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Être journaliste, un métier trop dangereux ?

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Paul De Maeyer - publié le 16/10/18
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Quelques jours après la disparition du journaliste saoudien Jamal Khashoggi au consulat saoudien d’Istanbul, l’inquiétude monte parmi les experts qui relèvent une détérioration de la liberté de la presse dans le monde.

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Aucune confirmation pour l’heure. Mais il pourrait ne jamais y en avoir. Le journaliste saoudien Jamal Khashoggi, critique du pouvoir de Ryad et exilé aux États-Unis depuis 2017, s’était rendu au consulat saoudien d’Istanbul le 2 octobre pour des démarches administratives en vue de son prochain mariage avec une Turque, Hatice Cengiz. Selon les autorités turques, le journaliste, très critique à l’égard du pouvoir de Ryad, n’aurait jamais quitté le siège diplomatique. Il aurait été assassiné à l’intérieur du consulat. Et ce lundi 15 octobre, l’Arabie saoudite envisageait de reconnaître que le journaliste était mort lors d’un interrogatoire qui aurait mal tourné, selon des médias américains. Le prince saoudien Salman, dans une longue interview Bloomberg.com, s’est déclaré pour sa part prêt à laisser entrer des enquêteurs turcs à l’intérieur du consulat, affirmant “nous n’avons rien à cacher”.


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Toute cette affaire montre encore une fois combien le métier de journaliste peut être dangereux, surtout quand celui-ci se retrouve dans le collimateur de gens très puissants ou enquête sur des affaires de corruption. Trois meurtres récents en sont la preuve et inquiètent les analystes qui font état d’une augmentation des victimes parmi les journalistes depuis l’année dernière.

En Bulgarie, l’affaire Marinova

Le meurtre de la jeune journaliste bulgare Viktoria Marinova, le 6 octobre dernier, a également provoqué une vive émotion en Bulgarie. Son corps portant les signes d’un viol et d’une mort par étranglement, a été retrouvé dans un parc de la ville de Ruse, à la frontière avec la Roumanie. Même si les autorités doutent du lien direct entre le meurtre et sa profession, celle-ci était connue pour son travail d’investigation. Le 30 septembre, rapporte le site Politico.eu, elle avait diffusé une enquête sur des soupçons de fraudes aux fonds européens qui impliqueraient des hommes d’affaire et des élus.


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Selon Daniel Kaddik, directeur du bureau de la Fondation Friedrich Naumann pour la liberté en Bulgarie, il ne fait aucun doute qu’il s’agit d’un meurtre. Dans le classement mondial de la liberté de la presse établi par Reporters sans frontières (RSF), la Bulgarie occupe le 111e rang mondial, le pire classement européen. Le 9 octobre dernier, un citoyen bulgare de 21 ans a été arrêté en Allemagne. Ce dernier était déjà recherché pour meurtre et pour viol. Selon les autorités bulgares, l’ADN du suspect correspondrait à des échantillons prélevés sur la scène du crime. Bien que cet assassinat ait attiré l’attention sur l’état de la liberté de la presse et de la corruption en Bulgarie, le journaliste et expert bulgare Frank Stier a demandé aux médias de faire preuve de plus de prudence et d’éviter de tirer des conclusions hâtives.

A Malte, une bombe contre Daphné Caruana Galicia

Autre affaire de meurtre, celui de la chroniqueuse et blogueuse maltaise Daphné Caruana Galicia, à l’origine d’accusations de corruption qui avaient provoqué des élections anticipées en juin dernier. Celle-ci a été tuée le 16 octobre 2017 par une bombe placée sous sa voiture, après avoir porté plainte contre une série de menaces de mort. La blogueuse n’avait pas hésité à pointer du doigt l’actuel Premier ministre maltais Joseph Muscat et son épouse Michelle, ainsi que leurs liens, entre autres, avec le régime azerbaïdjanais et le puissant secteur pétrolier du jeune pays, détaché de l’Union soviétique (URSS) en 1991.


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En Slovaquie, l’assassinat de Jan Kuciak

Et puis il y a eu l’assassinat, le 21 février dernier, du jeune journaliste slovaque Jan Kuciak, qui travaillait comme collaborateur pour le site Aktuality.sk.. Lui aussi enquêtait sur des affaires d’évasions fiscales ou de fraudes liés à des proches du parti Smer SD (Sociálna Demokracia) du Premier ministre de l’époque Robert Fico [1], et sur des liens entre la politique et la mafia calabraise, en Italie. Il a été tué à son domicile avec sa petite amie Martina Kusnirova. un peu plus d’un mois après l’arrestation de 169 membres présumés de la mafia. C’est la première fois qu’un journaliste est tué en Slovaquie depuis que le pays a rejoint l’Union européenne en 2004.

La liberté de la presse en Europe se détériore

Ces affaires témoignent-elles d’une détérioration de la liberté de la presse en Europe. L’air du temps chez de de nombreuses personnalités politiques de premier plan est au mépris affiché. Le président de la République tchèque, Milos Zeman, s’est présenté, par exemple, lors d’une conférence de presse l’année dernière, avec une fausse Kalachnikov et une inscription guère rassurante « pour les journalistes ». L’ancien Premier ministre slovaque, Robert Fico, en son temps ne cachait pas son aversion pour les journalistes, les qualifiant de “hyènes stupides” et de “sales prostituées anti-Slovaquie” rappelle la Deutsche Welle.


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La situation en Europe est néanmoins moins dramatique que dans d’autres parties du monde, comme la Chine, l’Égypte, la Turquie et le Mexique. Alors que des dizaines de journalistes sont actuellement emprisonnés dans la Turquie d’Erdogan, au moins un journaliste ou un attaché de presse est tué en moyenne chaque mois au Mexique. Rien qu’en 2017, il y a eu 15 victimes, et il y en aurait déjà 11 cette année. Une tendance à la hausse confirmée par Christophe Deloire, secrétaire général de Reporters sans frontières qui a fait état de 56 journalistes tués au cours de l’année 2018, dont 29 étaient des correspondants de guerre.

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