Au XIXe siècle, coiffes et costumes régionaux étaient en vogue. Si le jupon en dentelle, la robe ample et le châle sur les épaules étaient l’apanage des Auvergnates, un autre élément complétait la tenue traditionnelle : le saint-esprit.
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Apparu au XVIIe siècle, le bijou auvergnat appelé saint-esprit connaît son âge d’or au XIXe siècle. C’est un pendentif en or serti de pierres précieuses qui représente une colombe aux ailes déployées descendant vers la terre et comporte à son extrémité trois pendeloques en forme de goutte. Le saint-esprit est porté avec une chaîne en or ou un lien de velours. Il peut également être monté sur un collier esclavage en or, un autre bijou traditionnellement offert par le futur époux à sa promise. Celui-ci est constitué de plusieurs chaînes et de plaques rectangulaires ajourées (il comporte des plaques ovales dans sa forme traditionnelle normande ou bourguignonne).
Un bijou symbolique
Les orfèvres auvergnats se sont vraisemblablement inspirés de l’insigne de l’Ordre du Saint-Esprit qui est une croix de Malte pourvue d’une colombe aux ailes déployées. L’oiseau est associé à la pureté, par sa blancheur et à la fidélité. Il évoque aussi l’amour et la fécondité. Les trois pendeloques du bijou symbolisent les larmes du Christ. Le saint-esprit est un bijou exprimant la foi que le futur époux offre à sa promise. Il va suivre la vie de la personne qui le porte et évoluer avec elle : des éléments peuvent être ajoutés à chaque naissance d’enfants.
Des variantes au saint-esprit existent en Normandie (surmonté d’un nœud et paré de fausses pierres) ainsi que dans le Dauphiné et les Cévennes (plat et sans pierre). D’après les recherches de Jean-Claude Roc, de la société savante Cantal Patrimoine, le saint-esprit du Massif Central est mentionné dans un contrat de mariage pour la première fois à Aurillac, dans le Cantal, en 1638 : un fils de procureur offre quatre robes et un saint-esprit à sa future épouse.
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Si au XVIIe siècle des inventaires d’orfèvres de Murat, Aurillac (Cantal) ou Thiers (Puy-de-Dôme) font état de la fabrication de plusieurs saint-esprit, le bijou semble être réservé aux classes sociales les plus hautes. Ce n’est qu’à partir du XIXe siècle que ce bijou est porté par les classes plus populaires. « Les riches paysannes portent des chaînes d’or, dont les tours nombreux supportent un saint-esprit d’émail, enrichi de pierres précieuse », écrit en 1861 l’historien Henri Durif dans son Guide historique, archéologique, statistique et pittoresque du voyageur dans le département du Cantal. Alors plus répandu, le saint-esprit est porté pour les grandes occasions (mariages, baptêmes, communions…) et pour assister à la messe dominicale. Il figure aussi sur les photographies de famille, porté par les trois générations de femmes (grand-mère, mère et fille).
De l’Auvergne à la capitale
Au cours du XIXe siècle, le saint-esprit semble perdre de sa signification religieuse pour devenir un bijou à la mode : il est fabriqué de façon plus industrielle et à moindre coût. Les pierres précieuses sont remplacées par de la citrine, une pierre semi-précieuse, ou par des imitations. Certains saint-esprits sont même dépourvus d’émail ou entièrement en métal. Le bijou est confectionné jusqu’au milieu du XXe siècle à Aurillac dans le Cantal, ou au Puy-en-Velay en Haute-Loire. Aujourd’hui encore quelques bijoutiers joailliers le fabriquent. Au XXe siècle, le bijou s’exporte aussi à Paris, au Comptoir Joffrin notamment, qui a été créé à Montmartre en 1949 par un bijoutier de Lozère. Un confrère aveyronnais le vend dans le 16e arrondissement de la capitale, tandis que le bijoutier Robert, installé dans le 14e, propose des boucles d’oreilles assorties… Et une « remise de 10 % aux compatriotes » !
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