep, 3, 20), qui Lui dicte de nous commander de L’aimer, de telle sorte que nous découvrions chaque jour Ses bienfaits surabondants, et surtout la richesse infinie de l’Être qui « dépasse tout ce qu’on peut imaginer » (Ph 4,7).