Il y a vingt-cinq ans, en septembre 1993, les accords d’Oslo constituaient une promesse de paix considérable dans le conflit israélo-palestinien. S’ils n’ont pas abouti, ils sont cependant l’occasion de revenir sur une nécessité parfois négligée par les chrétiens : celle de se former et de se renseigner pour comprendre la complexité de la situation en Israël.
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Alors qu’il fête cette année le soixante-dixième anniversaire de sa création, l’Etat d’Israël reste un État très particulier. Il a toujours eu, depuis sa création, un statut unique. Il est le seul pays à s’être reconstitué après une interruption d’environ deux mille ans. On ne trouve pas non plus dans l’histoire l’exemple d’un peuple ayant pu se réunir après une telle dispersion.
Récemment encore, le mouvement BDS (Boycott, Désinvestissement, Sanctions) obtenant l’annulation de la production de nombreux artistes américains et européens, notamment Lana Del Ray, à un festival de musique en Israël, nous rappelle à quel point cet État est au centre de nombreuses polémiques.
Une histoire déjà longue
En soixante-dix ans, la situation de l’Etat d’Israël a considérablement évolué. Un roman, Une histoire d’amour et de ténèbres, écrit par Amos Oz, raconte avec beaucoup de délicatesse l’histoire d’une famille en Israël et permet de comprendre de l’intérieur comment la situation a pu se transformer au fil de décennies.
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C’est l’audace de créer un Etat avec des populations venues du monde entier qui frappe dans l’ouvrage. On découvre ainsi une description pleine d’humour de la diversité de ces femmes et de ces hommes venus du monde entier : « Il y avait les dissidents-terroristes, les orthodoxes de Mea Shearim, les communistes « ennemis de Sion », et une pléiade d’intellectuels, de carriéristes, d’artistes égocentriques du genre cosmopolite décadent, d’insoumis originaux, d’individualistes, de nihilistes douteux, de yekes incapables de se débarrasser de leur côté teuton, de toutes sortes de snobs anglicisés, de riches séfarades francisés qui d’ici avaient l’air de majordomes cérémonieux ». Et c’est cette étrange communauté composée de tant d’autres que l’on voit commencer à vivre ensemble, unie par un destin commun et la volonté de retrouver la paix.
Mais assez vite arrive la déception : s’ils ne sont pas exposés aux mêmes dangers qu’en Diaspora, les Juifs ne trouvent pas une véritable paix en Israël et la cohabitation avec les Palestiniens est très compliquée. Pour résumer, l’auteur l’exprime ainsi : « Là-bas, dans le monde, les murs étaient couverts de graffitis haineux : « Sale youpin, va t’en en Palestine », alors nous sommes allés en Palestine et aujourd’hui, le monde entier nous crie : « Sale youpin, va t’en de Palestine. ».
Le peuple « de qui est né, selon la chair, le Christ »
Le Concile Vatican II, dans Nostra Aetate, la déclarations sur les relations de l’Eglise avec les religions non chrétiennes, rappelle que selon saint Paul c’est aux Juifs qu’appartiennent « l’adoption filiale, la gloire, les alliances, la législation, le culte, les promesses et les patriarches, et de qui est né, selon la chair, le Christ. » Ce peuple a donc pour les chrétiens un statut unique. Cela ne signifie pas pour autant qu’il faille se trouver toujours du côté de l’Etat hébreu. Au contraire, la sollicitude du chrétien peut s’exprimer dans la critique bienveillante envers cet Etat qui a un rôle central dans la mesure où il administre les lieux dans lesquels s’est réalisée la révélation chrétienne dans la personne de Jésus.
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Deux ouvrages considérables de Michel Abitbol permettent d’en savoir bien plus pour comprendre cette situation : son Histoire des Juifs : de la Genèse à nos jours et son Histoire d’Israël. Ils permettent d’approfondir plus en détails l’histoire de l’Etat d’Israël et sa place dans l’histoire du peuple juif. C’est probablement la première chose à lire pour le chrétien qui souhaite comprendre la situation de l’Etat hébreu au Proche Orient.