Le diocèse de Paris vient de déposer un permis de construire pour un vaste projet d’habitat partagé en plein cœur du VIe arrondissement parisien qui devrait voir le jour en 2022. Quand l’immobilier se fait solidaire.
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Un programme immobilier pour ouvrir le cœur de la capitale aux plus démunis, c’est le pari qu’a fait le diocèse de Paris en lançant un projet d’habitat partagé inédit dans un ancien couvent situé dans le VIᵉ arrondissement parisien, rue de Vaugirard. Concrètement, le diocèse compte s’appuyer sur trois associations pour monter des colocations solidaires : l’association pour l’amitié (APA), qui organise des colocations entre des personnes de la rue et des jeunes actifs, Marthe et Marie, qui propose des colocations mêlant femmes enceintes ou jeunes mamans en situation de précarité et jeunes femmes bénévoles, et Simon de Cyrène qui propose des colocations avec des personnes handicapées. « Au total il devrait y avoir plus de 60 personnes aidées », souligne Jacques Matha, président de l’association immobilière du diocèse de Paris et responsable de ce projet.
Lancé en 2013, ce projet, dont le permis de construire est actuellement en cours d’instruction, a été permis grâce au don fait par des religieuses de l’ordre de la Visitation. « Il y a quelques années, l’ordre de la Visitation disposait à Paris de deux couvents : un situé rue de Vaugirard (celui légué au diocèse de Paris, ndrl) et un autre, toujours en activité, du côté de Denfert-Rochereau. Mais en 2010-2011, les religieuses du couvent de Vaugirard n’étaient plus que cinq et particulièrement âgées », rappelle Jacques Matha. « Elles se sont alors dits que si elles partaient, le bâtiment allait certainement être vendu par leur Ordre afin d’avoir des ressources financières pour développer l’activité là où il y avait des vocations ». En 2011, alors que les religieuses réunissent leur conseil pour réfléchir à leur avenir, « elles découvrent que ce monastère avait un statut qui faisait que, civilement, il était autonome, c’est-à-dire que le pouvoir de décision était dans les mains de la supérieure et de son conseil. En d’autres termes, la supérieure pouvait vendre à qui elle voulait ». Elles ont donc décidé de ne pas le vendre afin qu’il reste un bien d’église et se sont proposées de le donner au diocèse de Paris.
C’est à ce moment-là que Jacques Matha a été missionné par Mgr Beau, alors évêque auxiliaire de Paris et vicaire général, pour monter le projet. « J’ai dû monter un dossier pour vérifier que l’apport de ce monastère au diocèse au titre d’un euro symbolique était possible. Dans ce cadre-là nous avons lancé la procédure du côté du monastère qui est soumis à l’autorité du service du culte de la préfecture. Mais les sœurs voulaient aussi avoir l’accord du Vatican sur ce transfert immobilier ! Elles passaient outre l’accord de leur ordre mais voulaient avoir celui de Rome », résume le responsable du projet.
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À l’été 2013, le diocèse de Paris obtient les deux accords. « Les religieuses ont mis des conditions à leur legs. La première condition était que le diocèse ne le vende pas. Pour cela, elles ont ajouté une clause d’inaliénabilité pendant 99 ans, soit la période maximale possible. Il faut également savoir qu’elles tenaient autrefois un foyer pour jeunes filles mineures », rappelle Jacques Matha. « Leur deuxième condition, et la plus importante, était donc qu’il soit utilisé et géré en bien d’église, c’est-à-dire avec un projet mettant en application l’enseignement du Christ ».
Pour répondre à cette exigence, le diocèse de Paris a donc proposé un projet en précisant qu’il y aurait trois types d’activité : une pastorale, une sociale (les colocations solidaires) et une troisième permettant de récupérer des revenus pour faire fonctionner l’ensemble.
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Au niveau des délais, « le permis étant actuellement en cours d’instruction, je dirais que si tout se passe bien le bâtiment pourrait être livré dans trois ans à partir de cet été, soit en 2022. Mais il y a toujours des risques dans un projet immobilier : on nous a déjà demandé de faire des fouilles archéologiques mais il y a des carrières en-dessous donc on ne sait jamais », prévient Jacques Matha. « Et puis il ne faut pas oublier que nous sommes dans le quartier le plus cher de Paris et certains voisins pourraient ne pas apprécier le projet du diocèse… ».
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« La vocation du collège des Bernardins était d’être un pôle de rencontre de l’Église catholique avec le monde. Ce lieu pourrait devenir un pôle de charité en plein cœur de Paris », résume le président de l’association. « Cela permet de montrer ce que l’Église sait faire : c’est exceptionnel qu’on ait eu gratuitement un ensemble immobilier comme celui-là, de 7.300 m² entre la rue du Cherche-Midi et la rue Vaugirard. À nous d’en faire un témoignage du vivre avec et du vivre ensemble ».