Dans un long message aux catholiques chinois et à l’Église universelle, le Saint-Père explique la portée pastorale et non politique de l’accord provisoire signé avec Pékin.
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Le pape François a publié, ce mercredi 26 septembre, un long message expliquant les raisons de l’accord provisoire signé le samedi 22 septembre, à Pékin, entre le Saint-Siège et la République populaire de Chine. Cet accord provisoire est le fruit l’un long dialogue commencé du temps de Jean Paul II et poursuivi par Benoît XVI dont la Lettre aux catholiques chinois de 2007 apparaît comme le vrai point de départ de ce processus. Aleteia publie le contenu de ce message :
“Chers frères dans l’épiscopat, prêtres, personnes consacrées et tous les fidèles de l’Église catholique en Chine, remercions le Seigneur parce qu’éternelle est sa miséricorde, et reconnaissons “qu’il nous a faits, et nous sommes à lui, nous, son peuple, son troupeau !” (Ps 100 [99] 3).
En ce moment retentissent en mon âme, les paroles par lesquelles mon vénéré Prédécesseur dans sa lettre du 27 mai 2007 vous exhortait : “Église catholique en Chine, petit troupeau présent et agissant dans le vaste territoire d’un peuple immense qui marche dans l’histoire, comme elles résonnent pour toi, encourageantes et provocantes, les paroles de Jésus : “Sois sans crainte, petit troupeau, car votre Père a trouvé bon de vous donner le Royaume” (Lc 12, 32)![…] : c’est pourquoi, “que votre lumière brille devant les hommes: alors en voyant ce que vous faites de bien, ils rendront gloire à votre Père qui est aux cieux” » (Mt 5, 16) (Benoît XVI, Lettre aux Catholiques chinois, 27 mai 2007, n. 5).
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Ces derniers temps, ont circulé de nombreuses voix discordantes sur le présent et, surtout, sur l’avenir des communautés catholiques en Chine. Je suis conscient qu’un tel tourbillon d’opinions et de considérations puisse avoir créé beaucoup de confusion, suscitant dans beaucoup de cœurs des sentiments opposés. Pour certains, se lèvent doutes et perplexité ; d’autres ont la sensation d’avoir été comme abandonnés par le Saint-Siège et en même temps, ils se posent la question poignante sur la valeur des souffrances affrontées pour vivre dans la fidélité au successeur de Pierre. Chez beaucoup d’autres, au contraire, prévalent des attentes positives et des réflexions animées par l’espérance d’un avenir plus serein pour un témoignage fécond de la foi en terre chinoise.
Cette situation a été accentuée surtout en référence à l’accord provisoire entre le Saint-Siège et la République populaire de Chine qui, comme vous le savez, a été signé les jours derniers à Pékin. Dans une circonstance très significative pour la vie de l’Église, par ce bref message, je désire, avant tout, vous assurer que vous êtes quotidiennement présents dans ma prière et partager avec vous les sentiments qui habitent mon cœur.
Ce sont des sentiments de remerciement au Seigneur et de sincère admiration — qui est l’admiration de l’Église catholique tout entière — pour le don de votre fidélité, de la constance dans l’épreuve, de la confiance enracinée dans la Providence de Dieu, même quand certains événements se sont montrés particulièrement défavorables et difficiles.
Ces expériences douloureuses appartiennent au trésor spirituel de l’Eglise en Chine et de tout le Peuple de Dieu en pèlerinage sur la terre. Je vous assure que le Seigneur, justement à travers le creuset des épreuves, ne manque jamais de nous remplir de ses consolations et de nous préparer à une joie plus grande. Avec le Psaume 126 [125] nous sommes plus que certains que “celui qui sème dans les larmes moissonne dans la joie” ! (v. 5).
Continuons, donc, à fixer le regard sur l’exemple de nombreux fidèles et Pasteurs qui n’ont pas hésité à offrir leur “beau témoignage” (cf. 1Tm 6, 13) à l’Évangile, jusqu’au don de leur propre vie. Ils sont à considérer comme vrais amis de Dieu !
Pour ma part, j’ai toujours regardé la Chine comme une terre riche de grandes opportunités et le peuple chinois comme artisan et gardien d’un inestimable patrimoine de culture et de sagesse, qui s’est raffiné en résistant aux adversités et en intégrant les diversités, et qui, non par hasard, depuis les temps anciens est entré en contact avec le message chrétien. Comme le disait avec une grande sagacité le P. Matteo Ricci, S.J., nous défiant de la vertu de la confiance, “avant de contracter amitié, il faut observer ; après l’avoir contractée, il faut faire confiance” (De Amicitia, 7).
C’est aussi ma conviction que la rencontre ne peut être authentique et féconde seulement si elle arrive à travers la pratique du dialogue, qui signifie se connaître, se respecter et “marcher ensemble” pour construire un avenir commun de plus haute harmonie.
Dans ce sillon se place l’accord provisoire, qui est le fruit du long et complexe dialogue institutionnel du Saint-Siège avec les autorités gouvernementales chinoises, inauguré déjà par saint Jean Paul II et poursuivi par le pape Benoît XVI. À travers ce parcours, le Saint-Siège n’avait pas — et n’a pas — à l’esprit autre chose que de réaliser les finalités spirituelles et pastorales propres de l’Église, et c’est-à-dire soutenir et promouvoir l’annonce de l’Évangile, et atteindre et conserver la pleine et visible unité de la communauté catholique en Chine.
Sur la valeur de cet accord et sur ses finalités je voudrais vous proposer quelques réflexions, vous offrant aussi quelques points de spiritualité pastorale pour le chemin que, en cette nouvelle phase, nous sommes appelés à parcourir.
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Il s’agit d’un chemin qui, comme la section précédente « demande du temps et présuppose la bonne volonté des Parties » (Benoît XVI, Lettre aux Catholiques chinois, 27 mai 2007, n. 4), mais pour l’Église, à l’intérieur et à l’extérieur de la Chine, il ne s’agit pas seulement d’adhérer à des valeurs humaines, mais de répondre à une vocation spirituelle : sortir de soi-même pour embrasser “les joies et les espoirs, les tristesses et les angoisses des hommes de ce temps, des pauvres surtout et de tous ceux qui souffrent” (Concile Œcuménique Vatican II, Constitution apostolique ‘Gaudium et Spes’, n. 1) et les défis du présent que Dieu lui confie. Il y a, par conséquent, un appel ecclésial à se faire pèlerins sur les sentiers de l’histoire, faisant confiance avant tout à Dieu et à ses promesses, comme le firent Abraham et nos Pères dans la foi.
Abraham, appelé par Dieu, obéit en partant pour une terre inconnue qu’il devait recevoir en héritage, sans connaître le chemin qui s’ouvrait devant lui. Si Abraham avait exigé des conditions, sociales et politiques, idéales avant de sortir de sa terre, peut-être qu’il ne serait jamais parti. Lui, au contraire, a fait confiance à Dieu, et sur sa Parole il a laissé sa maison et ses propres sécurités. Ce ne furent donc pas les changements historiques qui lui permirent de faire confiance à Dieu, mais ce fut sa foi pure qui provoqua un changement dans l’histoire. La foi, en effet, est “la garantie des biens que l’on espère, la preuve des réalités qu’on ne voit pas. C’est elle qui a valu aux anciens un bon témoignage” (Lettre aux Hébreux : 11, 1-2).
Comme Successeur de Pierre, je désire vous confirmer dans cette foi (cf. Lc 22, 32) — dans la foi d’Abraham, dans la foi de la Vierge Marie, dans la foi que vous avez reçue — vous invitant à mettre avec une conviction toujours plus grande votre confiance dans le Seigneur de l’histoire et dans le discernement de sa volonté accomplie par l’Église. Invoquons le don de l’Esprit, afin qu’il illumine les esprits et réchauffe les cœurs et nous aide à comprendre où il veut nous conduire, à dépasser les inévitables moments de désarroi et à avoir la force de poursuivre avec décision sur la route qui s’ouvre devant nous.
Justement dans le but de soutenir et de promouvoir l’annonce de l’Évangile en Chine et de reconstruire la pleine et visible unité dans l’Église, il était fondamental d’affronter, en premier lieu, la question des nominations épiscopales. Il est connu de tous que, malheureusement, l’histoire récente de l’Église catholique en Chine a été douloureusement marquée par de profondes tensions, blessures et divisions, qui se sont polarisées, surtout autour de la figure de l’évêque comme gardien de l’authenticité de la foi et garant de la communion ecclésiale.
Lorsque, dans le passé, on a prétendu déterminer aussi la vie interne des communautés catholiques, imposant le contrôle direct au-delà des compétences légitimes de l’État, dans l’Église en Chine est apparu le phénomène de la clandestinité. Une telle expérience — on doit le souligner — ne rentre pas dans la normalité de la vie de l’Église et “l’histoire montre que pasteurs et fidèles y ont recours uniquement avec le désir tourmenté de maintenir intègre leur propre foi” (Benoît XVI, Lettre aux Catholiques chinois, 27 mai 2007, n. 8).
Je voudrais vous faire savoir que, depuis que m’a été confié le ministère pétrinien, j’ai éprouvé de grandes consolations en constatant le désir sincère des catholiques chinois de vivre leur foi en pleine communion avec l’Église universelle et avec le successeur de Pierre, qui est “le principe perpétuel et visible et le fondement de l’unité qui lie entre eux soit les évêques, soit la multitude des fidèles” (Concile œcuménique Vatican II, Constitution Apostolique ‘Lumen Gentium’, n. 23). De ce désir me sont parvenus au cours de ces années de nombreux signes et témoignages concrets, même de la part de ceux, y compris des évêques, qui ont blessé la communion dans l’Église, à cause de faiblesse et d’erreurs, mais aussi, souvent, par de fortes et indues pressions extérieures.
C’est pourquoi, après avoir attentivement examiné chaque situation particulière personnelle et écouté divers avis, j’ai beaucoup réfléchi et prié cherchant le vrai bien de l’Église en Chine. Enfin, devant le Seigneur et avec sérénité de jugement, en continuité avec l’orientation de mes Prédécesseurs immédiats, j’ai décidé d’accorder la réconciliation aux sept évêques « officiels » restant, ordonnés sans Mandat pontifical et, ayant supprimé toute sanction canonique relative à leurs cas, de les réadmettre dans la pleine communion ecclésiale. En même temps, je leur demande d’exprimer, par des gestes concrets et visibles, l’unité retrouvée avec le Siège apostolique et avec les Églises répandues dans le monde, et de s’y maintenir fidèles malgré les difficultés.
En la sixième année de mon pontificat, que j’ai mis depuis ses premiers pas sous le signe de l’Amour miséricordieux de Dieu, j’invite en conséquence tous les catholiques chinois à se faire artisans de réconciliation, se rappelant avec une passion apostolique toujours renouvelée les paroles de Paul : “Dieu nous a réconciliés avec lui par le Christ et nous a confié le ministère de la réconciliation” (Deuxième Lettre aux Corinthiens 5, 18).
En effet, comme j’ai eu l’occasion de l’écrire à la fin du Jubilé extraordinaire de la Miséricorde : “Aucune loi ni précepte ne peut empêcher Dieu d’embrasser de nouveau le fils qui revient vers lui reconnaissant s’être trompé mais décidé à recommencer au début. Ne s’arrêter qu’à la loi, c’est rendre vaines la foi et la miséricorde divine. […]. Même dans les cas les plus difficiles, où l’on est tenté de faire prévaloir une justice qui vient seulement des normes, on doit croire en la force qui jaillit de la grâce divine” (Lettre Apostolique Misericordia et Misera, 20 novembre 2016, n. 11).
Dans cet esprit et avec les décisions prises, nous pouvons commencer un parcours inédit, qui nous l’espérons aidera à guérir les blessures du passé, à rétablir la pleine communion de tous les Catholiques chinois et à ouvrir une phase de collaboration plus fraternelle, pour assumer avec un engagement renouvelé la mission de l’annonce de l’Évangile. En effet, l’Église existe pour témoigner de Jésus-Christ et de l’Amour pardonnant et salvifique du Père.
L’accord provisoire paraphé avec les autorités chinoises, tout en se limitant à quelques aspects de la vie de l’Église et étant nécessairement perfectible, peut contribuer — pour sa part — à écrire cette page nouvelle de l’Église catholique en Chine. Pour la première fois, il introduit des éléments stables de collaboration entre les autorités de l’État et le Siège apostolique, avec l’espérance d’assurer à la communauté catholique de bons pasteurs.
Dans ce contexte, le Saint-Siège entend faire jusqu’au bout la part qui est de sa compétence, mais aussi à vous, évêques, prêtres, personnes consacrées et fidèles laïcs, revient un rôle important : chercher ensemble de bons candidats qui soient en mesure d’assumer dans l’Église le délicat et important service épiscopal. Il ne s’agit pas, en effet, de nommer des fonctionnaires pour la gestion des questions religieuses, mais d’avoir d’authentiques pasteurs selon le cœur de Jésus, engagés à agir généreusement au service du peuple de Dieu, spécialement des plus pauvres et des plus faibles, mettant à profit les paroles du Seigneur : “Celui qui voudra devenir grand parmi vous, sera votre serviteur, et celui qui voudra être le premier parmi vous, sera l’esclave de tous” (Marc 10, 43-44).
À ce sujet, il apparaît évident qu’un accord n’est rien d’autre qu’un instrument et ne pourra à lui seul résoudre tous les problèmes existants. Au contraire, il s’avèrerait inefficace et stérile, au cas où il ne serait pas accompagné d’un profond engagement de renouveau des attitudes personnelles et des comportements ecclésiaux.
Sur le plan pastoral, la communauté catholique en Chine est appelée à être unie, pour dépasser les divisions du passé que tant de souffrances ont causées et causent au cœur de nombreux pasteurs et fidèles. Que tous les chrétiens, sans distinction, posent maintenant des gestes de réconciliation et de communion. À ce sujet, mettons à profit l’avertissement de saint Jean de la Croix : « Au crépuscule de la vie, nous serons jugés sur l’Amour ! » (Paroles de lumière et d’amour 1, 57).
Sur le plan civil et politique, que les catholiques chinois soient de bons citoyens, aiment pleinement leur patrie et servent leur pays avec engagement et honnêteté, selon leurs propres capacités. Sur le plan éthique, qu’ils soient conscients que beaucoup de concitoyens s’attendent de leur part à une mesure plus haute dans le service du bien commun et du développement harmonieux de la société tout entière. En particulier, que les catholiques sachent offrir cette contribution prophétique et constructive qu’ils tirent de leur foi dans le règne de Dieu. Cela peut leur demander aussi l’effort de dire une parole critique, non par opposition stérile mais dans le but d’édifier une société plus juste, plus humaine et plus respectueuse de la dignité de toute personne.
Je m’adresse à vous tous, bien-aimés confrères évêques, prêtres et personnes consacrées, qui “servez le Seigneur dans la joie” ! (Psaume 100 [99], 2). Reconnaissons-nous disciples du Christ dans le service du peuple de Dieu. Vivons la charité pastorale comme boussole de notre ministère. Dépassons les oppositions du passé, la recherche de l’affirmation d’intérêts personnels, et prenons soin des fidèles faisant nôtres leurs joies et leurs souffrances. Engageons-nous humblement pour la réconciliation et l’unité. Reprenons avec énergie et enthousiasme le chemin de l’évangélisation, comme indiqué par le concile œcuménique Vatican II.
À vous tous je répète avec affection : “L’exemple de nombreux prêtres, religieuses, religieux et laïcs qui se consacrent à évangéliser et à servir avec grande fidélité, bien des fois en risquant leurs vies et sûrement au prix de leur confort, nous galvanise. Leur témoignage nous rappelle que l’Église n’a pas tant besoin de bureaucrates et de fonctionnaires, que de missionnaires passionnés, dévorés par l’enthousiasme de transmettre la vraie vie. Les saints surprennent, dérangent, parce que leurs vies nous invitent à sortir de la médiocrité tranquille et anesthésiante” (Gaudete et exsultate, 19 mars 2018, n. 138).
Avec conviction je vous invite à demander la grâce de ne pas hésiter quand l’Esprit exige de nous que nous fassions un pas en avant : “Demandons le courage apostolique d’annoncer l’Évangile aux autres et de renoncer à faire de notre vie chrétienne un musée de souvenirs. De toute manière, laissons l’Esprit saint nous faire contempler l’histoire sous l’angle de Jésus ressuscité. Ainsi, l’Église, au lieu de stagner, pourra aller de l’avant en accueillant les surprises du Seigneur” (Ibidem, n. 139).
En cette année, où toute l’Église célèbre le Synode des Jeunes, je désire m’adresser spécialement à vous, jeunes catholiques chinois, qui franchissez les portes de la Maison du Seigneur “en rendant grâce, en chantant louange” (Psaume 100 [99], 4). Je vous demande de collaborer à la construction de l’avenir de votre pays avec les capacités personnelles que vous avez reçues en don et avec la jeunesse de votre foi. Je vous exhorte à porter à tous, avec votre enthousiasme, la joie de l’Évangile.
Soyez prêts à accueillir la conduite sûre de l’Esprit saint, qui indique au monde d’aujourd’hui le chemin vers la réconciliation et la paix. Laissez-vous surprendre par la force rénovatrice de la grâce, même quand il peut vous sembler que le Seigneur demande un engagement supérieur à vos forces. N’ayez pas peur d’écouter sa voix qui vous demande fraternité, rencontre, capacité de dialogue et de pardon, et esprit de service, malgré tant d’expériences douloureuses du passé récent et les blessures encore ouvertes.
Ouvrez grand le cœur et l’esprit pour discerner le dessein miséricordieux de Dieu, qui demande de dépasser les préjugés personnels et les oppositions entre les groupes et les communautés, pour ouvrir un chemin courageux et fraternel à la lumière d’une authentique culture de la rencontre.
Nombreuses sont, aujourd’hui, les tentations : l’orgueil du succès mondain, la fermeture dans ses propres certitudes, le primat donné aux choses matérielles comme si Dieu n’existait pas. Allez à contre-courant et demeurez solides dans le Seigneur : “Il est bon, le Seigneur”, seul “éternel est son amour”, seule “sa fidélité” demeure “d’âge en âge” (Ibidem, 5).
Chers frères et sœurs de l’Église universelle, tous nous sommes appelés à reconnaître parmi les signes de notre temps tout ce qui se passe aujourd’hui dans la vie de l’Église en Chine. Nous avons une tâche importante : accompagner avec une fervente prière et une fraternelle amitié nos frères et nos sœurs en Chine. En effet, ils doivent sentir que sur le chemin, qui en ce moment s’ouvre devant eux, ils ne sont pas seuls. Il est nécessaire qu’ils soient accueillis et soutenus comme partie vivante de l’Église : “Voyez ! Qu’il est bon, qu’il est doux d’habiter en frères tous ensemble” ! (Psaume 133 [132], 1).
Que chaque communauté catholique locale, dans le monde entier, s’engage à valoriser et à accueillir le trésor spirituel et culturel propre des catholiques chinois. Le temps est venu de goûter ensemble les fruits authentiques de l’Évangile semé dans le sein de l’antique “Empire du Milieu” et d’élever vers le Seigneur Jésus-Christ le cantique de la foi et de l’action de grâce, enrichi de notes authentiquement chinoises.
Je m’adresse avec respect à ceux qui conduisent la République populaire de Chine et je renouvelle l’invitation à poursuivre, avec confiance, courage et clairvoyance, le dialogue entrepris depuis longtemps. Je désire assurer que le Saint-Siège continuera à œuvrer sincèrement pour grandir dans l’authentique amitié avec le peuple chinois.
Les contacts actuels entre le Saint-Siège et le gouvernement chinois se sont montrés utiles pour dépasser les oppositions du passé, même récent, et pour écrire une page de collaboration plus sereine et concrète dans la conviction commune que “l’incompréhension ne sert ni les autorités chinoises, ni l’Église catholique en Chine” (Benoît XVI, Lettre aux Catholiques chinois, 27 mai 2007, n. 4).
De cette manière, la Chine et le Siège apostolique, appelés par l’histoire à une tâche ardue mais fascinante, pourront agir plus positivement pour la croissance ordonnée et harmonieuse de la communauté catholique en terre chinoise, mettront tout en œuvre pour promouvoir le développement intégral de la société, assurant un plus grand respect de la personne humaine y compris dans le domaine religieux, ils travailleront concrètement pour préserver l’environnement dans lequel nous vivons et pour édifier un avenir de paix et de fraternité entre les peuples.
En Chine, il est d’importance fondamentale que, même au niveau local, soient toujours plus fructueuses les relations entre les Responsables des communautés ecclésiales et les Autorités civiles, par un dialogue franc et une écoute sans préjugés qui permette de dépasser des attitudes réciproques d’hostilité. Il y a à apprendre un nouveau style de collaboration simple et quotidienne entre les autorités locales et les autorités ecclésiastiques — évêques, prêtres, anciens des communautés — de manière à garantir le déroulement ordonné des activités pastorales, en harmonie entre les légitimes attentes des fidèles et les décisions qui sont du ressort des autorités.
Cela aidera à comprendre que l’Église en Chine n’est pas étrangère à l’histoire chinoise, ni ne demande aucun privilège : sa finalité dans le dialogue avec les autorités civiles est de “parvenir à une relation empreinte de respect réciproque et de connaissance approfondie” (Idem).
Au nom de toute l’Église j’implore du Seigneur le don de la paix, tandis que je vous invite tous à invoquer avec moi la protection maternelle de la Vierge Marie :
Mère du Ciel, écoute la voix de tes enfants, qui humblement invoquent ton nom.
Vierge de l’espérance, nous te confions le chemin des croyants sur la noble terre de Chine. Nous te prions de présenter au Seigneur de l’histoire les tribulations et les efforts, les supplications et les attentes des fidèles qui te prient, ô Reine du Ciel !
Mère de l’Eglise, nous te consacrons le présent et l’avenir des familles et de nos communautés. Protège-les et soutiens-les dans la réconciliation entre frères et dans le service des pauvres qui bénissent ton nom, ô Reine du Ciel !
Consolatrice des affligés, nous nous adressons à toi pour que tu sois un refuge pour tous ceux qui pleurent dans l’épreuve. Veille sur tes enfants qui louent ton nom, fais qu’ils portent unis l’annonce de l’Evangile. Accompagne leurs pas pour un monde plus fraternel, fais qu’ils portent à tous la joie du pardon, ô Reine du Ciel !
Mairie, Aide des Chrétiens, pour la Chine nous te demandons des jours de bénédiction et de paix. Amen.”
Du Vatican, le 26 septembre 2018.