Et si la vieillesse était une promesse d’une vie riche et renouvelée ? Et si elle était un art de vivre par la grâce d’une conscience élevée des enjeux de la vie, de nos expériences et de la qualité de nos relations avec les autres ? Et si la vieillesse était tout simplement une nouvelle naissance, un approfondissement, une chance de faire un acte généreux envers les nouvelles générations ?“La vieillesse est une maladie.” Qu’en est-il aujourd’hui de cette fameuse citation du poète antique Térence que nous répétons souvent machinalement sans vraiment savoir pourquoi ? La vieillesse est-elle vraiment une maladie ? Dans nos sociétés occidentales au niveau de vie et au suivi médical toujours en progrès, le nombre de personnes âgées augmente. En France, la moyenne de l’espérance de vie atteint 79,5 ans pour les hommes et 85,4 ans pour les femmes. Nous vieillissons pour des raisons biologiques, mais également pour des raisons culturelles : la vieillesse implique souvent une très nette réduction de l’activité et, par conséquent, l’improductivité. Notre société héritée de l’ère industrielle et d’une croissance interrompue depuis des générations accorde peu d’importance aux personnes âgées que la société productive juge inutile.
Enzo Bianchi, moine italien fondateur de la communauté oecuménique de Bose, est l’auteur d’un traité remarquable sur la vieillesse “La vie et les jours”. Il y remarque avec pertinence “une nouvelle forme de lutte des classes, entre les vieux qui résistent à la marginalisation et les nouvelles générations qui piaffent d’impatience en essayant de trouver une place dans la vie sociale”.
Novice à chaque étape de la vie
Nos sociétés vieillissantes voient le nombre de personnes âgées augmenter tandis que celui des jeunes diminue. Dans ce contexte, le mythe de la jeunesse comme un âge désirable, enviable et riche d’espérance prend de plus en plus d’ampleur. Nous n’admettons pas que le temps passe, nous redoutons les signes de vieillissement du corps… Les modes et l’opinion contemporaine exaltent le jeunisme, quand l’âge devient vite le synonyme de la faiblesse et du déclin. Ne faudrait-il plutôt se libérer de la peur de vieillir pour apprendre à bien vieillir ?
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Il ne s’agit pas de nier les grandes ombres et les fragilités de la vieillesse. Mais celle-ci ne doit pas être aliénée : vieillir fait partie du chemin de l’existence, ce temps de la vie contient ses propres atouts. Apprendre à vivre concerne chaque temps de notre vie, qui ne se vit qu’une seule fois. A chaque nouvelle étape, nous avons tout à apprendre.
Une vie généreuse, la clé de bien vieillir
Pour Enzo Bianchi, il existe trois ingrédients essentiels dans l’art de bien vieillir : une vie bonne, une vie belle et une vie heureuse. Une vie bonne, c’est une vie qui consiste à poursuivre le bien commun au quotidien. Une vie belle, c’est celle qui parvient à la contemplation, l’émerveillement et la gratitude. Une vie heureuse est la réponse à notre quête de sens avec son lot d’épreuves et de souffrances.
La clé la plus importante par laquelle l’art de bien vieillir commence, c’est celle d’une vie bonne. Car une vie belle ne peut pas être belle sans être bonne. Et une vie heureuse est “l’effet secondaire” d’une vie bonne et belle…
La vie comme une histoire d’amour
Comment définir qu’une vie est bonne ? Toujours selon Enzo Bianchi, il s’agit d’une vie où la recherche du bien est prioritaire. Le secret ? Avoir l’attitude de rechercher le bien commun jour après jour, avec une conscience éveillée de l’importance de nos choix et de la qualité de vie que nous essayons d’établir avec ceux qui nous entourent. La clé est là ! On ne peut parvenir à une vie réussie sans les autres ! Une bonne vie, c’est finalement une vie marquée par l’amour que l’on donne et que l’on reçoit. C’est tout simplement une histoire d’amour, composée de gestes, petits et grands, de générosité et de gratitude au quotidien, à chaque instant de notre vie.
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N’attendons pas d’être à la retraite ! Dès maintenant et peu importe notre âge, ne perdons jamais de vue le sens des autres. Dévouons-nous auprès des jeunes générations, de tout notre cœur ! Et si la force physique vient à manquer, vivons avec intensité toutes nos actions, en les réalisant avec amour : d’un coup de fil à ses petits enfants jusqu’à l’engagement dans le bénévolat. En oubliant jamais de nous émerveiller comme les enfants des petites choses, des actes bons dont nous sommes témoins, d’un beau paysage ou d’une belle oeuvre d’art.
Il n’y a rien de tel qu’un regard plein d’amour qui protège de la tristesse et de l’ennui. Voilà la quintessence de l’art de bien vieillir comme la décrit Enzo Bianchi. Et il conclut ainsi : si l’on devait émettre un seul souhait à adresser aux jeunes qui ont toute la vie devant eux et toute la vie à bâtir une vie généreuse, il devrait être celui-ci :
“Que l’on puisse dire un jour de toi que tu as beaucoup aimé, que ta vie était une histoire d’amour et que c’était donc une vie qui valait la peine d’être vécue”.
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