Les manifestations de piété populaire regagnent du terrain, se réjouit le recteur de la basilique d’Argenteuil, connue pour renfermer la tunique qu’aurait portée le Christ lors de sa Passion.
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“Lorsque je suis arrivé à la basilique, en 2015, la Tunique d’Argenteuil, le vêtement du Christ lui-même, était dans un coin sombre, on aurait dit qu’il avait été complètement oublié”, se souvient le père Guy-Emmanuel Cariot, recteur de la basilique d’Argenteuil. Il a eu la mission d’organiser l’Ostension de la Sainte Tunique en 2016, et celle-ci a connu une affluence record, de 260.000 pèlerins, selon les organisateurs, et quelque 15.000 confessions !
Le retour des processions
Ce cas n’a rien d’isolé. Les sanctuaires marials, en particulier, redeviennent le théâtre des processions du 15 août que l’on croyait reléguées aux manuels d’histoire. “À la fin du dernier siècle, il devait y en avoir une trentaine dans toute la France”, estime le père Cariot… “Mais maintenant, il y en a partout, et le phénomène continue à grandir”.
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Lui-même a été sensibilisé à l’importance de ces piétés par l’exemple d’une relique qui, elle aussi, “trainait” dans un coin de l’église de L’Isle-Adam dont il avait la charge. Il s’agissait du crâne de Godegrand, un saint évêque du VIIIe siècle, qui avait été remis à l’église en l’an Mill et dont plus personne, ou presque ne se souvenait. Le prêtre est allé parler de cette relique à son évêque qui a rétorqué en s’amusant : “Vous avez la tête de l’évêque ? Mais, non je vous assure, elle est bien attachée à mon cou”.
Le père Cariot était pourtant convaincu que ce crâne vieux de plus de 1.200 ans avait une valeur comme outil d’évangélisation. Il a organisé un voyage sur les traces du saint évêque missionnaire. De son temps, Godegrand bravait les loups et les brigands, et on aurait pu se demander si ses compétences seraient utiles pour l’évangélisation des campagnes françaises sécularisées. Mais le père Cariot assure que ses paroissiens ont reçu beaucoup de grâces pendant leur périple… Un périple qui a attiré l’attention de l’évêque — celui qui avait encore sa tête sur les épaules — et qui a recommandé le prêtre pour le poste de recteur de la basilique Saint-Denys-d’Argenteuil. Le prêtre est devenu dès lors un fervent partisan de l’utilisation des reliques, entre autres formes de piété populaire.
Reliques ou idoles ?
Bien évidemment, les actes de piété populaire ne suffisent pas à établir une vie de chrétien épanoui. S’ils ne sont pas accompagnés de la foi, ils peuvent devenir des actes magiques, que l’on accomplit dans l’espoir d’une récompense terrestre. Mais ce sont des “sas” pour reprendre une expression du pape François, qui y voit un moyen d’entrer dans la foi et les qualifie de “trésors de l’Église”.
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Le père Cariot, fort du succès de l’Ostension de 2016, continue sur sa lancée. Il s’est associé aux Veillées Eleison, qui proposent des soirées de prières “pour les malades et pour l’Église”. Outre la vénération de la relique du Christ, ces veillées de prières proposent de s’adonner à une autre forme de piété oubliée : le jeûne. Lui aussi revient à la mode. Outre les services éminents qu’il peut rendre à l’organisme, il est prescrit par Jésus lui-même dans l’Évangile selon saint Matthieu.
Les Veillées Eleison de la Basilique Saint-Denys-d’Argenteuil auront lieu cette année, les vendredis 19 octobre et 7 décembre 2018, 1er février, 15 mars et 24 mai 2019, à 20h00.