Selon une étude publiée par le magazine britannique The Economist, la France serait le seul pays parmi les onze étudiés à connaître une baisse du temps passé par les mères avec leurs enfants durant ces 50 dernières années.
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Une étude, réalisée dans onze pays occidentaux, relayée fin 2017 par la revue The Economist, révèle que les parents passent aujourd’hui en moyenne deux fois plus de temps à s’occuper de leurs enfants que par le passé. En 2012, une mère consacrait en moyenne 104 minutes par jour aux soins de ses enfants, contre 54 minutes il y a 50 ans. Du côté des pères, le temps passé avec les enfants a augmenté de 16 à 59 minutes quotidiennes. Précisons que l’étude britannique se concentre sur les heures dédiées aux « soins » des enfants, c’est-à-dire s’occuper d’eux exclusivement, jouer avec eux, leur lire des histoires, les accompagner à l’école, les câliner, les gronder, etc… Elle ne prend pas en compte les activités qui se déroulent « en présence » des enfants.
Parents now spend twice as much time with their children as 50 years ago (except in France) pic.twitter.com/ejlvRCIKLL
— Max Galka (@galka_max) November 28, 2017
L’exception française
Cependant, un pays échappe à cette tendance : la France. Dans l’Hexagone, la courbe est inversée : le temps passé par les Françaises avec leurs enfants a légèrement diminué entre 1965 et 2012, passant de 100 à 80 minutes pour les femmes diplômées, et de 100 à 60 minutes pour les autres. The Economist conclut de manière assez sommaire que “le stéréotype du couple bourgeois qui boit du vin et ignore ses enfants incroyablement bien élevés semble être exact.”
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En réalité, les raisons qui placent la France en dernière position en matière d’heures passées avec ses enfants, sont plus complexes et avant tout d’ordre économique. Selon les données de l’Insee, le taux d’emploi des femmes en France est supérieur à la moyenne européenne. Il atteint 83% chez les femmes âgées de 25 à 49 ans, tandis qu’il était de 40% dans les années 1960. De plus, l’offre relativement diversifiée en matière de garde d’enfants, les politiques familiales visant à concilier vie familiale et professionnelle, ainsi que l’augmentation du temps libre destiné au loisir personnel, contribuent à diminuer le nombre d’heures passées en compagnie de sa progéniture.
La qualité des moments passés avec son enfant compense-t-elle la quantité ?
Par conséquent, les parents français se semblent pas pleinement satisfaits et tendent à culpabiliser. C’est ce qu’a révélé le baromètre de la relation parents-enfants, établi par Ipsos pour Kinder, publié en 2017, rapportant que 57% des parents culpabilisent de ne pas passer assez de temps avec leurs enfants.
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Certains rétorqueront que c’est la qualité du moment qui compte et non la quantité. Si cette remarque est séduisante, elle éclipse cependant les bienfaits d’une présence, qui, même si elle n’est pas focalisée sur l’enfant, est attentive et prête à ressentir ce qui se passe au fond du cœur de l’enfant. Inès de Franclieu, mère de neuf enfants et spécialiste des questions d’éducation affective, avait confié, lors d’un colloque sur la place de la femme, que « les moments de qualité sont certainement importants mais ils semblent bien insuffisants et souvent bien maladroits face à la présence qui n’attend rien mais est prête à tout. Tout entendre, tout déceler, tout faire émerger, tout accompagner. Car la parole ne se décrète pas. Elle jaillit et a besoin d’être saisie au vol. » Une belle piste de réflexion qui invite à accompagner nos enfants et à réaliser que cet accompagnement nécessite du temps.