Pour ceux qui ont bien connu les martyrs d’Algérie, leur béatification prochaine encouragera les hommes à faire “le pari” de la confiance, de la rencontre et de la vie.
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La mort des martyrs d’Algérie “n’a en rien été un échec”, estime fièrement le père Jean Landousies, lors d’une soirée à Rome organisée par l’ambassade de France près le Saint-Siège et dédiée aux martyrs algériens tués entre 1994 et 1996.
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Chef de la section française de la secrétairerie d’État du Saint-Siège, plus connu pour traduire régulièrement les propos du pape François lors des audiences générales du mercredi place Saint-Pierre, le père Landousies a passé vingt ans en Algérie. Il a parfaitement connu chacun des 19 martyrs qui seront béatifiés samedi 8 décembre prochain à Oran. Pour lui, leur mort, par la force du témoignage qu’elle comporte, est au contraire un “authentique signe de vie”.
La mort de ces religieux, est le “signe le plus parlant de leur fidélité à Dieu, et au peuple Algérien”, considère le prêtre français de 72 ans. Leur béatification est donc la reconnaissance d’une Église qui ne cherche aucun “privilège mais qui se fait servante” en vivant “pour, dans et par” l’humanité.
“Pour moi, ils sont encore vivants”
“Ce n’étaient pas des héros, mais des gens très simples”, déclare plein d’émotions le prêtre français. “Pour moi, ils sont encore vivants, j’ai encore leurs visages devant les yeux”, confie-t-il à Aleteia. C’étaient des hommes et des femmes qui “ont fait confiance à Dieu et au peuple algérien, quelles que soient les circonstances, parce qu’ils savaient que la confiance est un pari”. À l’image de ce que répétait Mgr Pierre Claverie, évêque d’Alger d’alors, comptant parmi les martyrs prochainement béatifiés : “Dieu en Jésus-Christ fait le pari de la confiance”.
Alors peut-être que par cette béatification, Dieu a voulu attirer l’attention de toute l’Église pour “qu’elle vive aussi ce pari de la confiance” en la rencontre et en la vie, se réjouit le père Landousies.
“Ces religieux n’étaient pas des doux rêveurs, ils l’ont fait en connaissance de cause, pour témoigner de la force de l’amour”. À eux seuls, ils constituaient en Algérie une “Église de la rencontre” : leur vie était dépouillée de tout ce qui n’était pas nécessaire, explique le prêtre français. Une condition indispensable selon lui pour pouvoir se rendre au contact des populations. C’est dans cet esprit que tous les martyrs ont vécu avec les gens de leur quartier ou de leur village.
Un “lieu régénérant comme une maison familiale”
Le frère Luc, médecin de Tibhirine, pour ne citer que lui, a porté au monde une bonne part de la population vivant aux alentours du monastère. Le message de vie dont sont détenteurs les martyrs d’Algérie, est ainsi peut-être particulièrement présent dans l’atmosphère familiale qui résonnait dans l’enceinte du monastère de Tibhirine.
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De nombreuses personnes s’y rendaient chaque jour, affirme François Vayne, journaliste et habitué des lieux dans son enfance. C’était un “lieu régénérant comme une maison familiale”, affirme-t-il. Tibhirine signifie “jardins irrigués” en berbère. Pour cette raison, grâce à leur béatification, leur message “peut irriguer les jardins de notre vie”. Le monastère était “à l’image de l’humilité des moines de Tibhirine”. C’était une église “pauvre mais riche d’amour, comme celle des premiers chrétiens”.