L’Eucharistie est un sacrement à la fois privé et public. Recevoir le corps du Christ, c’est aussi recevoir l’Église, mais dans l’intimité d’un cœur à cœur qui appelle le silence.
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Certains chrétiens sont parfois surpris que l’acte le plus personnel qu’ils puissent poser, à savoir communier sacramentellement au corps du Christ, et donc communier à la propre personne du Fils de Dieu, se déroule en pleine assemblée, à l’occasion de la célébration eucharistique.
Faire grandir l’Église dans l’amour
Il ne peut pas en aller autrement. D’une part, cela démontre que l’Eucharistie nous est dispensée par l’entremise de l’Église. Certes, c’est Jésus qui se livre à nous. Mais il le fait par les mains de l’Église. D’autre part, la communion est un acte « public » pour la raison essentielle que nous devenons à cette occasion ce que nous recevons : le corps du Christ. Or ce corps, c’est l’Église. La finalité de l’Eucharistie consiste à faire grandir l’Église dans l’unité et l’amour. Une unité dans l’amour : toute autre modalité d’unité serait totalitaire et mortifère. Une unité dans la différence.
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Recevoir Jésus consiste à recevoir l’Amour. Et recevoir l’Amour revient à fortifier la tendance qui nous pousse à aller vers les autres. Il serait contradictoire de cultiver cette tendance en la célébrant dans une cérémonie privée !
Le Dieu caché
Néanmoins, accueillir Jésus en soi, cela relève également de l’intime. L’Eucharistie est le sacrement du Dieu caché, du Dieu qui nous accompagne tout au long des jours de Sa présence discrète. Communier, c’est prendre Jésus au plus profond de soi, l’héberger comme la vie de notre vie. Une vie plus intime à nous-mêmes que nous-mêmes. Seul le cœur à cœur est capable de la saisir dans toute sa profondeur. À cet égard, l’Eucharistie est bien une école de contemplation silencieuse qui cherche Jésus dissimulé sous les apparences de la vie.
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Aux amis de Jésus, l’amour suffit
Pareils aux saints qui l’ont enseveli après le supplice de la croix, après avoir goûté l’Eucharistie, nous sentons la présence cachée de Jésus dans nos existences, sans avoir besoin de le voir opérer de grands prodiges. Jésus n’a fait en effet aucun miracle au Golgotha et au sépulcre : à ses amis, restés au pied de la croix, l’amour seul suffisait. Ici s’impose la référence à ce texte admirable des Pensées de Pascal :
« Jésus était mort mais vu, sur la croix. Il est mort et caché dans le Sépulcre.
Jésus n’a été enseveli que par des saints.
Jésus-Christ n’a fait aucun miracle au sépulcre.
Il n’y a que des saints qui y entrent.
C’est là où Jésus-Christ prend une nouvelle vie, non sur la croix.
C’est le dernier mystère de la Passion et de la Rédemption. »
L’Eucharistie suppléera nos déficiences
Communier revient un peu à retenir Jésus chez soi, à le dissimuler à la foule. Certes, c’est le Ressuscité qui vient habiter chez nous, non le Jésus descendu de la croix. Peut-être sommes-nous d’ailleurs des sépulcres qu’il s’agit de rafraîchir ! Cependant, le Jésus auquel nous communions est également celui qui n’est plus exposé à la foule. Seuls les saints entrent dans le tombeau de Jésus, dit Pascal. À leur exemple, goûtons pleinement la présence cachée de Jésus-Eucharistie.
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Si nous ne le sommes pas encore (saints), la Présence vivifiante, en nous transformant de l’intérieur, nous aidera à le devenir. À ce niveau, l’Eucharistie suppléera nos déficiences. Car contrairement à ce qui se passe avec la nourriture, ce n’est pas nous qui « assimilons » Jésus, c’est lui qui nous change en lui. De même qu’au moment de la consécration de la messe, le pain est transsubstantialisé, c’est-à-dire que sa substance n’est plus celle du pain mais devient la personne de Jésus-Christ, de même lors de la communion nos êtres sont « christifiés », rendus semblables au Christ.
L’exemple de la Pietà
Après avoir communié, seul le silence est à la hauteur d’un tel don. Ici, nous retrouvons cette bipolarité de l’Eucharistie, qui est à la fois sacrement privé et public. Pour illustrer cette caractéristique, aucun exemple n’est plus parlant que celui de la Vierge qui reçut dans son giron son Fils livré et descendu de la croix. Marie, en accueillant le corps du Christ sur ses genoux, est restée silencieuse. Le communiant lui aussi reste en adoration muette après avoir reçu l’Eucharistie, semblable à la Mère sur le Golgotha qui, malgré la soldatesque qui s’agitait autour d’elle, demeurait seule avec son unique. Avec l’Unique du Père. Ainsi, malgré la foule de la célébration dominicale, à l’instar de la Vierge, le communiant est tout à son Dieu après L’avoir reçu sacramentellement.
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Marie fut dépouillée de tout sur le Golgotha. Pareillement, le communiant est livré à cette Présence, qui fait tomber les uns après les autres tous les faux-semblants de son existence. Ce décapage aura des incidences autant pour sa vie spirituelle que dans ses rapports avec les frères et sœurs que la Providence mettra sur son chemin.
Dans l’Eucharistie, Dieu se livre en silence, loin du bruit et de la fureur du monde. N’appréhendons pas que l’affluence de la messe ne gâche notre cœur à cœur avec Lui : il se chargera de trouver le chemin de notre intériorité.