Faut-il “faire moins d’enfants” pour être écologiquement responsable ? C’est ce que suggère trompeusement un article publié récemment dans un grand hebdomadaire national.
Pour qu’Aleteia poursuive sa mission, faites un don déductible à 66% de votre impôt sur le revenu. Ainsi l’avenir d’Aleteia deviendra aussi la vôtre.
*don déductible de l’impôt sur le revenu
Aux États-Unis, on les appelle les Ginks, pour Green Inclinations No Kids. Ces femmes qui accusent la surpopulation d’aggraver le réchauffement climatique ont décidé de ne pas procréer pour sauver la planète. D’après Le Point, les militants de cette théorie s’appuient notamment sur une étude publiée dans la revue Environmental Research Letters, en juillet 2017. Cette étude est symptomatique de la manière dont la méthode scientifique peut-être manipulée à des fins idéologiques. Selon ses auteurs, une famille américaine qui se prive d’un enfant réduit autant le bilan carbone que 680 adolescents qui décident de recycler à vie tous leurs déchets ! Est-ce bien sérieux ?
Lire aussi :
Le triste manifeste des « Ginks » : arrêter de procréer pour sauver la planète
Le consensus n’est pas une preuve
Il suffit d’examiner de près le contenu de cette étude pour répondre. Les auteurs prétendent avoir étudié 148 choix de modes de vie individuels intégrant des critères aussi variés que voyager ou non en avion, s’alimenter avec ou sans viande, changer ou non ses ampoules domestiques, posséder ou non un chien, etc. Comment mesurer rigoureusement l’impact de ces comportements ? L’étude donne l’apparence d’un fondement scientifique en recourant à des “calculateurs de carbone” qui prennent pour acquis la responsabilité humaine des variations climatiques. Il n’est pas étonnant que les calculateurs utilisés en arrivent à cibler les familles nombreuses.
Or, en matière scientifique, on sait qu’un débat n’est jamais clos : le consensus n’est pas une preuve. Il n’est que la conséquence des preuves avancées. Si le consensus, a fortiori dans des disciplines récentes comme la climatologie, tient lieu d’argument d’autorité, il est le plus faible des arguments. L’encyclique Laudato si ne disait pas autre chose en appelant à un débat scientifique “honnête et transparent” (n. 188).
Démographie responsable
Le Point nous apprend également l’existence d’un mouvement dénommé “Démographie responsable”, qui réunit environ 200 personnes en France, faisant de la démographie une question écologique prioritaire. Le chrétien ne peut qu’approuver cette attention à la dimension humaine de l’écologie. “Démographie responsable”, cela n’évoque-t-il pas le message de l’Église sur la “procréation responsable” ? Pour l’Église, la responsabilité en matière démographique requiert la prise en compte des “conditions physiques, économiques, psychologiques et sociales” permettant les naissances, de manière “réfléchie et généreuse”.
Concernant l’intervention des États sur la démographie, l’encyclique Populorum progressio reconnaît aux pouvoirs publics leur pouvoir d’intervention, mais bien “dans les limites de leur compétence” et d’une “information objective et respectueuse” (n. 37). Or “s’il est légitime que l’État intervienne pour orienter la croissance de la population […], il ne peut légitimement se substituer à l’initiative des époux, premiers responsables de la procréation” (CEC, 2372).
Désinformation
Si l’on parle d’information “objective”, la vérité est le mot clé. Les interprétations idéologiques ne peuvent avoir force de loi. Or c’est plutôt la désinformation qui a cours quand il s’agit de politique démographique. Par exemple, en matière de santé dite reproductive dans les pays à forte fécondité, le recours au préservatif n’est pas un impératif scientifique. Lors de la XVe Conférence internationale sur le Sida, à Bangkok au mois de juillet 2004, le président Ougandais Yoweri Museveni évoquait le succès de son pays dans lutte contre le VIH en déclarant : “Le Sida est principalement un problème moral, social et économique. Je considère les préservatifs comme une improvisation, pas une solution”.
S’agissant de l’état de la planète, le catastrophisme plus ou moins éclairé ne peut pas être considéré non plus comme un argument de principe. Si le mathématicien et astrophysicien sud-africain Hilton Ratcliffe affirme que le “réchauffement anthropique est un mythe”, c’est qu’il y a au moins un débat, et que la prudence est requise, surtout si c’est pour justifier des politiques malthusiennes autoritaires et coûteuse de contrôle des naissances.
Lire aussi :
Démographie : l’inquiétant vieillissement de la Chine
La démographie bouc-émissaire
En ce qui concerne le développement économique, les politiques soutenues par les organisations internationales sont-elles les seules options ? Ce n’est pas l’avis du président du Mozambique qui a su développer les exportations de son pays grâce à une politique agricole menée “parfois contre les préconisations d’institutions internationales comme la banque mondiale et le FMI” (Agra Presse hebdo n° 3205) ou de l’économiste zambienne Dambisa Moyo qui dénonce l’ “aide fatale” des pays riches vers les pays pauvres.
Aujourd’hui, rien ne prouve rigoureusement que la démographie est responsable des défaillances de la santé publique, du réchauffement climatique ou des retards de développement économique. Les causes sont ailleurs. Le malthusianisme démographique n’a rien d’écologique.