Ce dimanche, à la surprise générale, le candidat de l’opposition a remporté la victoire sur le président sortant, soutenu par les islamistes radicaux.
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Pour les observateurs internationaux, la présidentielle qui se jouait dimanche 23 septembre était une parodie de démocratie. Le président sortant, Abdulla Yameen avait muselé l’opposition, pratiquant l’emprisonnement d’opposants, et interdisant à son challenger le plus sérieux, Mohamed Nasheed — qui fut le premier président démocratiquement élu du pays — de concourir à l’élection. En fin de compte, Abdulla Yamen a été éjecté, et deuxième surprise, a écrit noir sur blanc, dès le lendemain, lundi 24, qu’il acceptait le résultat des urnes.
Le champion des islamistes radicaux
Si on connaît les Maldives pour ses plages paradisiaques, une série de reportages nous ont familiarisé avec le revers de la carte postale. L’archipel est soumis aux islamistes radicaux, qui ont édicté des lois d’une rigueur extrême : il est par exemple obligatoire d’être musulman pour obtenir la nationalité maldivienne. Les minorités religieuses ont disparu des statistiques, et on peut être détenu pour simple possession d’une Bible ou d’un chapelet.
En 2008 Mohamed Nasheed sortait le pays de trente ans de dictature en se présentant comme le président de l’ouverture du pays. Il était devenu la coqueluche des médias internationaux. Notamment pour son combat contre le réchauffement climatique, qui menace d’engloutir les Maldives, en raison de la montée des eaux et du faible relief de l’archipel. Un film documentaire américain, The Island President, lui fut consacré. Mais à partir de 2012, des islamistes radicaux multiplièrent les manifestations, l’accusant d’avoir apostasié l’islam. Contraint à démissionner, puis à s’exiler, il dut laisser la place au champion des islamistes radicaux, Abdulla Yameen demi-frère de l’ancien président-dictateur Maumoon Abdul Gayoom (1978-2008).
Un président soutenu de l’extérieur
Par une curieuse convergence d’intérêts, le président Yameen était soutenu à la fois pas les Monarchies du golfe et par la Chine. Les premières voyaient en lui le conservateur, capable de protéger l’archipel islamique des influences extérieures… Les seconds espéraient sortir ledit archipel de la sphère d’influence indienne, où il se situe traditionnellement. L’élection de dimanche a par conséquent suscitée une note réjouie de Sushma Swaraj, ministre des affaires étrangères indiennes : “Cette élection marque le triomphe des forces démocratiques aux Maldives. (…) En accord avec notre politique “le voisinage d’abord”, l’Inde se consacre attentivement à approfondir le partenariat avec les Maldives”.
Depuis 2013, l’archipel se distinguait par la croissance de l’islamisme radical, importé par des prédicateurs issus d’Arabie Saoudite. Les lois édictées à partir de cette période démontraient leur influence : le vol, la fornication, l’apostasie ou la consommation d’alcool étaient punis. Les femmes adultères encouraient la lapidation, y compris en cas de viol. Ce radicalisme a profondément imprégné la société maldivienne, si l’on en croit The Indian Express. Le quotidien révélait en avril 2015 que l’archipel constituait une importante zone de recrutement pour l’État islamique : dans ce pays de 370.000 habitants, 200 ressortissants auraient rejoint les rangs de Daech en Irak ou en Syrie, soit : “Le plus gros contingent, par rapport à la population nationale, de tous les pays du monde”.
Un vaste chantier
Ibrahim Mohamed Solih, le président nouvellement élu a plus de 58% des voix, est un quasi inconnu. Sa campagne présidentielle n’a pas été couverte par les médias. Son élection surprise vient de démontrer que ses concitoyens n’adhéraient pas aux projets des islamistes radicaux pour l’archipel. Il a devant lui une tâche gigantesque pour moderniser et assainir son archipel, miné par la corruption et menacé par les djihadistes de retour au pays. Mais il a pour le moment le peuple de son côté.