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Le jardin de l’âme, sainte Thérèse d'Avila le décrit dans la "Vie". Pour cette mystique du XVIe siècle, grande experte du cheminement spirituel, survient le temps de l’émondage survient toujours, après l’euphorie des débuts du cheminement spirituel que connaissent la plupart des convertis : le Seigneur fait le ménage. "Puis vient le temps de la sécheresse, dès que Dieu nous retire l’eau de sa grâce", souligne-t'elle. Ensuite arrive "une période où Dieu veut aider si bien le jardinier qu’Il prend sa place et fait presque tout le travail ». L’âme alors « est dans le ravissement. En un instant, le Jardinier céleste fait croître les fruits et les fait mûrir de telle sorte qu’elle peut vivre des fruits de son jardin ». Et sainte Thérèse conclut ainsi :
Ce jardin de l'âme est pour sainte Thérèse d'Avila une mise en récit de la vie de prière. Elle aimait beaucoup ce passage de l'Évangile selon saint Jean, celui où la samaritaine dit à Jésus : « Seigneur, donne-moi de cette eau, que je n’aie plus soif. » Thérèse le découvre à travers une peinture qui décorait un des salons de sa maison familiale : au bord d’un puits, Jésus est assis, en train de dialoguer avec une femme venue chercher de l’eau. Au bas de ce tableau : une inscription en latin, citant l’Évangile : "Donne-moi à boire".
Dans l’esprit de Thérèse, cette image de l’eau et de la rencontre au bord d’un puits symbolise notre relation à Dieu. Elle va s’enrichir au fil du temps de toutes sortes d’images empruntées à la nature et à sa beauté qui exprime quelque chose de plus grand que nous.
Thérèse a sous les yeux la terre de Castille, séchée par le soleil d’Espagne. Pour la rendre fertile, les jardiniers espagnols doivent trouver tous les moyens d’irrigation possibles… le puits, la noria ou roue à godets, le canal d’irrigation... Mais le meilleur arrosage ne dépend pas d’eux, mais de la pluie qui vient du ciel !
Au départ, notre jardin est ainsi en friches mais sainte Thérèse nous assure qu’en commençant à vivre la prière silencieuse – l’oraison – c’est Dieu lui-même qui se charge d’arracher les mauvaises herbes ! De nous dépend seulement l’arrosage du jardin – autrement dit la prière – pour que les fleurs grandissent et s’épanouissent, afin d’accueillir en nous "Celui que notre cœur aime.". Il y a, selon la mystique, quatre manières d'arroser notre jardin intérieur :
1. Le puits ou la prière
Notre prière ressemble à l’effort que le jardinier doit déployer pour aller puiser de l’eau au fond du puits. Il nous faut descendre – comme dans un puits – dans les mots de l’Évangile, lus et relus, pour y découvrir la présence de Dieu…
2. La roue à godets
Là, l’effort du jardinier se trouve un peu soulagé… Pour sainte Thérèse Dieu lui-même vient rejoindre nos efforts pour nous recueillir. C'est là où on commence à expérimenter Sa paix… même si les distractions nous chahutent encore !
3. Le canal d’irrigation
Il s’agit là d’une eau courante que le jardinier n’a plus qu’à canaliser… "Dieu aide tellement le jardinier qu’il prend sa place en quelque sorte, et fait lui-même presque tout", précise sainte Thérèse. Notre recueillement dans la prière est de plus en plus profond et nous commençons à apprendre à laisser faire l’Esprit saint qui prie en nous…
4. La pluie
Enfin, il y a la pluie abondante : le jardinier n’a rien à faire qu’à laisser la bonne pluie imbiber sa terre… Comme on ne peut décréter qu’il pleuve, cette forme de prière est un don de Dieu. Pour la mystique espagnole, c’est le Seigneur qui arrose alors "sans aucun travail de notre part, et ce mode d’arrosage est, sans comparaison, supérieur à tous ceux dont nous avons parlé." Cette prière "laisse l’âme remplie d’une extrême tendresse d’amour", conclut-t-elle.
Le jardin n'est-il pas une magnifique métaphore dont les fruits et fleurs récoltés sont des fruits et fleurs de sainteté ?