Les techniques de gestion du temps ne peuvent donner leur pleine mesure sans sérénité et confiance en soi.
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La « gestion du temps » est un grand classique dans la recherche de l’efficacité professionnelle. La formule est technique, orientée « résultats ». Elle donne l’impression d’un savoir-faire qu’il suffit de connaître pour devenir plus opérant. Alors oui, nous pouvons tous mieux gérer notre temps, l’optimiser, comme on dit. Il suffit de jeter un coup d’œil sur l’Internet pour obtenir la panoplie complète de conseils judicieux, les 12 lois de la gestion du temps, les 16 conseils de Joël de Rosnay, les 20 actions qui optimisent le temps dans le Journal du Net…
Il est aussi assez amusant de consulter Wikipedia sur le sujet — un sommet dans le genre technique : « La gestion de temps est une des composantes de la gestion de projet (Project Planning en anglais) qui concerne l’utilisation de tables horaires telles que les diagrammes de Gantt1 pour planifier et mesurer les progrès au sein de l’environnement du projet. » Bon courage !
Une dimension émotive
Je l’avoue, cette approche me paraît réductrice, rébarbative, rationaliste. On oublie trop souvent de le dire, le rapport au temps n’est pas d’abord une affaire technique ni même rationnelle, mais il contient une dimension essentiellement émotive, subjective. Bergson a bien noté que le temps mesuré par la science est bien différent du temps vécu par la conscience. Et c’est vrai.
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L’organisation rationnelle de nos activités ne peut arriver à lisser nos actions comme s’il s’agissait d’un bureau que l’on range. Le temps vécu se traduit intérieurement en des images et des sentiments qui font peur ou plaisir, avec une intensité variable : urgence, délais courts, impossibilité de retour arrière, culpabilité de ne pas être là où il faut, quand il faut, sensation que notre décision n’est pas mûre alors qu’on doit la prendre, perplexité devant la montagne de choses qui nous attend, avec la question lancinante : par quoi commencer ? On me dira : mais justement, comme le temps vécu est subjectif, il faut le rendre objectif ! Il suffit de mettre un peu de rationalité et tout ira (enfin) bien !
S’apprivoiser soi-même
L’erreur est dans le « il suffit » : si l’on arrive à mettre de l’ordre dans ses priorités, c’est que l’essentiel est déjà fait : on a réussi à maîtriser son rapport émotif au temps. Or toute la difficulté est là : on peut tout à fait savoir ce qu’il faut faire pour optimiser son temps, et pourtant en être incapable tant on se sent paralysé par la pression ou angoissé par l’enjeu. Ce paradoxe n’est pas (toujours) pathologique, mais tout simplement humain. Sortir de l’affolement, de la panique, ou de l’impression de subir ne se fait pas à coups de bons conseils mais d’une sorte d’apprivoisement de soi-même.
Les philosophes du Moyen Âge avaient bien compris que le gouvernement de soi-même se fait politiquement et non despotiquement : on ne se commande pas mécaniquement, car la maîtrise de soi se gagne — surtout si l’on est émotif — par une lente négociation avec ses peurs, selon un travail sur soi où le coaching a toute sa place. Il s’agit de se donner un nouveau rapport au temps. La modération dans le vécu émotif de notre rapport au temps est un premier résultat qui apporte sérénité et confiance en soi. Alors, les techniques de gestion du temps peuvent donner leur mesure.
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