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« Il y a toujours un fond de spiritualité chez un enfant. » C’est forte de cette conviction que Geneviève Laurencin, mariée, mère de deux enfants et grand-mère de cinq petits-enfants, catéchiste et auteur des Catéchèses d’une grand-mère (Salvator), aspire à transmettre la foi qui l’anime aux enfants qui l’entourent. Que ce soit dans la vraie vie ou dans son livre, elle le fait tout en délicatesse. Entretien.
Aleteia : En tant que grand-mère et catéchiste, on sent, à la lecture de votre livre, que vous aimez transmettre votre foi aux enfants. Comment vous y prenez-vous ?
Geneviève Laurencin : Je ne sais pas si je transmets ma foi. Je ne sais pas si la foi peut se transmettre. Dieu seul agit. Mais ce que je sais, c’est que j’aime parler, vivre Dieu avec les enfants. Pour moi, les moments avec des enfants sont des moments privilégiés. J’aime être avec eux, j’aime les écouter. Je suis séduite par leur émerveillement, leur créativité, leur enthousiasme contagieux, par leur façon spontanée d’appréhender le monde, de scruter l’invisible, de frôler le sens caché des choses, par leur manière d’interroger ce monde avec beaucoup de gravité, de profondeur, d’inquiétude, aussi, parfois. J’aime être là lorsqu’ils posent des questions. Des questions qui peuvent surgir n’importe où et n’importe quand, souvent quand on ne s’y attend pas ! M’apparaît alors cette mission de répondre à leur faim de spiritualité semée en leur cœur. J’essaie de leur répondre avec ce que je suis, avec ce que je souhaite être peut-être devenue : un témoin de la Parole qui me nourrit et à laquelle je crois, avec cette faim jamais rassasiée d’avoir Jésus comme guide.
Vous dites que vous-même et vos petits-enfants vous vous évangélisez mutuellement. En quoi vos petits-enfants vous évangélisent-ils ?
Il y a toujours un fond de spiritualité chez un enfant. C’est ce qui les amène à se poser des questions sur ce qui les dépasse, ce qu’ils ne comprennent pas. Ils sentent qu’il y a autre chose, quelque chose d’infini, par exemple, lorsqu’ils contemplent le ciel, quelque chose d’invisible, lorsqu’ils sentent le vent. Eh bien toutes leurs questions m’amènent à approfondir ma propre foi. Leurs remarques, même anodines, me font avancer. C’est grâce aux enfants que je prends de plus en plus goût à la prière, que je fais l’expérience de l’humilité, que je cultive mon regard d’enfant. Comme il est bon de se sentir petit et capable de Dieu ! Car ce qui est imparfait, n’est-ce pas aussi ce que le Seigneur nous a donné ?
Que diriez-vous à des grands-parents dont les petits-enfants ne partagent pas ou plus leur foi ? Dans cette situation, comment transmettre ?
Il est extrêmement important me semble-t-il de respecter l’attitude des parents, leur indifférence voire même leur hostilité par rapport à la religion. Car ce sont les parents les premiers initiateurs. Cela demande de la distance et de la discrétion. Mais il ne s’agit pas non plus de se taire ! On peut toujours transmettre la capacité de s’émerveiller devant les beautés de la nature. On peut faire valoir que le silence est une bonne chose. Le silence étant la porte d’entrée d’une vie intérieure. On peut inculquer l’attention à l’autre, le respect, leur apprendre à recevoir. Ainsi, on prépare un terrain propice à, un jour peut-être, faire germer la Parole de Dieu. S’ils vous posent des questions, à l’occasion d’une visite d’une église par exemple, vous pouvez en profiter pour leur répondre : « Moi, c’est ce que je crois, mais j’admets que d’autres puissent penser autrement ».
Dans votre livre, un des petits-enfants dit de sa grand-mère : "Elle ne nous force jamais". Effectivement, la position de grands-parents rend possible cette légèreté et cette distance. Mais auriez-vous la même attitude en tant que mère ? Forceriez-vous votre fils ou votre fille à aller à la messe par exemple ?
C’est une question délicate. Je crois qu’en tant que mère, j’essaierais d’abord de comprendre la raison de son refus. Si vraiment il ne voulait pas aller à la messe, alors je crois que je ne le forcerais pas. Mais il ne faudrait pas que ça s’éternise ! Il y a sans doute quelque chose à creuser pour trouver l’origine de cette rupture. Et je me remettrais moi-même en question : qu’est-ce qui s’est passé ces derniers temps en moi ? Ma foi est-elle aussi vivante ? Qu’ai-je fait qui puisse l’avoir blessé ? Je lui dis de suivre le chemin de Jésus mais est-ce que je le suis, moi ?