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À 45 ans, Isabelle exerce le métier d'auxiliaire de vie scolaire (AVS) depuis 5 ans dans un établissement de Courbevoie (Hauts-de-Seine). Infirmière de formation, cette mère de famille a été victime d’un accident qui l’a contrainte à arrêter son travail. Puis, après une grossesse, elle a souhaité pouvoir prendre du temps pour s’occuper de sa fille. « J’étais déjà dans l’aide à la personne, il y a donc une continuité », explique-t-elle à Aleteia. Un métier qui lui correspond bien et qui lui permet de concilier vie de famille et activité professionnelle. Son rôle ? Accompagner deux enfants en situation de handicap et les aider à vivre leur scolarité de la meilleure manière possible.
"Il faut s'apprivoiser"
Isabelle travaille 20 heures par semaine et partage son temps entre ses deux élèves, qui viennent de classes différentes. « Antoine, 11 ans, est autiste. Je suis à côté de lui, je le stimule et je le pousse à être plus autonome. Je cherche des astuces pour qu’il ne soit pas envahi par le stress. Par exemple, lorsqu’il est évalué, je découpe le polycopié et je lui distribue les questions au fur et à mesure pour qu’il ne perde pas ses moyens ». Leur relation est bonne et ils se sont rapidement apprivoisés. Cependant, ce métier n’a rien d’idyllique : des contrats courts, un emploi payé au SMIC, un temps de travail parfois très fragmenté selon les emplois du temps des élèves, et pour beaucoup, un manque de reconnaissance de la part du corps enseignant.
« Il manque énormément d’AVS »
« Il manque énormément d’AVS », déplore Isabelle. Et même si cela tend à s’améliorer, le compte n’y est pas encore. En effet, l’école dite « inclusive » nécessite des moyens supplémentaires pour accompagner les élèves avec un handicap. De plus, grâce à la progression dans le diagnostic, on détecte mieux les enfants autistes à présent — ils sont plus de 100.000 en France. On compte aujourd’hui quelque 340.000 enfants handicapés scolarisés en France, un chiffre qui a triplé en une décennie. Parmi eux, plus de la moitié a besoin d’une AVS. Et même si le nombre d’accompagnants scolaires augmente, le compte n’y est pas, puisque leur nombre avoisine seulement les 72.000.
Des défauts de formation
Outre les effectifs trop faibles, la formation des AVS est problématique de l'avis des professionnels : « On apprend beaucoup sur le terrain. En revanche, je n’ai eu aucune formation », continue Isabelle. « Je m’occupe d’un enfant autiste et d’un autre hyperactif. Je rencontre des situations qui ne sont pas simples et je ne sais pas toujours comment réagir ».
Si, parmi les AVS, certains sont intéressés par les métiers de l’éducation, d’autres font ce choix par défaut et, n’ayant pas d’appétence particulière pour leur mission, n'y sont pas à leur place. « Si nous étions formés, nous serions plus à même de répondre aux besoins et nous ferions beaucoup mieux notre travail. Parfois, je ne sais pas du tout comment faire. Certains professeurs dialoguent beaucoup avec moi. Nous travaillons ensemble et c’est un vrai travail d’équipe. Mais d’autres ont l’impression d’être inspectés et restent méfiants ». Elle pointe un manque d’information : certains professeurs découvrent la présence d’une AVS dans leur classe… le jour de la rentrée ! Et du côté des familles, l’insatisfaction règne. À la rentrée 2018, faute d’AVS, plus de 750 enfants handicapés n’ont pas pu effectuer leur rentrée dans de bonnes conditions.