Dans l’État de Chihuahua, situé dans le diocèse de montagne de Tarahumara, au Mexique, les OPM ont soutenu la construction d’une faculté de philosophie, d’une chapelle et d’un internat pour des séminaristes.
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Qui ne connaît pas les Tarahumaras ? Également appelés Raramuri et surnommés peuple “aux pieds légers”, c’est un peuple indigène traditionnel qui vit dans la Sierra Madre occidentale, au nord de Mexico, une région sauvage montagneuse où de hauts plateaux jouxtent des gorges impériales, entre 1.500 et 1.800 mètres d’altitude. Là-bas, le climat est rude : l’été est marqué par de fortes chaleurs et d’importantes précipitations, tandis que l’hiver, les chutes de neige sont de rigueur dans ces terres à l’écart du monde.
Une région isolée
Le diocèse de Tarahumara, fondé en 1950, compte aujourd’hui quelque 340.000 fidèles. Là-bas, on compte environ un prêtre pour 7.000 fidèles. L’évêque des lieux, Mgr Rafael Sandoval, accorde une grande importance à la culture du peuple Tarahumara et désire que les séminaristes effectuent les premières phases de leur formation en contact étroit avec les traditions culturelles et religieuses de leur peuple.
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Jusqu’en 2014, l’isolement de cette contrée contraignait certains séminaristes à effectuer jusqu’à neuf heures de marche pour suivre leur formation. Dur dur de s’accrocher dans ces conditions. Aussi pour former ses pasteurs, le diocèse de Tarahumara s’est résolu à construire son séminaire. Il s’agissait non seulement de proposer aux séminaristes une formation de qualité dans un lieu adapté mais aussi éviter leur déracinement. Il devenait nécessaire voire évident de donner aux fidèles des Tarahumaras des pasteurs qui parlent leur dialecte. En effet, le travail d’évangélisation est compliqué dans cette région du monde et la pastorale en langue locale semble essentielle, d’où la nécessité d’avoir des prêtres autochtones capables de prêcher l’Évangile dans leur propre culture, tout en se faisant fort d’intégrer les multiples traditions locales.
L’adaptation à la pluralité indigène
L’évêque a donc fait appel aux Œuvres pontificales missionnaires (OPM) pour ce projet de séminaire qui permet de poursuivre l’œuvre d’évangélisation des jésuites arrivés dans cette région au début du XVIIe siècle. Carlos Regino Villalobos, séminariste mexicain, connaît bien les enjeux de ce type de mission. Il décrit les communautés locales comme “aussi riches que complexes”. Il s’explique : “Le travail d’évangélisation est ardu et compliqué. Les traditions sont variées et diverses selon les régions, de sorte que la pluralité indigène implique un défi pour la pastorale dans la langue locale, associée à la mentalité de la Sierra”. Car même si près de 90% de la population est catholique, il faut aussi composer avec le poids très fort de certaines traditions ancestrales telles que la danse pour demander à Dieu d’envoyer la pluie. Fêtes et célébrations occupent une place centrale dans la vie de la communauté.
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Ici, une grande partie de la population de la région vit dans la pauvreté, voire la grande pauvreté, et se retrouve à la merci des partis politiques et des trafiquants de drogue. Sur place, plusieurs communautés religieuses, comme les Filles de la Charité et la Congrégation de la Mission, accomplissent un travail essentiel, se consacrant au suivi médical et à l’éducation de populations autochtones. Pour Carlos Regino Villabolos, même si les défis à relever sont nombreux, “c’est l’une des plus belles missions du Mexique”. Dans ce pays marqué par le martyr, depuis le sang versé par les cristeros dans les années 1920 jusqu’aux récents assassinats de prêtres — le corps du père Ícmar Arturo Orta, de Tijuana, a été découvert le 13 octobre dernier —, le sens de la mission semble évident.
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