Il ne s’agit pas de faire “pour” les jeunes, mais “de vivre en communion avec eux“, demandent les Pères synodaux dans leur long document final, approuvé la majorité des deux-tiers le 27 octobre 2018 à l’issue du synode sur ‘les jeunes, la foi et le discernement vocationnel’.
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Très long – 167 paragraphes, 55 pages – ce document final formule peu de propositions concrètes pour les jeunes. Il demande toutefois de “renforcer” le Dicastère pour les laïcs, la famille et la vie en constituant un “organisme de représentation des jeunes” (n.123). Les conférences épiscopales sont pour leur part encouragées à constituer un “annuaire des pastorales des jeunes (n.141). Autre proposition concrète : que toutes les institutions ecclésiales offrent aux jeunes “une expérience d’accompagnement en vue du discernement” (n.161).
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Les trois derniers paragraphes (n. 165, 166 et 167) offrent un semblant de résumé de l’ensemble du document : toutes les vocations s’insèrent dans “l’unique et universel appel à la sainteté”. Hélas, admettent les Pères synodaux, trop souvent les jeunes ont délaissé l’Eglise car il n’y ont pas trouvé la sainteté “mais la médiocrité, la vanité, la division et la corruption“. Ainsi, “Nous devons être saints pour pouvoir inviter les jeunes à le devenir”. Il ne s’agit pas de faire quelque chose “pour” les jeunes, mais “de vivre en communion avec eux” (n.116).
“L’urgence” de l’accompagnement
Après deux années d′écoute et des mois de discernement, les Père synodaux ont approuvé un texte qui se veut une ″carte″ pour orienter l′Eglise (n.3). Face à la ″culture du déchet″ dont les jeunes sont parmi les premières victimes, l′Eglise est appelée à se convertir afin de renouveler son action éducative dans un moment particulièrement difficile (n.44). Les jeunes eux-mêmes lui demande d′être une Eglise qui ″brille″ par son authenticité et son exemplarité (n.57).
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La jeunesse étant la phase des tentatives, des expériences et des choix de vie (n.65), l′Eglise doit se tenir aux côtés des jeunes, sans d’ailleurs se limiter au parcours de croissance spirituelle (n.94). Il faut ainsi libérer les prêtres de certaines ″tâches administratives″ pour pouvoir aller à la rencontre des jeunes et les accompagner (n.17). C′est pourquoi les Pères synodaux ont insisté sur la ″nécessité″ de repenser les ″modalités concrètes″ de l′exercice du ministère sacerdotal.
Séminaristes, jeunes prêtres ou encore fiancés en route vers le mariage devraient de toute ″urgence″ être accompagnés ″personnellement″ (n. 95) par de bons accompagnateurs, pieux, équilibrés et à l′écoute (n.102). L’accompagnement, explique le document, aide “à reconnaître, interpréter, et choisir dans la perspective de la foi” (n.97). L’accompagnement doit ainsi se faire “sans moralisme et sans fausse indulgence” (n.102). Cet accompagnement, demandent les Pères synodaux, doit permettre aux jeunes “de discerner dans leur vie les signes de l’action de l’Esprit” (n.64).
Une “courageuse conversion culturelle”
Bien que le synode soit consacré aux jeunes, c’est probablement sur les femmes que les mots du document final sont les plus forts. En effet, les jeunes veulent une “plus grande reconnaissance et valorisation” des femmes (n.55). L’Eglise ne pourra pas ne pas réfléchir la “condition et le rôle des femmes” en son sein (n.148).
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Il faut ainsi une “courageuse conversion culturelle et un changement dans la pratique pastorale quotidienne”, demande le document. Car les femmes doivent être présentes à “tous les niveaux”, y compris aux “fonctions de responsabilité”. “Les jeunes le demandent avec force”. Ces deux numéros ont chacun recueilli un nombre significatif de vote contre, autour d’une trentaine.
Autre sujet celui sur lequel l’assemblée synodale était attendue : la sexualité. Le document insiste sur la “beauté” de la vision chrétienne de la sexualité, mais regrette la difficulté à la transmettre (n. 149). Il est ainsi “urgent” de chercher de modalités “plus adéquates” pour l’enseigner, demande les Pères synodaux. L’éducation affective et sexuelle ne doit en particulier pas se limiter à “des interventions sporadiques et occasionnelles” (n.39). Mais il faut aussi éviter “d’étouffer” les jeunes avec un “ensemble de règles” qui réduisent la foi à une “vision réductive et moraliste” (n.70)
Le document s’attarde aussi sur la question de l’homosexualité, au n.150, celui ayant été voté avec la plus faible majorité. Définir une personne selon on “orientation sexuelle” est réducteur, estime le document. Celui veut veut “favoriser” les parcours proposés par des communautés chrétiennes pour accompagner les personnes homosexuelles dans leur chemin de fin.
“L’humiliant” manque de travail
Ce document revient également sur les réalités vécues par de nombreux jeunes. Notamment la “corruption, la guerre, le commerce des armes” (n.151) ou encore “l’humiliant” manque de travail (n.152). Les Eglises locales doivent agir face à ces situations, plaide le document, par exemple en soutenant l’entrepreunariat des jeunes (n.152). L’engagement politique des jeunes doit aussi être favorisé pour permettre “un réel changement des structures sociales injustes) (n.154).
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Le monde numérique n’est pas oublié par ce document conclusif du synode. Pour les Pères synodaux, notamment un “territoire de solitude, de manipulation, d’exploitation et de violence” (n. 23). Les jeunes eux-mêmes demandent à être “accompagnés pour un discernement” dans un monde “fortement numérisé” (n. 146). Toutefois, tout n’est pas négatif puisque les jeunes – “digital natives” – y on une “mission authentique” d’évangélisation (n. 145). Dans cette veine, le synode espère la créations de bureaux et organismes “au niveaux adéquats” pour l’évangélisation en ligne.
Le “désir” œcuménique des jeune
Le document final revient également sur une ″sous-évaluation″ de l′importance accordée aux expériences précédentes du candidat au sacerdoce (n. 20). Le synode demande également une “attention particulière” à ce que des femmes et des couples mariés soient impliqués dans la formation des futurs prêtres (n. 164). Quant à la pastorale des jeunes, elle doit faire l’objet d’une “préparation spécifique”.
Le document traite également de l’éducation “première et plus importante” demande de nombreux jeunes (n. 158). Les écoles et lieux de formation catholiques sont ainsi des “espaces précieux pour la rencontre avec l’Evangile“.
Le “désir” œcuménique des jeunes a également été apprécié par les Pères synodaux. Les jeunes, en contact quotidien avec des personnes d’autres confessions et religions, “stimulent l’entière communauté chrétienne à vivre l’œcuménisme et le dialogue interreligieux”. Frère Alois, invité spécial au synode et prieur de la Communauté œcuménique de Taizé, a d’ailleurs chaleureusement été applaudi par les Pères synodaux après le vote du document.