À l’heure où les relations sont tendues entre l’Europe et la Russie, ainsi qu’entre l’Église catholique et le patriarcat orthodoxe russe, le Vatican tente le rapprochement par l’art, une recette qui fait ses preuves…
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“La beauté crée des ponts, rapproche les différentes cultures et fait de tous des frères”, a affirmé Barbara Jatta, directrice des Musées du Vatican. Et pour cause, après l’exposition Roma Aeternae — qui avait attiré des centaines de milliers de visiteurs à Moscou autour de 42 chefs-d’œuvre de Raphaël, Le Caravage, Véronèse, Bellini, Poussin, Le Pérugin, appartenant aux Musées du Vatican — voilà que la Russie rend la pareille avec l’exposition Pèlerinage de l’art russe : de Dionysius à Malevic.
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Cet événement présente la “quintessence du patrimoine artistique russe” : au total 57 tableaux, depuis les icônes pleines de foi et de solennité, jusqu’à la peinture réaliste et ses paysages verdoyants du XIXe et XXe siècle. On y découvre ainsi des peintres tels que Vasilij Perov, Il’Ja Repin, Isaak Levitan, ou encore Kandinskij. Autant d’artistes méconnus en France mais qui n’en sont pas moins incontournables. Il s’agit ainsi de “présenter le message culturel et spirituel de l’art russe au cœur du monde chrétien occidental”. C’est la raison pour laquelle l’exposition, qui s’est ouverte le 20 novembre, a été installée dans l’aile Charlemagne, sur la place Saint-Pierre au Vatican, afin d’attirer les foules en les rendant accessibles au grand public, et et mieux valoriser ces œuvres.
Chercher ce qui unit en dépit des divisions
Si la collection ne suit pas de logique chronologique bien définie, elle compare tout au long du parcours des œuvres profanes et chrétiennes, en soulignant chaque fois les points communs qui peuvent figurer entre elles malgré leur différence apparente.
Car l’objectif se trouve peut-être précisément ici : chercher ce qui unit en dépit des divisions, afin de favoriser le dialogue avec la Russie et spécialement le patriarcat orthodoxe russe, avec lequel les échanges en vue de l’unité des chrétiens, demeurent complexes.
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Bien plus qu’un simple rendez-vous culturel, cette exposition est en réalité la manifestation des échanges et négociations qui se déroulent en ce sens depuis quatre années entre le Vatican et le Kremlin. Elle s’intègre ainsi dans la “diplomatie de l’art” chère au pape François. Une méthode qui fait ses preuves puisque le Saint-Siège en a fait usage en septembre 2017 avec les deux Corées en inaugurant une exposition au Vatican baptisée Séoul et 230 années de l’Église catholique en Corée. Il a fallu attendre un an pour que le leader suprême de Corée du Nord, Kim Jong-un, invite le pape François à se rendre dans son pays.
En 2016 déjà, des œuvres des Musées du Vatican avaient été prêtées en Arménie où le pape s’est rendu en avril de la même année et en Roumanie où il se rendra en 2019. De là à imaginer que le pontife prépare le terrain pour un voyage en Russie, il n’y a qu’un pas…