Les spécialistes tirent la sonnette d’alarme. Les cas de chlamydia, de gonorrhée et de syphilis ont touché près de 2,3 millions de personnes en 2017.
Pour qu’Aleteia poursuive sa mission, faites un don déductible à 66% de votre impôt sur le revenu. Ainsi l’avenir d’Aleteia deviendra aussi la vôtre.
*don déductible de l’impôt sur le revenu
Pour les autorités sanitaires d’Outre-Manche, le constat est alarmant. Les maladies sexuellement transmissibles (MST) aux États-Unis sont toutes en hausse. Avec près de 2,3 millions de cas de chlamydia, gonorrhée et syphilis diagnostiqués, en 2017 – soit 200.000 cas de plus que l’année précédente – selon les estimations de l’Agence fédérale pour le contrôle et la prévention des maladies (CDC) publiées le 28 août dernier à l’occasion de la National STD Prevention Conference of Washington – le pays est confronté à une véritable “crise de santé publique”. Le nombre de patients atteints de ces maladies a battu son record, pour la quatrième année consécutive.
Lire aussi :
Etats-Unis : l’opidémie d’opiacés est devenue une urgence nationale
“On revient en arrière”
“On est en train de revenir en arrière”, a averti au cours de la conférence Jonathan Mermin, directeur du centre des CDC pour le VIH/Sida, les hépatites virales et les IST. Les nouvelles statistiques confirment que la chlamydia est ou demeure l’IST (les infections sexuellement transmissibles) la plus courante, avec plus de 1,7 million de cas enregistrés aux États-Unis, dont près de la moitié (45%) parmi les jeunes femmes de 15 à 24 ans (771.340 cas).
Les autorités sanitaires s’inquiètent de la hausse du nombre de gonorrhées. Le nombre total d’infections causées par la bactérie Neisseria gonorrhoeae est en effet passé de 468.514 cas en 2016 à 555.608 l’an dernier, après un bond de 67% dans la période 2013-2017. Au cours de cette période, Le nombre de gonorrhées a presque doublé chez les hommes, passant de 169.130 en 2013 à 322.169 l’année dernière.
L’augmentation est plus forte encore pour la syphilis que l’on croyait appartenir au passé. Le nombre de cas aux stades primaire et secondaire – les plus contagieux de l’évolution de la maladie – a augmenté de 76%, passant de 17.375 à 30.644 cas entre 2013 et 2017. Dans près de 70% des cas, il s’agit d’hommes ayant des relations sexuelles avec des hommes, souligne l’organisme fédéral.
Syphilis congénitale
Concernant la syphilis – la même maladie dont souffraient des personnes célèbres comme Franz Schubert, Arthur Schopenhauer et Charles Baudelaire – il existe un risque réel et sérieux de transmission de la bactérie Treponema pallidum par la mère infectée au fœtus ou au nourrisson. “C’est incroyable, mais aujourd’hui nous avons 1.000 bébés nés avec une syphilis congénitale”, a déploré le docteur David Harvey, directeur exécutif de la National Coalition of STD Directors (NCSD), au cours de la conférence. Et “c’est une sous-estimation”, estime-t-il. Environ 40% d’entre eux seront des nourrissons mort-nés. Il est vraiment “choquant” pour le docteur Harvey de voir qu’aujourd’hui encore naissent des enfants atteints de syphilis congénitale en Amérique, alors que la transmission du VIH de la mère à l’enfant a été pratiquement éradiquée.
Lire aussi :
Ne nous y trompons pas, la lutte contre le sida n’est pas gagnée !
Entre 2014-2015, selon CNN, les cas de syphilis congénitale ont augmenté de 6% aux États-Unis,. Tendance confirmée en 2016, avec une augmentation de 4 %. Rien qu’en Californie, le nombre de cas a triplé au cours de la période 2011-2015. Près de la moitié sont enregistrés dans les comtés de Fresno – 40 cas en 2015 contre 2 en 2011 – et Kern – 28 cas en 2015, contre un seul en 2011 – où la maladie s’est propagée à une vitesse “spectaculaire”, selon le néonatologiste Gurvir Khurana, qui travaille dans quatre hôpitaux de la vallée centrale. C’est “une explosion absolue”, a-t-il confié à la CNN.
Résistance aux antibiotiques
L’Écossais Alexander Fleming, l’avait pressenti. Il y a risque de résistance des agents infectieux et pathogènes aux antibiotiques. Le “père” de la pénicilline – le premier antibiotique efficace dans la lutte contre les infections -, avait averti, en recevant son prix Nobel de médecine, en 1945, “si vous utilisez de la pénicilline, utilisez-en suffisamment”. L’augmentation de la résistance aux antibiotiques complique considérablement la lutte contre différentes maladies. Une de ces maladies est la pneumonie – les scientifiques chinois ont découvert l’an dernier une souche résistante, qui se propage très rapidement – et la gonorrhée.
“Au fil des ans, la gonorrhée est devenue résistante à presque toutes les classes d’antibiotiques”, a souligné le Dr Gail Bolan, directrice de la prévention contre les IST aux CDC à Washington. La ceftriaxone est le seul antibiotique considéré encore comme « hautement efficace » pour traiter la maladie, a-t-elle ajouté.
Alors que seulement cinq cas de résistance moléculaire ont été signalés dans le monde à ce jour, la résistance à l’autre antibiotique utilisé comme adjuvant dans le traitement de la gonorrhée – l’azithromycine – est en hausse. Les tests de laboratoire révèlent, en effet, une augmentation de la résistance aux antibiotiques de la famille des macrolides : de 1% en 2013 à plus de 4% en 2017. On estime que les super-bactéries résistantes aux médicaments (drug-resistant superbugs) causent environ 700.000 décès chaque année dans le monde.
Lire aussi :
L’Europe prise dans les tentacules de la drogue
Que fait la recherche ?
La recherche de nouveaux antibiotiques ou de nouvelles molécules capables de combattre divers agents pathogènes, y compris ceux qui causent les MST, est l’un des grands défis de demain. “Au cours des 15-20 dernières années, le nombre de nouveaux antibiotiques mis sur le marché et d’autres en développement ont considérablement ralenti”, a déclaré Edward Hook, président du comité scientifique de la National STD Prevention Conference et professeur à la School of Medicine de l’Université d’Alabama à Birmingham.
Pour lutter contre ces super-bactéries, des chercheurs de l’Université catholique de Louvain (KU Louvain, Belgique) ont créé une enzyme, l’Artilysine, qui s’avère très prometteuse. Comparé aux antibiotiques, la nouvelle molécule a l’avantage de ne pas détruire la flore bactérienne naturelle en attaquant uniquement les germes pathogènes. Les premiers médicaments ont été développés par la société allemande Lysando AG.
Face à la résistance croissante aux antibiotiques, la prévention, qui comprend aussi l’éducation, est de rigueur, estiment les experts. Selon David Harvey, l’une des causes profondes de l’augmentation des IST aux États-Unis est “un manque extrême de sensibilisation et d’éducation sur les maladies sexuellement transmissibles et la santé sexuelle”. De plus, souligne-t-il, il faudrait que la profession médicale insiste sur le dépistage pour déceler la présence de IST, sachant que les patients ignorent souvent qu’ils doivent demander un dépistage et un traitement.
Parce que le problème est sérieux. L’augmentation du nombre de cas de MST ne se limite pas aux États-Unis. Il se manifeste également dans de nombreux pays du monde, comme la France, où le diagnostic de chlamydia et d’infections gonococciques – pathogène responsable de la gonorrhée – a au moins triplé entre 2012-2016, passant de 76.918 pour la chlamydia et 15.067 pour la gonocoque, à 15.067 et 49.628 cas respectifs.
Les maladies sexuellement transmissibles progressent également au Royaume-Uni où, comme indiqué par la CNN, le 6 juin dernier, 7.137 cas de syphilis ont été enregistrés, marquant un record depuis 1949. L’ augmentation est de 20% par rapport à 2016 et de 148% par rapport à 2008. Les cas de gonorrhée aussi ont augmenté de manière significative (22%), enregistrant 46.676 cas l’année dernière.
Lire aussi :
Jérôme Lejeune, serviteur de Dieu et de la vie