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La liberté religieuse en danger dans 38 pays

NIGERIA CONFLICT MUSLIM CHRISTIAN FARMS

Des dizaines de cercueils alignés sur une place de la capitale de l'État de Benue, au Nigeria.

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Agnès Pinard Legry - publié le 22/11/18
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Ultranationalisme agressif, propagation dans certaines régions de mouvements islamistes militants, indifférence quasi générale… Les conclusions du rapport annuel de l’AED sur la liberté religieuse sont alarmantes.

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La récente libération d’Asia Bibi, la chrétienne pakistanaise accusée de blasphème qui était détenue en prison depuis huit ans, est un soulagement. Mais elle ne doit pas occulter les difficultés et souffrances quotidiennes que vivent des milliers de personnes à travers le monde, empêchées de vivre leur foi au grand jour. D’importantes violations de la liberté religieuse ont ainsi été observées dans 38 des 196 pays analysés par l’Aide à l’Église en Détresse (AED) dans son rapport annuel sur la liberté religieuse rendu public ce 22 novembre. Cela représente près de 20% des pays. Un chiffre d’autant plus fort « qu’il s’agit des pays les plus peuplés ; beaucoup plus de 20% de la population mondiale est concernée ».



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Dans le détail, des discriminations, impliquant une institutionnalisation de l’intolérance exercée par l’État ou ses représentants, ont été observées dans 17 pays. Des persécutions, incluant des groupes terroristes et des acteurs non étatiques, ont quant à elles été relevées dans 21 pays parmi lesquels l’Inde, la Chine, l’Indonésie, le Niger, la Libye, le Soudan et l’Arabie saoudite.

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Carte de l'intolérance religieuse en 2018

Derrière ce chiffre, plusieurs réalités s’imposent. La première est « l’augmentation des menaces que les acteurs étatiques font peser sur la liberté religieuse », qu’ils les organisent (Chine, Russie) ou les encouragent, en garantissant une impunité systématique aux auteurs de ces atteintes (Inde). « Cette hostilité s’est aggravée au point de pouvoir qualifier ce phénomène d’ultranationalisme agressif », détaille l’AED.

Qu’en est-il du monde arabe ? “L’État islamique a été démantelé militairement, l’organisation a perdu ses deux capitales qu’étaient Raqqa et Mossoul mais l’idéologie qui l’anime n’est pas morte, loin de là !”, détaille pour Aleteia Annie Laurent, journaliste, experte du Proche-Orient et qui avait été nommée par Benoît XVI experte au synode spécial des évêques pour le Moyen-Orient en octobre 2010. “Au Proche-orient, en un siècle on est passé d’un idéal nationaliste arabe plus ou moins laïcisant à un idéal islamiste. Cette progression s’est nourrie des différents conflits de la région, notamment le non-règlement du conflit israélo-palestinien.”



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Si une diminution des violations de la liberté religieuse imputables aux islamistes est observable dans certains pays tels que la Tanzanie et le Kenya, la situation s’est aggravée d’ans beaucoup d’autres comme le Niger et la Somalie. « Le succès des campagnes militaires contre l’État islamique a dissimulé la propagation dans certaines régions de mouvements islamiques militants », indique l’association. C’est le cas par exemple de l’Égypte et du Nigeria.

À l’approche du 70e anniversaire de la Déclaration universelle des droits de l’homme, dont l’article 18 reconnait la liberté religieuse, comme “un élément fondamental d’un authentique État de droit”, quel rôle pour l’Occident ? “Le monde musulman voit l’Occident comme un monde athée qui a rejeté Dieu de la cité et qui connait une sécularisation galopante”, rappelle encore Annie Laurent. “C’est un regard de mépris et, en réaction à cela, le monde musulman se replie.  sur ses traditions. À nous de retrouver une saine attitude concernant la laïcité”.

 

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