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La colocation… autrement

Lazare Lyon - Mars 2017

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Domitille Farret d'Astiès - publié le 13/09/18
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Pour les étudiants et les jeunes actifs, le mois de septembre rime bien souvent avec la recherche d’un logement. Beaucoup opteront pour la colocation, une manière pratique et économique de se loger. Et si on y ajoutait un peu de sens ?

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Certains étudiants reprennent tout juste le chemin des cours. Pour d’autres, c’est imminent. Et pour d’autres encore, jeunes actifs, cette rentrée sonne l’entrée dans le monde professionnel. À la question des études ou d’un nouveau travail s’ajoute celle, parfois préoccupante, du logement. Et pourquoi ne pas essayer un autre type de coloc ? Coloc intergénérationnelle, avec des personnes de la rue ou au service d’une paroisse, de nombreux formats sont possibles. Focus sur quelques-uns d’entre eux.

La colocation avec des femmes enceintes en difficulté

La Maison Marthe & Marie accueille pour une année des jeunes pros ou étudiantes en fin de cursus qui souhaitent partager un lieu de vie avec des jeunes femmes en difficulté enceintes de leur premier enfant. En général, ces futures mères sont assez isolées et arrivent là suite à deux ruptures : l’une avec le père de l’enfant, l’autre avec leur propre famille. Si l’association porte des valeurs chrétiennes, les mères accueillies peuvent être de toutes confessions. Pendant la journée, chaque maman prend du temps pour penser à la suite de son projet, s’occuper de sa grossesse, de son nouveau-né (elle peut rester dans la colocation jusqu’à un an après la naissance de l’enfant) pendant que les volontaires partent travailler. Celles-ci s’engagent à prier tous les jours. Albane a passé une année dans la Maison Marthe & Marie de Nantes. « Ce que j’ai trouvé hallucinant, c’est que nous arrivions toutes d’univers absolument différents et que nous avons réussi à vivre ensemble. J’ai rencontré ici des jeunes filles qui, avec ce qu’elles avaient traversé (certaines ont tenu tête à leurs parents et se sont retrouvées à la rue), m’ont donné de véritables leçons de courage et de fidélité à des valeurs ». Ici, au-delà d’une colocation, on fait l’expérience d’une « vraie vie de famille ».

Maison Marthe & Marie

© Brigitte Delibes
Albane, volontaire, avec Kathia et sa fille Mila.

La colocation missionnaire

La Casa Anuncio est située sur la bute Montmartre, dans la cité du Sacré-Cœur. « Avant d’être une colocation, c’est une expérience d’une année pour onze jeunes de 20 à 27 ans, afin qu’ils puissent enraciner leurs vies de disciples missionnaires », explique Philippe Vayrac, le responsable. « L’originalité de cette proposition est qu’il s’agit pleinement d’une année pour Dieu, sans être pour autant une année de césure, puisque les jeunes gardent leur activité étudiante ou professionnelle ». La vie commune est rythmée par l’office des laudes, tous les matins, ainsi que par une soirée de prière hebdomadaire. Chaque colocataire est accompagné spirituellement et s’engage à vivre différents temps forts avec le mouvement Anuncio. « Les jeunes organisent régulièrement des soirées Open Casa où ils accueillent leurs amis de fac ou de boulot pour un temps amical dans ce lieu particulier », ajoute-t-il. Blanche, 29 ans, y a passé deux ans. Cette expérience structurante lui a permis de se construire « une vie un peu équilibrée à Paris » et de développer des amitiés inattendues. Pas de doute, l’expérience de cette vie commune est un témoignage fort.


FIRST DAY AT SCHOOL
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Jéricho’loc

Ce collectif s’adresse à des jeunes qui ont envie de trouver dans leur colocation un esprit de stimulation pour grandir dans la foi et devenir des chrétiens engagés. L’idée n’est pas de cohabiter, mais de partager une vie communautaire et fraternelle. Les jeunes vivent sous le même toit et s’engagent à partager un temps de prière hebdomadaire et rendre un service commun (maraude, accueil de personnes isolées, visite à des malades…). Le réseau Jéricho’loc ne propose pas d’appartement ou de bon plan, mais il met en relation des jeunes qui souhaiteraient monter une coloc avec cette inspiration en respectant la charte. Tout jeune peut s’adresser à un réseau existant s’il souhaite former une Jéricho’loc. Le projet existe dans plusieurs villes de France.

La colocation intergénérationnelle

« Les aînés et les jeunes sont l’espérance de l’humanité. Les premiers apportent la sagesse de l’expérience : les seconds nous ouvrent à l’avenir, empêchant de nous refermer en nous-mêmes » (Pape François, La Famille au cœur de l’Église). Ici, le principe est simple. Le jeune est hébergé par une personne âgée (logement gratuit ou loyer modéré selon les contrats) : en échange, il s’engage à lui rendre un certain nombre de services ou simplement à assurer une présence. Une démarche qui est l’occasion de tisser des liens entre jeunes et personnes âgées. L’étudiant peut trouver chez une personne plus vieille que lui une expérience de vie bénéfique, tandis que pour cette dernière, la présence d’un jeune amène de la vie et une simple présence rassurante. Arthur, 20 ans, a fait cette expérience avec ensemble2générations, d’initiative chrétienne. Il donne son témoignage sur le site de l’association : « Je rends avec plaisir des petits services ; l’expérience et l’écoute de Marie-Thérèse, toutes nos discussions, m’aident à me construire ».

GRANDMOTHER GIRL

Konjushenko Vladimir I Shutterstock

La coloc paroissiale

Les colocations paroissiales sont légion. De nombreuses paroisses de l’Hexagone proposent à des étudiants ou des jeunes pros, fauchés ou pas, un loyer à prix raisonnable en échange d’une disponibilité au service de la communauté paroissiale et d’activités pastorales. Pour les Parisiens, on citera notamment les paroisses Notre-Dame des Buttes Chaumont (XIXe), Notre-Dame de la Croix de Ménilmontant (XXe), Saint-Léon (XVe). Jessica en a fait l’heureuse expérience : « Ce qui était trop cool, c’était de vivre avec les gens du quartier sur la paroisse ». Une belle manière de ménager son budget de découvrir la richesse de l’univers paroissial.

La colocation avec des personnes de la rue

L’association Lazare propose à de jeunes actifs et à des personnes de la rue de cohabiter sous un même toit. Dans chaque appartement (non mixte) cohabitent 6 à 10 personnes. À côté de leur travail et de leurs activités personnelles, les bénévoles s’engagent à être présents dans la colocation, disponibles pour la vie fraternelle. Cireg, volontaire à Nantes, témoigne dans une vidéo : « Cela m’apporte une nouvelle façon d’envisager la vie en société. On peut vivre chacun dans son appart, revenir le soir, se mettre devant un film. Au bout d’un moment, je trouve que c’est un petit peu fade. Là, c’est une occasion d’essayer autre chose, d’aller à la découverte de personnalités, d’histoires, de mondes complètement nouveaux. Cela apporte une ouverture d’esprit et développe les qualités humaines d’écoute, de tolérance, de compréhension, d’accueil. Toutes ces qualités, après, elles serviront d’une façon ou d’une autre. C’est très riche ».

De nombreux autres mouvements proposent des expériences de ce type : La Maison d’Unité, Aux captifs la libération, Points-Cœur, réseau MAGIS… Des propositions variées pour faire de la colocation un formidable lieu d’apprentissage de la vie.

Lazare Lyon – Mars 2017

© Élodie Perriot
Lazare Lyon – Mars 2017

 

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