Paul VI sera canonisé ce dimanche 14 octobre. S'il avait déjà une belle réputation de sainteté, Mère Teresa, sa grande amie, peut en témoigner, devenue sainte elle aussi sous le pontificat du pape François. Beaucoup pensent que c'est Jean-Paul II qui a "lancé" Mère Teresa dans le monde entier, mais en réalité c'est Paul VI qui a fait connaître au monde cette merveilleuse sainte et a fait que tous les papes ont été très attentifs à son engagement. A la mort du futur saint pape, le 6 aout 1978, c’est sans hésiter que Mère Teresa a confié aux journalistes : "C’était un saint, un père aimant. Il aimait les enfants et les pauvres… Il est retourné à la maison du Père, maintenant nous pouvons le prier".
"Il a prié le Notre-Père jusqu’à la fin…"
Paul VI est mort le 6 août 1978, fête de la Transfiguration, frappé d’une crise cardiaque alors qu'il écoutait la dernière messe que son secrétaire célébrait à son chevet. Jusqu’au dernier souffle, il a prié le Notre-Père. Mère Teresa raconte : "Quand il était sur le point de mourir, le Secrétaire a célébré la messe près de son lit. Il a eu une crise cardiaque au moment de la consécration. Je lierais cela à ce qu'il a dit l'année précédente, quand quelqu'un lui a dit qu'il souffrait trop, qu'il continuait la Passion du Christ, qu'il souffrait surtout de ce qui se passait à l’intérieur de l'Église, à cause des évêques, des prêtres et des religieux qui quittaient l’Eglise. Le Saint-Père ne s’est pas mis à discuter et à expliquer. Il a dit tout simplement : "Je vis seulement ma Messe". Ce témoignage apparaît parmi d’autres rassemblés dans le livre Paolo VI de l’écrivaine italienne Anna Maria Sicari retraçant les derniers instants de sa vie.
Quel soutien mère Teresa fut pour ce Pape qui lui offrit sa première voiture pour sillonner l’Inde et mit sa vie sur les rails de la sainteté. Jusque dans les moments les plus délicats que dut affronter Paul VI à la fin de sa vie. Un Pape à bout de force. Un Pape qui pense à la mort, la sent proche, portant en lui tant de souffrances personnelles. Quatre mois avant sa mort, la loi sur l'avortement est approuvée par le parlement italien, après des mois et des mois de déchainement médiatique contre lui. Il est inondé de féroces vignettes. Une agression si systématique et injuste qu'André Frossard, au lendemain de la mort de Paul VI, écrira: "La cruauté du monde l'a tué".
"Jésus prouvera qu'il ne l'abandonne pas"
Le voyant souffrir, Mère Teresa ne cesse de prier pour lui et de faire prier ses consoeurs. Elle leur écrit : "Que le Seigneur protège notre Saint Père, lui donne la vie et le rende heureux sur cette terre, ne le laisse pas entre les mains de ses ennemis (…) Ce sont des jours vraiment difficiles pour l'Église, mais comme toujours, Jésus prouvera qu'il ne l'abandonne pas, et que personne ne peut la soumettre". Dans une autre lettre, la sainte écrit : "Comme la tête du Saint-Père doit souffrir avec cette angoisse et cette douleur qu'il éprouve pour l'Église de Dieu".
Et encore une fois, constatant la longue période de crise et de protestation que traverse le catholicisme et la société, Mère Teresa écrit : "Ce sont des temps vraiment difficiles pour l'Église, mais nous devons nous en tenir strictement aux enseignements et aux conseils que nous recevons de l'Église par l'intermédiaire de notre Saint-Père. Ne perdez pas de temps en commérages. Quand vous recevez des nouvelles de prêtres et de religieux qui abandonnent la vie consacrée ; de familles qui se divisent. N'oubliez pas qu'il y a des milliers et des milliers de prêtres et de religieux et de familles heureux, fidèles jusqu'à la mort… Le Christ ne peut pas mourir, l'Église continuera à vivre malgré tout, à aimer Dieu, à aimer l'Église, à aimer le Pape".
"Pour nous vous êtes le Christ"
Trois mois avant de mourir, Paul VI avait reçu Mère Teresa en audience. Elle lui avait dit en le saluant : "Pour nous vous êtes le Christ. Je remercie Votre Sainteté au nom des pauvres, nos pauvres. Ils sont l'offrande de notre amour. Nous voulons travailler pour les plus pauvres des pauvres". A cette audience, l’affection de Paul VI pour Mère Teresa était manifeste. "Accepte-moi comme humble collaborateur dans ton travail d'amour - lui a-t-il demandé - alors qu’une de ses consoeurs entourait le cou du Pape d'une couronne de fleurs", rapporte-t-elle à ses consoeurs dans une de ses nombreuses lettres, émue par la valeur qu’il porte à leur travail (Livre Paolo VI et Madre Teresa).