Le père Franck Legros a totalement fait sien le verset 8 du psaume 30 : « Ton amour me fait danser de joie ». Ancien danseur professionnel, ce prêtre du diocèse d’Evreux trouve dans cette discipline une nouvelle manière d’évangéliser, à la fois l’âme et le corps. Il vient de publier « Ton amour me fait danser de joie » (Editions Emmanuel), où il témoigne de son itinéraire singulier dans lequel Dieu et la danse cohabitent depuis ses plus jeunes années. Entretien.Le père Franck Legros, 47 ans, est depuis une vingtaine d’années curé de paroisse dans le diocèse d’Évreux. Après avoir débuté une carrière de danseur professionnel, il choisit la prêtrise lorsqu’il réalise avec une soudaine évidence que seul Dieu peut le combler pleinement. Prêtre dynamique et engagé auprès des jeunes, il a organisé de nombreux spectacles chrétiens, des camps de jeunes, des comédies musicales, des festivals, à travers lesquels il n’a de cesse de témoigner joyeusement et aux yeux de tous sa foi en Jésus-Christ.
Aleteia : De quelle manière intégrez-vous la danse dans votre vie de prêtre, et plus particulièrement dans votre mission d’évangélisation ?
Père Franck Legros : En créant l’association Hosanna, en 2001, nous avons répondu à l’invitation du pape François à aller aux périphéries. L’art est un beau moyen pour cela ! Avec les jeunes, nous avons monté des spectacles chrétiens, des veillées d’évangélisation, des comédies musicales, pendant une quinzaine d’années. Nous avons rempli plusieurs soirées d’affilée les 900 places du théâtre d’Évreux ! Le Seigneur nous a donné une audace qui n’a pu avoir lieu que parce qu’elle était accompagnée de la grâce. J’avais à cœur qu’Hosanna propose des spectacles qui sortent des églises. La proposition artistique rend le message évangélique accessible à tous.
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Vidéo. Un prof de danse en soutane !
L’évangélisation de rue vous tient tout particulièrement à cœur. La danse y est-elle pour quelque chose ?
Oui, la danse facilite clairement l’évangélisation de rue. Un curé en soutane en train de danser, ça attire ! C’est un excellent moyen pour évangéliser, pour discuter avec les gens. Il y a de la joie. On touche des gens qui, sans cela, ne seraient pas entrés dans une église. Cela rejoint pleinement notre mission de prêtre, telle qu’elle est décrite par saint Paul : d’engendrer par la Parole. « Je vous écris pour vous reprendre comme mes enfants bien-aimés. Car, dans le Christ, vous pourriez avoir dix mille guides, vous n’avez pas plusieurs pères : par l’annonce de l’Évangile, c’est moi qui vous ai donné la vie dans le Christ Jésus » (1 Cor 4, 14-16), nous dit saint Paul. Il a engendré par la Parole, par l’annonce de la Bonne Nouvelle, par la prédication qui éveille à la vie de Dieu. L’évangélisation nécessite plus que de transmettre un savoir avec pédagogie. Elle nécessite un véritable engendrement, quelque chose qui va donner la Vie.
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Le Festival Beçalel : l’art pour évangéliser
Vous avez à cœur d’évangéliser les âmes, les esprits, mais aussi les corps. Que signifie pour vous « évangéliser le corps » ?
Dans ma prédication, je suis sensible au fait d’aider les chrétiens à intégrer la dimension corporelle dans l’accueil de Jésus-Christ dans toute leur vie. L’Église a une parole d’unité d’être à donner, en intégrant le corps. Nous sommes une religion de l’Incarnation. Il faut que les jeunes, les souffrants, les vieillards puissent vivre même dans un corps qui est douloureux. Dans cette réalité, il y a quelque chose à vivre de la relation avec le Christ. Mettre le corps de côté, c’est dangereux. Le corps doit être intégré, évangélisé. Il est important de parler aux adolescents de leur croissance humaine, spirituelle, affective, sexuelle, car il est nécessaire qu’ils entendent une parole qui les éveille à la liberté et à la dignité de ce qu’ils sont. Il est urgent que l’Église fasse entendre sa voix sur des sujets qui sont traités vulgairement sur internet ou dans les cours de récréation. Comme disait le père Finet, fondateur, avec Marthe Robin, des Foyers de charité, qui parlait si délicatement de ces sujets-là aux jeunes : « Il vaut mieux leur en parler cinq minutes trop tôt que cinq minutes trop tard ». L’Église doit aider ses enfants à grandir. Leur esprit, leur âme et leur corps doivent être formés au feu de l’Esprit et de l’Évangile.