Pendant 25 jours, plus de 260 évêques du monde entier – dont même deux de Chine ! – ont quitté leur diocèse pour se consacrer à la situation des jeunes, leur évangélisation et leur rôle dans l’Eglise et la société. Comme le souligne le cardinal Christoph Schönborn, archevêque de Vienne (Autriche), aucune autre institution au monde n’a jamais fait preuve d’autant d’attention envers les jeunes.Une attention qui s’est tout d’abord manifestée par l’écoute très minutieuse aux réalités des jeunes. Si en raison de la structure synodale, la grande majorité des participants étaient des évêques, environ 35 jeunes du monde entier ont été invités à s’exprimer et à partager les débats de l’assemblée. Pour leur part, nombre d’évêques ont longuement écouté des jeunes de leur pays avant de partir à Rome afin d’y transmettre leur voix.
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Les Pères synodaux ont ainsi pu entendre des témoignages reflétant la jeunesse du monde entier. Un jeune irakien a ainsi parlé des persécutions vécues par les chrétiens d’Orient. Le cardinal Dieudonné Nzapalainga, archevêque de Bangui (Centrafrique), a attiré l’attention sur la situation de son pays, touché par les conflits et l’émigration. L’Australien Mgr Anthony Fisher a longuement demandé pardon pour les abus sexuels et de pouvoir commis par l’Église. Et tant d’autres récits souvent poignants…
Une Église “avec” les jeunes
Ainsi plongés au cœur des réalités des jeunes, les Pères synodaux ont pu prendre pleinement conscience de la première nécessité de l’après-synode : bâtir non pas une Église “pour” les jeunes, mais une Église “avec” les jeunes. L’évangélisation des jeunes se fera par les jeunes. Mais cela n’est pas tout : il faut aussi se laisser évangéliser par eux ! Si cela ne peut sembler qu’un tour de passe-passe rhétorique, il s’agit vraiment d’un véritable changement de mentalités.
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Peut-être telle est la clef de ce synode : il ne faut pas s’attendre à des “annonces” retentissantes. Ceux qui attendent des évolutions doctrinales ou des propositions fortes seront probablement déçus. Le changement issu du synode, son véritable apport se trouvera dans un appel à changer d’attitude. Un appel pour une Église plus participative, plus inclusive, une Église “aux bras ouverts”, une Église “samaritaine”, selon les belles formules de Pères synodaux.
Concrètement, cette Église “aux bras ouverts” est une Église qui accorde plus de place à la synodalité, c’est-à-dire à la réflexion ensemble — évêques, clercs, religieux et laïcs. C’est donc une communauté chrétienne qui discerne ensemble, sous la conduite de ses pasteurs mais non sous l’écoute exclusive de leur voix. C’est aussi une communauté qui lutte contre la cléricalisation et donne ainsi plus de responsabilités aux laïcs — notamment les jeunes. Mais c’est aussi une Église qui reconnaît pleinement le rôle des femmes — ce qui ne signifie pas remettre en question l’ordination exclusivement familiale.
L’implication décisive du pape François
L’Église vers laquelle le synode veut tendre est donc une communauté qui sait écouter. Et pour cela, il faut avant tout savoir reconnaître ses propres torts. Le synode devrait donc demander pardon à nouveau pour les abus sexuels et de pouvoir commis par des membres du clergé. Si avant l’ouverture du synode des craintes subsistaient que ce sujet soit source de division entre les Pères synodaux, tous se sont en réalité accordés sur la honte et la tragédie que ceux-ci représentent.
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En somme, ce synode veut être l’élan pour l’Église “aux périphéries”, cette Église “hôpital de campagne” que le pape François appelle de ses vœux depuis son élection au pontificat. Et avec ce synode, il appelle les jeunes à être ses premiers alliés dans cette mission. Conscient de l’enjeu, le Souverain pontife a ainsi été particulièrement impliqué dans le synode. Il a ainsi assisté à quasiment toutes les séances d’assemblée plénière. Et au moment des pauses café, il était pleinement disponible pour échanger avec chacun. C’est ainsi que l’on a vu un évêque français, Mgr Emmanuel Gobilliard, mais aussi des prélats libanais réaliser des selfies vidéo avec le successeur de Pierre.
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Ce véritable effort de l’évêque de Rome, d’être lui-même très largement impliqué, a été vivement salué par les participants au synode. Au départ, ceux-ci craignaient que la présence du pape François représenterait un blocage, certains n’osant pas parler tout-à-fait ouvertement devant lui. Mais au contraire, s’est enthousiasmée une auditrice, les échanges ont été “très francs, sans minimisation”. Et pour nombre de Pères synodaux, c’est justement le souci visible du chef de l’Église catholique pour les enjeux de ce synode qui a permis de délier les langues.