Dorothy Day est une personnalité inclassable qui a considérablement marqué le catholicisme américain : le pape François l’évoquait dans son discours devant le Congrès américain comme l’une des figures chrétiennes les plus marquantes du XXe siècle. Les éditions du Cerf ont eut l’heureuse idée de publier son autobiographie qui est le récit d’une véritable conversion du cœur et qui présente une femme dont la quête de Dieu a constitué le centre de sa vie.Née d’un père journaliste, Dorothy Day a eu très jeune une conscience sociale particulièrement développée. C’est ce qui l’a poussé à devenir à son tour journaliste en mettant sa plume au service de la justice et de la cause des opprimés. C’est pour cette raison qu’elle devient très proche des communistes américains et, venant déjà d’une famille peu croyante, perd toute foi en Dieu. Elle est alors fascinée par les ouvriers américains et par la communauté que constituent les travailleurs.
Read more:
Le Vatican reconnaît un nouveau martyr du communisme : Tito Zeman
Pourtant, au fil des années, un désir plus fort prend le dessus : elle souhaite prier, se rapprocher de Dieu. Elle reste alors très distante vis à vis de l’Église et considère qu’elle peut avoir une foi personnelle, loin de toute institution. Ne sachant pas exactement ce qu’elle cherche ni ce en quoi elle croit, elle vit une grande histoire d’amour avec un homme athée, fasciné par la nature et proche de ses idées sur le plan politique. Cette relation qui la comble la pousse pourtant à désirer quelque chose de plus grand encore.
Une maternité qui change sa vie
C’est la joie de la maternité qui va la transfigurer. Alors que jusqu’à présent, sa prière habitait surtout sa solitude et sa souffrance, c’est cette fois une joie immense qui va la pousser à vouloir rendre grâce à Dieu et la rapprocher de l’Église catholique. C’est d’abord le baptême de sa fille, Tamar, qui lui permet d’accepter les sacrements de l’Église et qui lui font accepter de vivre sa foi dans une communauté. Progressivement, elle s’insère dans la communauté chrétienne. C’est là que cette idée de communauté qu’elle avait appréciée chez les communistes semble prendre tout son sens. Cette conversion entraîna aussi pour elle la nécessité d’élever seule sa fille, car elle créa une division irréversible avec son compagnon de l’époque. En tant que mère célibataire, elle est placée dans une situation très marginale dans cette première moitié du XXe siècle.
Read more:
Le féminisme à l’épreuve de la maternité
C’est peu après cette conversion que commence pour elle une toute nouvelle aventure. Très sensible à la pauvreté et à l’oppression subie par les ouvriers, elle rencontre Peter Maurin avec elle fondera le célèbre « mouvement des travailleurs catholiques ». Elle est à la fois journaliste pour défendre la cause des ouvriers et à la manœuvre de nombreuses initiatives pour leur rendre service. Elle garde ainsi sa sensibilité sociale au cœur même de l’Église et l’on trouve une profonde unité entre sa quête spirituelle et son regard tourné vers le Christ comme vers les plus pauvres.
Une personnalité inspirante
La longue solitude est un ouvrage très bel ouvrage qui montre comment une communauté enracinée au service de plus fragiles et centrée sur le Christ peut sortir de la solitude du monde moderne. Ce n’est pas seulement une autobiographie, c’est une véritable confession de l’itinéraire spirituel d’une femme perpétuellement en quête de Dieu et du don de soi auprès de ceux qui en ont le plus besoin.
Cette grande figure chrétienne qui a vu le Christ comme le cœur fondamental de sa vie est ainsi une personnalité très inspirante. Une enquête a été même ouverte en vue de sa béatification et elle a inspiré de nombreux jeunes catholiques français qui ont ouvert le Dorothy, un café-atelier ouvert à tous dans un esprit de fraternité. C’est donc une vie féconde qui donne encore du fruit aujourd’hui avec ces jeunes chrétiens qui mettent en valeur son héritage et sa pensée, notamment au moyen de conférences.