Canonisé le 14 octobre dernier, Óscar Romero, archevêque de San Salvador dans les années 1970, a vécu le martyre après un ministère illuminé par sa foi en Dieu et son engagement au service de la justice. À redécouvrir avec la communauté de prière sur Hozana.
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Felipe Rojas-Roman, 32 ans, est un avocat originaire du Chili. Il est parti deux ans en mission humanitaire au Salvador où il a découvert la figure de Mgr Óscar Romero. Le témoignage de foi du premier saint d’Amérique centrale l’a bouleversé. Aujourd’hui, il invite chacun à découvrir la vie et le cœur de ce nouveau saint, martyrisé à cause de sa foi, son amour pour les pauvres et de son invitation à la conversion.
Aleteia : Que représente pour vous Mgr Romero ? Comment l’avez-vous rencontré ?
Felipe Rojas-Roman : Assassiné en pleine homélie pour avoir dénoncé les dérives d’un pouvoir oligarchique, Monseigneur Romero est pour moi l’exemple d’une vie donnée pour les pauvres et pour l’Eglise. J’ai “rencontré” Mgr Romero au Salvador, où il a laissé une trace profonde. Il a ancré sa vie sur le Christ, il a toujours été soucieux de rester fidèle à la vérité, il a aussi su adapter son action aux réalités de son pays en proie à une profonde crise sociale et politique dans les années 1970 : inégalités, coups d’Etat, mais aussi persécution des chrétiens. Il parle lui même de ses orientations politiques : “on peut appeler cela une conversion, mais je pense qu’il serait plus juste de la définir comme un développement du processus de connaissance. J’ai toujours voulu suivre l’Évangile, même si je ne me doutais pas de l’endroit où il allait m’emmener.”
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Quel sens donner au martyre d’Óscar Romero ?
Sans se douter que cela allait le conduire à donner sa vie, Mgr Romero nous montre le chemin à la suite du Christ : un chemin qui ne mène pas vers nous-même et notre confort, mais vers Lui, en se laissant transformer par le seigneur et le laisser agir à travers nous. C’est ce que n’avaient pas compris bon nombre de ses ennemis qui le qualifiaient d’agitateur politique. Le pape François souligne par ailleurs que le martyre d’Óscar Romero n’a pas pris fin avec sa mort : “Le martyre de Mgr Romero n’était pas ponctuel au moment de sa mort, c’était un témoignage de martyre avant pendant et après, des souffrances et des persécutions antérieures, jusqu’à sa mort. Mais aussi plus tard, car une fois mort, j’étais un jeune prêtre et j’ai été témoin de cela, il a été diffamé, calomnié et souillé, c’est-à-dire que son martyre a été perpétué même par ses frères dans le sacerdoce et dans l’épiscopat.”
On lui a beaucoup reproché d’être une personnalité très politique ?
Non. Saint Óscar Romero n’a pas agi par conviction politique. En prophète, il s’est élevé contre des injustices qui résultaient de l’appropriation de la richesse par quelques-uns – une attitude toute contraire au message de l’Evangile. Et que dit l’encyclique Laudato si’ du pape François ? D’adopter une nouvelle façon d’entrer en relation avec la création. Créatures de Dieu, nous sommes appelés à voir Sa création comme un lieu de rencontre avec Lui. Ce message chrétien doit être entendu et adapté à toutes les situations ou des dérives ont pu apparaître.
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Comment les chrétiens peuvent-ils mieux suivre le chemin qu’il a lui-même emprunté ?
Je crois que le pape François et Mgr Romero sont deux pasteurs, deux bergers qui luttent corps et âme pour le bien et l’unité de leurs brebis. C’est ce témoignage qui doit inspirer l’Eglise toute entière. Tous deux ont osé descendre vers les périphéries, vers les endroits où la solitude, la souffrance, la dégradation humaine, détruisent sauvagement le troupeau des fidèles. Le pape François et Mgr Romero évangélisent non pas par ce qu’ils disent, mais par ce qu’ils font et de leurs actes, ils nous invitent, en tant que chrétien, à emprunter cette voie du Christ, à descendre aux confins de la douleur humaine et à envisager l’option préférentielle de l’église. Avec les pauvres, être le protagoniste d’une église pauvre pour les pauvres.