Kolett, Femme au volant, Woman Drive… De nombreuses entreprises de Véhicules de Tourisme avec Chauffeur (VTC) 100% féminins – réservés aux femmes et conduits par des femmes – fleurissent en Ile-de-France. Une tendance révélatrice de l’évolution du rapport entre les hommes et les femmes dans notre société.
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Depuis deux ans, on voit fleurir, à Paris et en Ile-de-France, des VTC conduits exclusivement par des femmes et réservés à une clientèle féminine. Un concept nouveau, révélateur des relations entre les hommes et les femmes, de l’insécurité ressentie par la gent féminine et de l’image de l’homme, fortement abîmée par l’affaire Weinstein. À l’heure où Marlène Schiappa, secrétaire d’État à l’Égalité entre les femmes et les hommes, souhaite faire appliquer une loi contre le harcèlement de rue, les entreprises de transport prennent les devants en proposant des services qui peuvent paraître discriminants à l’égard des hommes.
« Un mauvais signe de l’état des relations hommes-femmes »
Bien qu’un des objectifs affichés du lancement de l’application Kolett, mettant en relation des conductrices et des clientes et disponible à partir du 12 septembre 2018, soit un souci de parité au sein des chauffeurs de VTC aujourd’hui à 95% masculins, l’autre raison mentionnée est la sécurité. Le site de la société entend « garantir à ses utilisatrices un voyage en toute sérénité », et résulte visiblement d’une demande de la part de la clientèle féminine. C’est également le constat effectué par l’entreprise Femme au volant, créée en 2016 : « De nombreuses femmes se sentent plus à l’aise quand leur taxi ou VTC est conduit par une autre femme », peut-on lire sur leur site. La société de transport Woman Drive, lancée en 2017, est encore plus explicite puisqu’elle propose de fournir une course « sans regards indiscrets, questions délicates ou propositions ambiguës ».
Interrogée par Aleteia, Marianne Durano, professeur agrégée de philosophie et auteur de l’essai Mon corps ne vous appartient pas, souligne que ces initiatives révèlent « un mauvais signe de l’état des relations entre les hommes et les femmes ». Claire de Saint Lager, fondatrice d’Isha Formation et auteur de La Voie de l’amoureuse, va même jusqu’à qualifier de folie la cristallisation faite autour des rapports hommes-femmes, qui, depuis l’affaire Weinstein, stigmatise les hommes en général. Les chauffeurs de VTC sont tout bonnement considérés comme des menaces potentielles, alors qu’aucun chiffre ne démontre des comportements de harcèlement plus élevés qu’ailleurs.
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Une réponse commerciale à un problème social
Il existe bel et bien un problème de société lié au harcèlement. Les femmes se sentent menacées, quand bien même elles bénéficient d’un service commercial. « Mais au lieu de prendre à bras le corps la question de la sécurité de la femme dans l’espace public, on s’empare de cette insécurité pour en faire une source de profits », déplore Marianne Durano. « On apporte une réponse économique et technique, via le numérique, à un problème social. » Claire de Saint Lager souligne également l’intérêt lucratif de ces taxis roses qui profitent de la peur ambiante pour développer leurs activités.
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Marianne Durano regrette qu’à force d’avoir dévalorisé la galanterie, vue aujourd’hui comme une forme de domination de la gent masculine sur la gent féminine, une femme fait désormais appel à un service commercial au lieu de bénéficier des prévenances, jugées aujourd’hui désuètes, d’un galant homme. Quant à l’auteur de La Voie de l’amoureuse, elle reste nostalgique d’un temps où « se faire belle » n’était pas, pour la société, synonyme de danger.